Alors qu’il faisait un master d’économie à la Sorbonne, Ayman s’est essayé à la finance. Il se voyait travailler dans la conformité bancaire pour une grande entreprise. Depuis, ses plans ont changé. En mars 2020, alors qu’il est en master 1, il achète une Renault Modus d’occasion pour 5 000 euros en location. D’autres suivront. Et ce qui devait être un complément de revenu est devenu… une activité professionnelle à plein temps.
Le jeune homme de 24 ans s’est jeté à fond dans l’incident avec Pierre, un ami qui travaillait à l’époque dans une agence immobilière. Le duo loue ses véhicules sur Getaround (anciennement Drivy) et OuiCar, deux plateformes de location de véhicules entre particuliers leaders sur le marché français. Les conducteurs peuvent y louer des véhicules pour quelques heures, jours ou semaines. Parmi les propriétaires inscrits sur ces sites, on distingue deux profils : ceux qui louent leur véhicule personnel qu’ils n’utilisent pas quotidiennement pour amortir le coût d’acquisition et d’entretien, et les autres, comme Ayman et Pierre, qui achètent des véhicules sans conduire. . avec eux, pour faire du profit.
Ils sont basés dans différentes villes. Très vite, ils se rendent compte qu’il y a une forte demande et ils augmentent leur flotte. Aujourd’hui, ils ne comptent pas moins de 22 véhicules (citadines, utilitaires et breaks) et ambitionnent d’atteindre 34 véhicules d’ici l’été. « On n’imaginait pas que ça pouvait avoir autant de succès », sourit Pierre, 28 ans, qui a fait des études pour retravailler dans la promotion immobilière. Pour les soutenir, ils emploient une assistante administrative à temps partiel.
Des boîtiers connectés pour une gestion allégée
Leurs véhicules stationnent à Brest, Quimper, Limoges, Poitiers, Orléans, Dijon, Besançon… Si cette logistique est possible, c’est grâce aux boîtiers de raccordement que proposent les quais. Celles-ci permettent aux locataires de déverrouiller le véhicule avec leur smartphone, de récupérer les clés et de les restituer en fin de location sans croiser personne. Sur le même sujet : Pouvez-vous assurer une voiture qui n’est pas à votre nom ?. De quoi offrir une grande flexibilité, dont n’ont pas forcément les agences de location traditionnelles.
Bien sûr, ce service a un prix. Un boîtier de connexion Getaround coûte 19 euros par mois et par véhicule – frais pour les propriétaires. Pour en profiter, le véhicule doit, entre autres, avoir moins de 10 ans et moins de 150 000 kilomètres au compteur. Chez OUICAR, comptez 29,90 euros par mois pour une box.
Si ces cases tronquent leurs revenus, le duo y trouve son compte. « Ça nous permet une gestion relativement passive », encouragent Pierre et Ayman, qui doivent encore sillonner la France pour nettoyer leurs véhicules une fois par semaine. Ils peuvent désormais compter sur l’aide du frère d’Ayman, Mehdi, un fonctionnaire, qui les a rejoints.
Lúcás, 34 ans, préfère ne pas remettre le coffre et les clés. Il peut se le permettre car ses 15 véhicules sont concentrés dans la ville sœur de Toulouse, proche de chez lui.
Il est également engagé dans son activité de location. A ses débuts en 2019, il était chef de projet dans l’aéronautique et souhaitait générer des revenus complémentaires. Retraité à l’été 2020 en pleine pandémie, il a décidé de s’y consacrer avec sa femme, qui a quitté son emploi de standardiste.
Des sous-locations de voiture
Leurs voitures sont louées sur OuiCar, Getaround, et un site créé par le couple. « Vous faites suffisamment de bénéfices pour pouvoir vivre décemment », déclare Lúcás. Ceci pourrez vous intéresser : BMW investit dans Alitheon pour sa solution d’authentification et de traçabilité des pièces. Je gagne à peu près la même chose que dans mon emploi précédent, et ma femme, un peu plus. Et d’ajouter : « A la différence que maintenant, on gère notre temps, nos investissements qu’on a une meilleure qualité de vie. »
Pour y parvenir, ils ont puisé dans leurs économies et réinvesti tous leurs revenus dans de nouveaux véhicules. Mais tout le monde ne loue pas de voitures sur des plateformes.
Emile, un promoteur de 27 ans basé à Paris, n’avait pas assez d’économies pour acheter cinq véhicules comme il le souhaitait. Il a donc trouvé une société de leasing qui loue des voitures pour… les louer.
Il paie 250 euros par mois pour chacune des cinq Volkswagen Polo à louer. En plus il y a 100 euros pour le stationnement à Paris et en banlieue et 150 euros pour l’assurance par véhicule. Cela représente un coût d’environ 500 euros par mois et par véhicule. « Je les loue 50 euros par jour. Au bout du 11ème jour de loyer, l’argent rentre dans ma poche comme ça. Sur un an, il vise 15 000 euros de bénéfice avec cinq véhicules, soit 3 000 euros par voiture. Il envisage de développer sa flotte et de la posséder, afin de « gagner suffisamment de revenus pour embaucher quelqu’un pour s’en occuper ».
Fiscalité et contraintes
Bien sûr, la fiscalité érode la rentabilité. Les propriétaires qui louent des véhicules doivent déclarer les revenus qu’ils en tirent à des fins fiscales. Sur le même sujet : Combien vaut votre voiture? un scanner géant estime son prix. A partir de 8 227 euros par an, ils doivent déclarer leur activité (sous le statut du régime général, en tant que micro-entrepreneur ou en tant que travailleur indépendant) et payer des cotisations sociales.
Et cette activité nécessite une certaine logistique. Emile passe l’aspirateur sur tous ses véhicules au moins une fois par semaine. Il doit également reverser les amendes qu’il perçoit aux conducteurs et se rendre régulièrement au garage, en cas de panne ou de dégradation de la carrosserie. L’assurance de Getaround et OUICAR, incluse dans la commission de 10% qu’ils prélèvent sur le prix affiché par les loueurs, lui permet de réparer ses véhicules sans problème.
En cas d’accident grave, les véhicules ne pourront être remis en circulation et pourront être mis au rebut. C’est arrivé à certaines des voitures de Lúkás, dont les occupants ont eu un accident. « Dans ces cas-là, nous devons acheter une voiture immédiatement avec nos économies et attendre que l’assurance la rembourse, ce qui prend en moyenne un mois et demi. Mais si tu n’as pas de trésorerie, tu es en panne de trésorerie pendant plusieurs semaines… » Autre chose à retenir : contrairement à l’immobilier où un vendeur immobilier peut faire un profit à la revente, les voitures voient leur valeur diminuer.
Certaines personnes évitent d’acheter des véhicules qu’elles n’utiliseraient pas beaucoup
Malgré ces limites, ce type d’investissement est attractif. Tom, un vendeur de 22 ans, s’est lancé à l’été 2021. Il dispose de trois véhicules achetés pour un total de 28 000 euros et loués dans le Vaucluse. « Je n’avais pas assez pour investir dans l’immobilier et cela s’est avéré être un bon investissement ! » Elle génère environ 600 euros de bénéfices chaque mois. Outre l’enjeu financier, il insiste sur le fait que cet investissement est perçu comme réaliste : « Nous empêchons certains d’acheter des véhicules qu’ils utilisent peu. »
Quelque chose qui lui donne la tranquillité d’esprit dans ce métier : pouvoir faire marche arrière facilement si la rentabilité baisse. « Il suffit de sortir les véhicules des plateformes en quelques clics et de les revendre. Mais ce n’est pas opportun. Pour le moment, le jeune homme espère augmenter sa flotte… pour lui aussi, pourquoi pas en vivre.