Affaire Grégory : Liaisons, enfants illégitimes, balançoire…

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Dans l’affaire Grégory, les épisodes se succèdent sans se ressembler depuis près de 40 ans, et tout semble possible, sauf, peut-être, la manifestation de la vérité.

On compte sur les doigts d’une main les personnes qui ont été mises en examen pour le meurtre du petit garçon, retrouvé mort à Vologne un soir d’octobre 1984. Mais ensuite il faut plier exactement le même nombre de poings : au final ils ont été tous rejetés, pour plusieurs raisons.

Le premier à bénéficier du doute, dans les premières phases de l’affaire, a été Bernard Laroche, qui est apparu comme le principal suspect durant les premières semaines de l’enquête. Mais il est sorti le 4 février 1985.

Christine Villemin, le lynchage de la mère

Son acte d’accusation n’a pas encore été infirmé, mais le juge Lambert n’est plus convaincu de sa culpabilité, notamment après l’infirmation de sa belle-sœur, Murielle Bolle, qui a accusé les gendarmes de lui avoir extorqué de fausses déclarations lors de l’interpellation policière houleuse. Lire aussi : Caterina Murino, La maison d’en face : « J’ai trouvé osé que M6 aborde le sujet de l’échange de partenaires dans une fiction ». . Jean-Michel Lambert veut creuser une autre piste : celle de la mère infanticide.

Après le fiasco de Murielle Bolle, les gendarmes de Lépanges ont été écartés de l’enquête, et c’est le SRPJ de Dijon qui reprend le dossier à bonne distance. Ils en sont convaincus : c’est Christine Villemin qui se cache derrière le meurtre du petit. Sinon, pourquoi une mère laisserait-elle son fils jouer dehors, même si la famille était menacée depuis près de deux ans par un ignoble corbeau ?

De nouvelles compétences vont bientôt arriver pour les accompagner dans leur thèse.

Le « petit juge » a en effet mandaté six experts en écriture pour analyser la fameuse lettre de dénonciation du crime, reçue par les parents Villemin le lendemain du meurtre. L’avocat de Murielle Bolle, Me Jean-Paul Teissonnière, rappelle leurs conclusions à l’époque.

L’enfer du couple Villemin

Le jour où les expertises sont rendues publiques, Christine et Jean-Marie sont dans la voiture lorsqu’une rafale radio les informe des résultats. « Elle est enceinte de jumeaux. Et là, elle commence à perdre tellement de sang qu’elle est choquée par ce qu’elle entend à la radio, nous raconte Patricia Tourancheau, auteur de Grégory – La machination familiale (éd. A voir aussi : Poitiers : un médecin et un couple échangiste sont incarcérés pour pédophilie et inceste. Seuil). Jean-Marie Villemin , donc, il l’emmène à la clinique, où il perd l’un des deux enfants.Il est au plus profond du désespoir, il est furieux et ne sait plus à quel saint se vouer.

Le même jour, le père de famille se rendit sur la tombe de son fils, jurant de venger sa mort.

De leur côté, les avocats du couple demandent un deuxième avis. Les nouveaux experts arrivent à la même conclusion : il est fort probable que Christine Villemin soit l’auteur de la lettre contestant le crime.

Il se murmure également que l’autopsie du garçon n’était pas terminée, et donc que certaines traces n’ont pas pu être mises en évidence, notamment des coups ou des strangulations.

« Cette polémique sur l’autopsie a été lancée peu après, notamment pour accréditer la thèse accusant Christine Villemin d’être l’auteur du meurtre de son fils », note Étienne Sesmat, capitaine de la gendarmerie d’Épinal, qui a mené l’enquête jusqu’en février 1985.

Grégory, noyé dans sa baignoire ?

« Il y avait eu des thèses dans l’air que Grégory s’était noyé dans sa baignoire, c’est complètement grotesque ! Alors que l’autopsie avait été faite, et qu’il n’y avait aucune trace de coups, de viols, il a été prouvé qu’il était mort d’une combinaison de noyade par hydrocution et suffocation : quand il était dans l’eau il était conscient mais sûrement il avait été étouffé, rendu inconscient peu de temps avant d’une manière ou d’une autre… L’autopsie était claire là-dessus, elle a révélé des choses que nous voulions, il n’y avait pas de problème de ce côté-là », a déclaré le nous assure l’ancien gendarme. Voir l’article : Sites de rencontre : conseils pour se démarquer.

Christine Villemin, condamnée par sa beauté ?

Mais pour celui qui a ensuite repris l’enquête en février 1985, le commissaire Jacques Corrazzi, quelque chose clochait dans le comportement de la mère : elle était « trop ​​belle » pour une femme en deuil. C’est du moins ainsi que l’ancien policier se confiait aux caméras de Netflix en 2019, dans le documentaire Grégory, diffusé sur la plateforme :

35 ans plus tard, la séquence, de prétendu sexisme, n’a pas manqué de faire sensation. Christine et Jean-Marie Villemin ont été particulièrement choqués et indignés par ces propos, eux qui pensaient avoir déjà souffert dans cette affaire. « Ils ont été choqués par ces observations faites tant d’années plus tard », avait témoigné à l’époque l’avocate du couple, Marie-Christine Chastant-Morand. « Comme si la justice dépendait d’une façon de s’habiller… M. Corazzi s’arrête à son enquête, pourtant remise en cause depuis », a-t-il ajouté. Le couple était toujours heureux de voir l’indignation du public suite aux propos de l’ancien policier. « Je leur transmets les témoignages de soutien que je reçois et ils sont satisfaits et soulagés de voir que des personnes honnêtes et raisonnables ont des réactions saines », avait confié au journal un autre conseiller du couple, Io Thierry Moser. Il a estimé que le documentaire « remet les pendules à l’heure sur le rôle odieux que M. Corazzi a joué dans cette affaire ».

« La femme de Jean-Marie Villemin n’était pas exactement victime de commérages mais surtout de jalousie : elle était sexy, bien habillée, élégante… », commente Patricia Tourancheau pour Planète.

Dans la famille on la surnomme « la pimbêche », et on ne la trouve pas assez maternelle avec son fils. « Elle l’a très peu embrassé, contrairement aux autres mères. Elle a profité de chaque occasion pour donner Grégory à Jean-Marie. […] Elle s’est débarrassée de lui », a également déclaré Monique Villemin aux enquêteurs.

Sublime, forcément sublime

Quoi qu’il en soit, le magistrat Lambert ordonne, le 5 juillet 1985, la mise en examen de Christine Villemin, 24 ans. La jeune femme enceinte a passé 11 jours en détention provisoire avant d’obtenir une libération conditionnelle, dans l’attente de son procès.

Il n’en faut pas plus, en ce moment, pour faire de Christine Villemin la femme la plus suspecte de France. Marguerite Duras verse également dans le lynchage en publiant, le 17 juillet 1985, une tribune qui fait sensation dans Libération, qui se conclut par ces mots, restés dans les mémoires : « Sublime, forcément sublime ». L’écrivain, en quelque sorte, accuse la mère en justifiant son « crime » par l’oppression patriarcale et le piège de la maternité.

« C’est complètement dingue, cette tempête médiatique, tout le monde s’en est mêlé ! On a traîné cette mère dans la boue, jusqu’à Marguerite Duras, on a entendu et vu des choses énormes et incroyables… », regrette Étienne Sesmat.

« La police voulait avoir un regard opposé sur tout ce qu’on avait fait, démonter notre travail et montrer qu’on avait tout fait de travers et que la mère était coupable. Et puis, quand Bernard Laroche a été assassiné, il n’a pas c » C’était plus, donc ça devait absolument être elle ! Ils se sont mis en quatre pour la faire avouer », ajoute l’ex-flic.

Pour cet homme, qui leur était proche, les Villemin ont vécu l’enfer.

En décembre 1986, alors que son mari est en prison dans l’attente de son procès pour le meurtre de Bernard Laroche, Christine Villemin est renvoyée devant la cour d’assises pour le meurtre de Grégory. Cependant, la décision est annulée en mars 1987. Mais ce n’est qu’en 1993 que la mère de famille est totalement disculpée et que la justice ordonne le non-lieu pour « absence totale de charges ».

« Aucune des 36 charges accumulées progressivement contre elle par la police de manière parfois malhonnête, aucune n’a été retenue par la justice », pointe Étienne Sesmat au Planet.

Mais le buzz incessant autour de l’affaire est loin d’être terminé.

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Grégory, fruit de l’adultère entre Christine et Bernard ?

Le couple Villemin n’est pas le seul à vivre quelques vagues dans la vallée de la Vologne. De l’autre côté de l’arbre généalogique, Bernard et Marie-Ange Laroche sont loin d’être heureux. « Ce n’est pas vraiment un match d’amour », a déclaré Patricia Tourancheau à propos des deux tourtereaux. Pourtant, dans son livre Les Larmes oubliées de la Vologne (éd. l’Archipel), la veuve de Bernard Laroche tient un tout autre discours.

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Elle écrit qu’elle a rencontré son mari par l’intermédiaire d’un ami commun. « Après, on s’est revus plusieurs fois, mais toujours en présence d’amis. Puis, il y a eu notre premier rendez-vous en tête-à-tête et la délicieuse confirmation que c’était pour toujours », déballe Marie-Ange. Lors de leur mariage le 8 mai 1976, la jeune femme avait 19 ans et Bernard venait de fêter ses 21 ans.

« Il est réputé comme coureur, et elle a aussi eu, je pense, d’autres aventures », révèle toutefois Patricia Tourancheau, qualifiant Bernard Laroche de « lapin chaud ». Lors d’un mariage, ce dernier aurait même fait des avances à Christine Villemin, fiancée à sa cousine. « Il lui donnait des coups de pied sous la table, il la taquinait et visiblement elle n’a pas donné suite », résume l’auteur.

Grégory, victime d’un sacrifice : la rumeur macabre

Un épisode que Marie-Ange évoque très tôt dans son livre, lorsqu’elle décrit sa deuxième audition devant les gendarmes dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Grégory Villemin. Il relate un de ses échanges avec un agent, qui se serait déroulé comme suit :

Gendarme – Est-il vrai que votre mari a fait des avances à Christine Villemin alors qu’elle était encore fiancée ?

Marie-Ange Bolle – C’est quoi cette histoire ? Mais d’où tenez-vous tous ces ragots ?

Gendarme – Ce n’est pas une commère, madame. C’est Christine Villemin elle-même qui nous a raconté la scène. Votre mari lui aurait donné un coup de pied sous la table lors d’un repas de famille. Elle le refuserait et changerait de siège pour qu’il la laisse tranquille. Un homme rejeté par une fille peut lui en vouloir à vie, et on sait jusqu’où il peut aller pour se venger. Bien sûr, si l’histoire est vraie…

Marie-Ange Bolle – Vous avez raison de poser la question. Je connais mon mari, j’ai une confiance totale en lui. Je n’en crois pas un mot. On ne sait même jamais ce qui se passe dans la tête d’une femme.

Sur ces mots, Marie-Ange Bolle rentre chez elle, bien décidée à affronter son mari. Dans un éclat de rire, Bernard Laroche lui aurait soufflé : « Si un jour je te trompe, ce sera avec une femme plus belle que toi. Et, à mes yeux, il n’y en a pas. »

Mais voilà : ces rumeurs ne se contentent pas de supposer que Bernard a fait les yeux doux à Christine lors d’une soirée. Dans les couloirs du SRPJ de Dijon, et bientôt dans toute la France, la rumeur a fait sensation : les deux protagonistes auraient eu une liaison, faisant du petit Grégory un autre bâtard de la famille Villemin.

« Certains n’ont pas hésité à noircir Christine Villemin et mon mari en murmurant qu’ils avaient été amants et amants et que Grégory était le fruit de cette union adultère, qu’ils étaient complices de sa mort. En le sacrifiant, ils se sont libérés du fruit de leur péché », articule-t-elle alors Marie-Ange Laroche dans son livre. D’où pourrait venir une telle invention ?

Le mystère du routier

« Dans l’enquête, en effet, cet élément a été exploré grossièrement, et les enquêteurs ont remonté jusqu’à un automobiliste qui affirmait avoir vu Christine Villemin avec Bernard Laroche à la sortie d’une forêt », explique Patricia Tourancheau.

« Il y a eu une enquête très, très poussée pour retrouver ce type, et effectivement c’est l’homme qui a vu l’ours, qui a vu l’ours, qui a vu l’ours… C’était faux, d’un côté, que Bernard Laroche et Christine Villemin aient pu ont eu une histoire d’amour, et a fortiori Grégory n’était pas le fils illégitime de Bernard et les analyses ADN l’ont montré », insiste le journaliste.

De son côté, Thibaut Solano, auteur de La Voix Rauque (éd. Les Arènes) estime plausible que les digressions autour de l’affaire présumée soient dues aux enquêteurs. « Je ne serais pas surpris d’apprendre qu’ils ont été propagés par la police, car ils favorisent la piste Christine Villemin, et au final, elle était de mèche, peut-être, avec Bernard Laroche », examine-t-il.

« Il y avait beaucoup d’entrées dans ce dossier concernant d’autres enfants illégitimes, et au final toutes les analyses ADN qui ont été faites, parfois post-mortem, ont montré que chaque enfant a grandi avec ses vrais parents », ajoute Patricia Tourancheau.

Dans ces gosses où tout le monde est le secret de quelqu’un, les commérages sont à l’ordre du jour. Parmi les théories qui éclaireraient le mobile du crime de Bernard Laroche, certaines mettaient en avant la bonne santé de Grégory plutôt que celle de son propre fils, Sébastien.

Sébastien Laroche, l’enfant malade

Selon nos informations, le premier enfant Laroche, âgé de quatre ans au moment des faits, était une cause de discorde au sein du couple. Sept mois après la naissance de Sébastien, le pédiatre de la famille a annoncé aux parents que leur enfant souffrait d’un kyste à la tempe droite, qui empêchait la circulation normale du liquide céphalo-rachidien dans le cerveau de l’enfant.

Une anomalie causée, lors de l’accouchement, par l’utilisation de forceps pour faciliter l’accouchement. Sébastien est condamné à vivre avec une valve derrière l’oreille et un cathéter relié à sa vessie. « Par exemple, il ne pourra pas entrer en maternelle à 3 ans contrairement à Grégory, quand sont-ils, combien, à un mois d’écart ? Ces difficultés font que cela alimente encore les problèmes, les inquiétudes et les mésententes au sein du couple », rapporte Patricia Tourancheau.

Son orgueil ému, Bernard Laroche était considéré comme « très susceptible » sur tout ce qui concernait son fils. A tel point que lors d’un dîner de famille, lui et sa femme ne se parlent pas tout au long du repas. Une ambiance électrique remarquée par les autres membres de la table, dont Ginette Lecomte, épouse de Michel Villemin.

Entre deux disputes, Ginette demande ce qui se passe avec Marie-Ange. Cette dernière confie qu’elle avait exprimé à son mari le désir d’avoir un deuxième enfant, qui aurait refusé, lui disant qu’il ne partageait pas ce désir car elle n’était pas en mesure de lui en donner un « normal ».

Une version de l’histoire que la mère de famille ne partage absolument pas dans son livre. Au contraire, Marie-Ange suggère un mari et père de famille réussi, fou de joie à l’idée d’accueillir une nouvelle tête blonde chez les Laroche. Il voulait une fille : ce sera un garçon, qu’il ne connaîtra jamais. Marie-Ange lui donnera le nom de son père, Jean-Bernard.

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L’enfance de Bernard Laroche, sujet de tous les fantasmes

Dans le colossal arbre généalogique des Villemin, nul n’est épargné par la calomnie et les enfants ne dérogent pas à la règle.

Dès son plus jeune âge, Bernard Laroche a vu son identité au centre de tous les fantasmes. Les rumeurs d’illégitimité fleurissent ici aussi : Thérèse, sa mère, meurt en couches en lui donnant naissance et son père, Marcel, confie son éducation entre les mains de ses grands-parents maternels, Léon et Adeline Jacob.

Bernard est très souvent accueilli par Monique et Albert, où il passe ses journées à se faire passer pour Thierry la Fronde avec ses cousins ​​Jacky, Michel et Jean-Marie. « Bernard Laroche, c’était un bon garçon. Je le pense encore aujourd’hui. Il a été élevé par mes parents. ans », confiait Monique Villemin à Jean Ker en 1985 dans Paris Match.

Bernard Laroche, « bâtard » lui aussi ?

Au décès de Marcel en 1982, Monique Villemin a nettoyé la ferme familiale. « Il découvre une lettre que Thérèse, sa sœur, avait écrite », nous apprend Patricia Tourancheau.

Si personne ne sait vraiment ce que contient cette missive, elle ne tarde pas à devenir prétexte à de nouveaux commérages.

« Évidemment, Monique a déduit des soupçons sur le vrai père de Bernard. Mais comme je l’ai dit précédemment, tout cela a été analysé et Bernard Laroche était bien le fils de son père », poursuit le journaliste. Thibaut Solano complète : « On ne sait pas ce que Thérèse y a écrit, il est possible que ce soit des mots du genre : ‘S’il m’arrive quelque chose, occupe-toi de Bernard…’ Mais le fait de ne pas savoir ce qu’il y avait dedans lettre a suscité de nombreuses spéculations ».

Dans l’ancienne orangerie de ses grands-parents Jacob, Bernard a également grandi avec Marcel, son oncle. Des années plus tard, les deux amis sont restés très proches, et sont également voisins. « Jacqueline et Marcel Jacob habitaient à côté de Bernard Laroche, à environ 800 mètres, c’était la maison à côté de la maison violette, celle des Jacob, ils étaient sur les hauteurs d’Aumontzey. Ils étaient très proches et travaillaient ensemble à l’usine,  » explique Patricia Tourancheau.

Et dans la vallée, la ferme des orangers et la maison violette ne sont pas les seules maisons à garder des secrets.

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Violences conjugales, bâtards et échangisme : les autres secrets de la famille

La violence se serait-elle immiscée dans toutes les maisons de Vologne ? Chez les Villemin, l’effusion de sang d’Albert est connue, et son fils, Michel, serait tour à tour brutal avec sa femme Ginette. Même Jacky lèverait un jour la main sur sa femme Liliane alors que cette dernière venait de faire une fausse couche, l’accusant d’avoir « volontairement perdu l’enfant ».

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On raconte que parmi la fratrie, seuls Jean-Marie et Christine, unis et plus « modernes », différaient du modèle matrimonial qui semblait régner dans la région à l’époque. « Ils vont vivre à Lépanges, plutôt qu’à Aumontzey, confie Thibaut Solano. Ce n’est pas loin, mais il y a cette symbolique de s’évader un peu, et culturellement ils se promènent aussi un peu, ils sont dans une société de consommation américanisée. dans leurs références, c’est comme si les autres, au contraire, se condamnaient à vivre dans le ‘passé' ».

Les violences conjugales, un passage rituel ?

Mais tout n’est pas rose pour le jeune couple. Croire que le poids de l’héritage passe aussi par les sentiments. Un jour, écrit Patricia Tourancheau dans son livre, Jean-Marie et Christine se disputent violemment, pour une bagatelle. Le mari lance à sa femme : « Tais-toi ou je te gifle » ! Christine rétorque : « Allez-y ! ». Et la gifle s’en va.

La jeune femme ne perd pas de temps : elle fait aussitôt ses valises et met les voiles. Elle ne finira pas comme sa belle-sœur, sa belle-mère et bien d’autres femmes de la région.

Pendant tout un après-midi, Jean-Marie, rongé par les remords, la cherche partout dans le village. Il finit par la retrouver deux jours plus tard chez sa mère à Laveline-devant-Bruyères. Il s’excuse et Christine revient. Mais elle ne reviendra pas deux fois si Jean-Marie lève à nouveau la main vers elle.

Dans la famille Villemin, l’incident fait grand bruit, mais pas pour les raisons qu’on pourrait imaginer. Les femmes du clan s’offusquent, en effet, que Christine ait eu la braguette pour si peu : il n’y avait vraiment rien qui faisait tout un plat d’une « petite claque ». Croire que la violence conjugale est un passage rituel, obligatoire, coutumier… Tout comme l’adultère ?

La Vologne, un nid de « bâtards », croasse le corbeau

L’histoire du corbeau à cet égard, en tout cas, est très claire : les femmes sont toutes infidèles, et Vologne est un nid de « salauds ».

Tout le monde y va : les enfants de Monique, Bernard Laroche ou encore Jean-Marie Villemin sont nés hors mariage, mais aussi, plus surprenant… le fils de Michel Villemin, Daniel. A cette époque, l’enfant avait 3 ans, comme Grégory.

Dans une interview accordée à Paris Match, en septembre 1985, Albert Villemin raconte : « A Michel, il avait aussi dit : ‘Ton fils, il n’est pas comme toi, il est de Popof (Laroche)’. Et mon fils lui a dit : ‘Tu font une grosse erreur. Mon fils, c’est vraiment un Villemin' ».

Un « incident » entre Bernard Laroche et Ginette Villemin

C’est que l’oiseau était peut-être au courant de cet « incident », datant de 1979, évoqué par Thibaut Solano dans La Voix Rauque. Ce soir-là, la famille se retrouve chez Michel et Ginette. L’alcool coule à flots, l’ambiance est festive. Michel Villemin, fatigué, se couche tôt.

Bernard Laroche en profitera plus tard pour inviter Ginette à danser. Au milieu de leur étreinte, il lui murmurait : « Je t’aime… Je t’aime depuis longtemps.

La jeune femme abasourdie finira par raconter la scène à son mari quelques jours plus tard. Michel, vert de rage, aurait décidé de tirer un trait sur son cousin, qu’il considérait encore comme un frère. La querelle ne dura cependant pas longtemps et les deux amis finirent par se réconcilier autour de plusieurs verres.

Lors de son audition en garde à vue le 31 octobre 1984, Bernard Laroche mentionne l’incident :

Bernard Laroche – En début d’année, mais je ne me souviens plus du jour, Michel Villemin est venu me voir. Il était très contrarié car il venait de recevoir un coup de téléphone lui disant que j’étais le père de son enfant.

Gendarme – Que lui avez-vous répondu ?

Bernard Laroche – Auquel j’espérais que vous n’aviez pas cru un mot. Et Michel Villemin m’a répondu qu’il me faisait confiance.

Gendarme – Y avait-il quelque chose entre vous et Ginette Villemin ?

Bernard Laroche – Rien, jamais. Pour en revenir au coup de fil, je pense que c’était quelqu’un qui devait bien me connaître puisqu’il m’a dit : « Popof est le père de ton enfant ». Je ne suis connu que dans la famille. Au travail on m’appelle « Cailloux ».

Monique Villemin, gardienne des derniers secrets ? 

Mais les rumeurs n’ont pas fini de déchirer la famille. En septembre 1985, le corbeau, silencieux depuis le lendemain du crime, reprend son service et envoie une nouvelle lettre à Albert et Monique Villemin.

« Je te tuerai encore, à la famille Villemin. Prochaine victime : Monique. » peut-on lire sur la missive. Il faut dire que la matriarche est aussi au centre des intrigues, sans que personne ne sache vraiment pourquoi.

Depuis son entrée en service, le mystérieux corbeau de Vologne n’a cessé de le pointer du doigt. Il distille cependant un fait : « la Monique » en sait bien plus qu’elle ne veut en révéler. La preuve : il n’a même pas eu le courage de dire à son fils Jacky qui était son vrai père.

Pour Patricia Tourancheau, « dans le langage du corbeau, Monique, c’est la putain, la mariée-couchée là-bas. Il y a beaucoup d’insultes sexuelles et de compagnie contre Monique. »

Monique Villemin serait avant tout la gardienne des derniers secrets du clan, et non moins importante. Le dénominateur commun de tous les protagonistes, de tous les scandales. Il a passé sa vie à défendre tous ses enfants : Jacky, Michel, quand ils ont été accusés par Jean-Marie d’être à l’origine des agissements tordus du corbeau.

Elle a même soutenu Bernard Laroche, qui était « comme un enfant » pour elle. Et puis, Monique est prise dans un certain conflit de loyautés. Il doit aussi défendre son clan, les Jacobs.

« Elle le sait, mais elle a peur de la vérité, ta mère », raille un jour le corbeau en échangeant avec Jean-Marie.

Après la mise en examen de sa belle-fille, Christine Villemin, Monique et son mari Albert se sont portés partie civile. On raconte que la belle-mère a même « sauté de joie » en apprenant l’interrogatoire de la mère de Grégory. L’inverse est difficile à encaisser pour Jean-Marie, qui s’éloigne de ses parents.

Lors de son propre procès, pour le meurtre de Bernard Laroche en 1993, elle a exhorté ses parents en pleine cour à retirer le masque et à tout avouer. Il jurera qu’il n’a rien à dire, que la famille sait déjà tout. Vraiment ?

« Je pense que Monique savait certaines choses sur le crime de Grégory, elle aurait pu faire certaines révélations, mais elle ne l’a pas fait pour des raisons qui lui appartiennent », a déclaré Me Thierry Moser, avocat de Christine et Jean-Marie Villemin, à l’AFP en 2020. .

Ses secrets, quels qu’ils soient, l’ont suivie jusque dans sa tombe. Monique Villemin est décédée des suites du Covid-19 le dimanche 12 avril 2020 à l’Ehpad Baccarat (Meurthe-et-Moselle). Il avait 88 ans.

Les Jacob, un couple échangiste ?

Plusieurs paires d’yeux ont également été attirées vers un autre couple depuis le début de l’affaire, même s’il a fallu de nombreuses années pour que la justice s’y intéresse sérieusement. Ce sont les Jacob : Marcel, frère de Monique Villemin, et sa femme, Jaqueline. Ils habitent sur les hauteurs d’Aumontzey, à quelques mètres de Laroche.

On sait dans la famille que Marcel, l’homme fort, ne porte pas Albert dans son cœur. Et visiblement le syndicaliste ne fait même pas partie des admirateurs de son fils « prodige », Jean-Marie.

En 2017 ils sont surtout au centre d’un deus ex machina qui enflamme la presse et déchaîne à nouveau les passions, 33 ans après le meurtre du petit Grégory.

En juin de la même année, M. et Mme Jacob sont mis en examen pour « enlèvement » et « enlèvement suivi de mort ». Jacqueline est soupçonnée d’être derrière une partie de l’écriture du corbeau, et le motif du crime de haine résiderait dans le ressentiment persistant que Marcel nourrissait contre les hommes de Villemin. Et puis, le couple était très proche des Laroche : le scénario d’un crime multiple est esquissé.

Dans les médias, c’est le grand déballage. On essaie de découvrir qui sont ces deux personnages, restés jusqu’ici dans l’ombre de l’histoire, et on démasque les rumeurs sur leur vie privée.

Marcel et Jacqueline, 72 ans en 2017, se seraient d’abord fâchés avec leur fille unique Valérie pour des raisons obscures. Cette dernière témoignera dans la presse, racontant son enfance auprès de parents timides et autoritaires, adeptes de l’échangisme… et absents.

En 1991, Jacqueline aurait quitté le domicile conjugal pour roucouler avec un amant. Finit par revenir. Selon la fille, persuadée que les parents partagent un lourd secret qui les rend en fait inséparables, Marcel aurait pu la faire chanter pour la récupérer.

Des conneries, pour Me Frédéric Berna, l’avocat de Jacqueline Jacob.

Echangistes, peut-être, mais coupables ?