A quoi doit servir une clinique du sexe ?

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Une nouvelle clinique du genre ouvrira à Bruxelles en 2023. Si le nom sonne inclusif et « ouvert », il reste abstrait. De quoi s’agit-il et à qui s’adresse-t-il ?

On parle de la « première », mais en fait il existe déjà trois « cliniques du sexe » en Belgique (à Gand, Liège et Genk). La quatrième sera construite au CHU Brugmann et sera la première clinique de ce type dans la capitale. Son but ? Offrir des soins médicaux multidisciplinaires à toute personne qui remet en question son identité de genre (pas seulement aux personnes transgenres en transition).

Un réel besoin de société

En Belgique, on estime qu’entre 5 et 6% de la population remet en cause son identité. Ce pourcentage statistique inclut les personnes intersexuées nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne rentrent pas dans les catégories masculines ou féminines. Les personnes transgenres dont le sexe biologique ne correspond pas à leur identité perçue. Lire aussi : Grève des médecins généralistes : les secours débordés…. Personnes non binaires ou fluides dont l’identité de genre évolue dans le temps (femme, homme ou les deux). La portée du lexique ne s’arrête pas là et le centre de conseil en genre s’adresse à toutes ces personnes.

« Nous ne sommes pas qu’une clinique de transition », explique Priam Van Eeckhout, directeur général de l’hôpital Brugmann, à l’initiative de la clinique du genre. « Les personnes qui remettent en question leur identité de genre sont souvent stigmatisées parce qu’elles sont considérées comme déviantes. Notre objectif est de leur offrir un environnement sécurisé avec des médecins de pointe dans diverses disciplines : endocrinologie, hormonothérapie, vaginoplastie, phalloplastie, dermatologie, urologie, gynécologie… le tout dans un hôpital public bilingue au cœur de Bruxelles . Au-delà du cadre médical, il y a une volonté de créer un cadre d’écoute psychosociale, mais aussi d’assistance juridique pour gérer la gestion souvent complexe de ce type de situations.

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Du personnel formé aux transidentités 

Challenge ? Intégrer une prise en charge différenciée pour chaque patient sans jamais tomber dans la stigmatisation. La tâche est d’autant plus périlleuse que la demande est énorme. A l’UZ Gand, 1 000 patients sont sur liste d’attente pour les six prochains mois. A voir aussi : Quimper. Prendre rendez-vous chez le dentiste : le vrai moyen de traverser. « Les patients appellent déjà aujourd’hui pour prendre rendez-vous à Bruxelles », explique Priam Van Eeckhout. « Je pense que le fait que les identités trans deviennent de plus en plus visibles joue un rôle, explique Samantha Warginaire, représentante de l’ASBL TRANS-ition. « On voit de plus en plus de personnalités publiques prendre des responsabilités, comme la ministre Petra de Sutter ou le journaliste de VTM Bo Van Spilbeeck. »

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Mais selon elle, la visibilité claire du personnel formé fait défaut. « Il y a encore beaucoup de médecins et de psychologues complètement fermés à ce sujet ou pas assez formés. Il y a aussi des chirurgiens qui ont fait des transidentités leur métier », explique-t-il. Trouver un bon professionnel de santé se fait donc souvent de bouche à oreille. D’où l’importance d’implantations centralisées, avec du personnel formé mais aussi en nombre suffisant pour répondre à la demande. « Pour une vaginoplastie (qui n’est pas un « must » pendant la période de transition, ndlr), le temps d’attente est d’environ deux ans, explique Samantha. « Les procédures cosmétiques plus classiques, comme l’augmentation mammaire, sont plus rapides. Mais une vaginoplastie est une opération complexe que vous ne voulez aller nulle part. L’Université de Gand a une réputation internationale mais est très demandée car elle attire des personnes du monde entier. »

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Sortir de la psychiatrisation 

Selon plusieurs associations et organisations à but non lucratif représentant les personnes transgenres, fluides ou intersexuées, si elle était largement médiatisée, une clinique du genre ne serait pas la panacée. L’absence d’un accueil vraiment adapté est l’un des problèmes identifiés. « Quand on pousse la porte d’une clinique du genre à Liège, un questionnaire très intrusif d’une cinquantaine de questions apparaît », explique par exemple Samantha Warginaire. Lire aussi : CES 2023 : les meilleures innovations pour les parents et leurs enfants. Un inconvénient que la nouvelle clinique du genre du CHU Brugmann veut éviter, s’inspirant notamment des méthodes des pays anglo-saxons, mais aussi des formations à la clinique de Gand et auprès des associations de patients. Cependant, la question la plus débattue reste celle de la « pathologisation » de la transidentité. Le CHU Brugmann a d’ores et déjà annoncé – et c’est une excellente nouvelle – que la première consultation aura lieu en tandem, avec un endocrinologue et un psychiatre.

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Selon l’asbl Genres Pluriels, la solution est loin d’être suffisante, qui veut une approche « non psychiatrique ». A cet effet, il se réfère notamment à la Convention européenne des droits de l’homme (en passe de devenir « les droits de l’homme », ndlr), qui postule que chacun a le droit de disposer de son corps. « Sur le plan légal, il n’y a pas d’obligation de consulter un psychiatre pour un traitement hormonal ou une chirurgie de changement de sexe ou de changement de sexe », explique Aurore Dufrasne, coordinatrice du réseau psycho-médico-social belge Trans* et Inter*, qui a déjà formé plus de 10 000 professionnels. « C’est juste une question de remboursement. Pour obtenir la convention Inami, comme à Gand et Liège, l’Inami impose une visite chez un psychiatre pour identifier la « dysphorie de genre » qui sous-tend la pathologie mentale, alors que l’OMS à partir de 2019 est obligatoire et donc illégale. « Ce qui ne veut pas dire que ce genre d’intervention ne nécessite pas un accompagnement sur le long terme », rassure-t-il. En plus des cliniques de genre, il existe de nombreux autres lieux d’observation psychosociale ou d’orientation médicale.

Quoi qu’il en soit, les identités trans ne nécessitent pas nécessairement une intervention chirurgicale ou un traitement hormonal. « Une personne transgenre n’a pas besoin de changer de corps pour se sentir plus autonome pour être transgenre », explique Max Nisol, formateur chez Genres Pluriels. « Nous souffrons plus du jugement des autres que de l’éphémère. Les difficultés d’accès aux soins liées à la peur de la discrimination sont également un facteur important de comorbidité. Alors si l’on peut se réjouir que des cliniques du sexe s’ouvrent un peu partout dans notre pays, on espère surtout qu’elles annoncent une nouvelle ère qui balayera les préjugés.

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