« On habite le quartier, on a pris rendez-vous pour Doctolib », témoigne Benjamin, un jeune papa de Montreuil venu faire vacciner son bébé. « Heureusement, il y a cette nouvelle structure. Sinon, il fallait attendre deux mois et partir à plus de vingt minutes d’ici. Il n’y a pas beaucoup de pédiatres autour », note-t-il.
Montreuil fait en effet partie des territoires les plus déficitaires en matière d’offre médicale. Selon les données de l’Agence régionale de santé (ARS IDF), la ville compte 4,6 médecins généralistes pour 10 000 habitants. Pour la deuxième ville d’Ile-de-France, venir au Cap Horn est donc une aubaine, saluée par les élus. « Pour les habitants de Montreuil, et même en dehors de notre ville, la création de ce pôle de santé est une très bonne nouvelle compte tenu de la diversité des disciplines qu’il regroupe et qui font actuellement très défaut en Ile-de-France », souligne le maire PCF Patrice. Bessac.
La ville a également permis d’acquérir un emplacement précédemment utilisé par les services municipaux. « Nous nous sommes opposés au projet de l’ancien propriétaire qui voulait tout raser et construire des locaux d’habitation et d’activités », explique Patrice Bessac.
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Une structure inédite
Avec ses allures de petit hôpital, le Cap Horn se revendique comme le plus grand centre de santé multiprofessionnel (MSP) de France. Au programme : 3 500 mètres carrés de services de soins répartis sur quatre étages. A voir aussi : Vapotage : une étude établit un lien entre cigarettes électroniques et pneumonie. Mais contrairement à un hôpital, il n’y a pas de lits d’hôpitaux.
Trois médecins à l’initiative
A l’origine, trois médecins se sont lancés dans ce projet associatif. « Au départ, on se demandait comment rassembler toutes les spécialités médicales et un plateau technique complet en un seul endroit. Lire aussi : Face au retour des moustiques tigres, une jeune entreprise a créé un nouveau piège pour faire taire le jardin.. Nous faisons presque toute la médecine ambulatoire », explique Baptiste Gérard, l’un des trois co-fondateurs avec les docteurs David Zeitoun et David Marciano.
D’ici janvier, 50 médecins travailleront dans l’établissement (une trentaine travaillent déjà), dont quatre médecins généralistes et trois pédiatres, quatre gynécologues, etc. Une quinzaine d’assistants médicaux y travailleront également. Des consultations sont actuellement ouvertes en gynécologie, cancérologie, neurologie, dermatologie, kinésithérapie, et de décembre à début janvier 2023, ophtalmologie et chirurgie esthétique. « Ça peut être l’épilation au laser, la chirurgie réparatrice, mais aussi un traitement au Botox… Ce n’est pas parce qu’on a 93 ans qu’on n’a pas besoin de ces zones », explique le docteur Baptiste Gérard.
Le Cap Horn a également conclu un partenariat avec le CHU de Montreuil pour l’orthopédie et la neurologie et certaines urgences, ainsi que l’hôpital Avicenne de Bobigny, pour faciliter le délai d’attente de six mois pour les études fonctionnelles respiratoires. .
« Nous nous sommes battus pendant quatre ans et demi. Ça a été long et compliqué car c’est presque un nouveau modèle, même si le statut de MSP existe déjà, mais pas de cette dimension à ma connaissance », poursuit l’urgentiste.
A la sortie du centre, Chloé (26 ans) s’est dite « agréablement surprise par l’équipe de jeunes médecins et l’environnement super agréable ». « Je n’ai rien trouvé de disponible près de chez moi. En plus, ce n’est pas cher », note-t-elle.
Des tarifs en secteur 1
Les tarifs généralistes et urgences sont en secteur 1, tandis que la grande majorité des spécialités bénéficient de l’optam secteur 2 (option tarifaire maîtrisée du cabinet) qui permet au médecin de facturer des honoraires gratuits, avec des dépassements d’honoraires surveillés, avec des débours quasi nuls pour les malades. A voir aussi : Huile essentielle anti-moustique : 6 recettes maison pour éviter les piqûres cette saison.
Montreuil ayant été classé en ZIP+, une nouvelle catégorie de zone d’intervention prioritaire, créée par l’Agence régionale de santé en avril, le Cap Horn a bénéficié d’un soutien aux PME, soit deux aides limitées à 250 000 euros, à la différence que la plupart centrent ce type de zone est généralement dix fois plus petit (300 à 400 mètres carrés).
Bien être au travail
« Plus de 18 millions d’euros ont été investis rien que dans l’achat et la rénovation. Chaque médecin s’est investi dans la mise en place de sa plateforme et dans l’organisation de sa façon de travailler. On partage tout le reste : parties communes, internet, poubelles… C’est comme un appartement médicalisé », résume Baptiste Gérard.
Bien que le défi de recruter des praticiens le rebute, la formation des équipes médicales s’est finalement accomplie plus facilement que prévu. « Nous sommes convaincus que le modèle de l’exercice urbain libéral est l’avenir », se défend le médecin. « Le regroupement des médecins se fait déjà, mais nous apportons aussi un plateau technique et une approche pluridisciplinaire. On mise aussi sur le bien-être au travail avec une salle de sport, des toilettes, un toit, une salle de réunion… Grâce à ça on a pu embaucher en amont. La maison, située rue Gaston Lauriau, est également parfaitement située, à dix minutes à pied de la gare Mairie de Montreuil.
« Merveilleux résultat, livraison ! souligne le Dr Marciano, qui pointe néanmoins la complexité pour les médecins « et non pour les entrepreneurs ». « Nous étions confrontés à beaucoup d’ERP (équipements recevant du public) et de normes de sécurité incendie à gérer », se souvient-il. – Si nous avions connu toutes les difficultés avant, je ne pense pas que nous l’aurions fait.
D’autres initiatives en cours d’essaimage
D’autres projets similaires verront bientôt le jour, notamment à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne) au printemps 2023, dans le 20e arrondissement de Paris, rue Pelleport, et encore à Bagneux (Hauts-de-Seine) fin 2024 ., début 2025.