« J’ai beaucoup appris aujourd’hui ! Des papiers administratifs affichés devant elle, Soilihi regarde, le sourire aux lèvres, le tableau récapitulatif de son parcours professionnel affiché sur un grand écran d’ordinateur.
Malgré des dizaines de lignes décrivant imparfaitement son parcours professionnel, sa situation est désormais claire : plus d’un dernier rendez-vous dans les dix jours pour rassembler les dernières pièces de son dossier, et elle ouvre les droits à la retraite dès ce mois de juillet.
Le futur retraité a pu remédier au manque d’information ou aux idées reçues sur le sujet en créant une « réunion retraite ». Depuis 2020, entre fin juin et début juillet, l’assurance retraite et l’Agirc-Arrco ont ouvert leurs agences, plateformes téléphoniques et sites internet pour assurer l’accès aux droits à la retraite. Accès qui ne va pas de soi et qui peut conduire à un non-recours.
Sommaire
Renseigner les années manquantes

Une demi-heure plus tôt, le visage de Soilihi n’affichait pas le même calme, lorsqu’un conseiller l’accueillait au Centre d’information, de conseil et d’accueil des salariés (Cicas) de Saint-Denis. Ceci pourrez vous intéresser : Essai Indexia (ex-SFAM) – Vos questions, nos réponses. Au terme de son an d’indemnisation du chômage, cette effervescente sexagénaire n’a pas compris pourquoi les organismes sociaux la renvoyaient vers ses homologues de la retraite, l’obligeant à déclencher ses droits à la retraite lorsqu’elle voulait reprendre une activité professionnelle.
L’Humatinale

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« Nous allons faire le point ensemble sur votre parcours et mettre à jour les trimestres où il manque des informations », rassure aussitôt Catherine Beau, de l’autre côté du bureau. Lorsque les années manquantes ont été remplies, le bon nombre d’enfants à charge ajoutés, à chaque fois que de nouveaux trimestres ont cotisé, la conclusion s’impose : « Je vous recommande de faire une demande de retraite », argumente les régimes complémentaires de l’Agirc-Arrco. Vous remplissez toutes les conditions pour l’être sans que cela vous empêche de reprendre une activité, puisqu’il n’y a pas de conditions de ressources pour vous. »
Le voyage de Soilihi est désormais sur les rails et les différentes caisses vont, à quelques jours d’intervalle, déclencher leurs premiers versements. Pourtant, l’habitant de Villeneuve-la-Garenne aurait pu faire valoir ses droits à la retraite il y a deux ans.
Un exemple qui n’est pas exceptionnel. « Les personnes qui poussent les portes de l’agence ont souvent entendu parler des accords de retraite via le bouche à oreille ou via des mesures sociales. Il n’est pas rare de constater que quelqu’un aurait pu voyager deux ou trois ans plus tôt. L’Arrco existe, qu’ils y ont contribué et qu’ils ont des droits. »
À 70 ans, un tiers des assurés n’ont pas fait valoir tous leurs droits à pension

Ce que Catherine Beau observe dans son centre Cicas, la famille Drees a tenté de quantifier en 2019 dans une étude sur la tranche d’âge 1942. A 70 ans, pas un tiers des assurés n’ont fait valoir tous leurs droits à la retraite. A voir aussi : Nos idées pour compléter vos revenus en toute légalité. Solidarité. 7% des assurés nés en 1942 n’ont liquidé aucune des pensions de vieillesse auxquelles ils avaient encore droit.
« Certains assurés ne peuvent pas entreprendre ces démarches pour diverses raisons : méconnaissance des procédures, oubli des droits à la retraite acquis lors de courtes ou longues périodes d’emploi, déménagement dans un autre pays, etc., analyse le Dres. Ils sont alors dans une situation de manque de Cette non-utilisation des droits à pension n’est pas définitive, puisqu’un assuré peut y prétendre jusqu’à son décès. »
Si le nombre de personnes exerçant leurs droits n’est pas négligeable, leur pénurie représente de petites sommes, pesant la DREES, de l’ordre de 40 euros bruts mensuels sur une pension moyenne de 1450 euros bruts.
« La cotisation est un sujet majeur, c’est la base démocratique du système »
L’Assurance retraite et l’Agirc-Arrco tentent de remédier à la situation en organisant leur journée portes ouvertes annuelle jusqu’à mardi. « La retraite souffre d’une image de complexité, sédimentée par des rumeurs, ouï-dire, mélanges d’informations prises à l’infini sur des pages de références et autres baroques. Le sujet est absolument technique : on parle de salaire net et brut, de remplacements, de délais de caution, assimilés, trimestres, CSG « Notre objectif est d’informer le plus possible, en agence et par téléphone, pour toucher tout le monde. », résume Renaud Villard, PDG de l’assurance retraite, qui couvre près de 36 millions d’assurés.
La majorité des 40 000 entretiens attendus au cours de cette semaine concernent des personnes proches de l’âge de la retraite, qui formalisent des choix de vie à court terme. Mais les quadragénaires et quinquagénaires passent aussi à l’étape des 360 points d’accueil qui participent à l’opération pour envisager des choix apparemment plus lointains, mais qui ont des conséquences sur des projets à long terme, comme les crédits immobiliers.
« En apportant des réponses individuelles, ces rencontres rétablissent la confiance collective dans ce bien commun qu’est le système de répartition auquel les Français sont très attachés. Nos conseillers se basent sur les besoins personnels et sécurisent les projets de vie qui leur sont exposés. Ce faisant, ils donnent du sens au système, notamment aux plus jeunes qui entendent injustement qu’ils n’auront pas droit à une retraite plus tard », plaide François-Xavier Selleret, PDG de l’Agirc-Arrco, des régimes complémentaires tels que 25 millions de salariés et 1,7 million d’entreprises cotisent chaque année, dont 13 millions de retraités perçoivent chaque mois des prestations complémentaires.
Cet effet significatif n’est pas secondaire pour son homologue du régime général, Renaud Villard : « La cotisation est un sujet majeur. C’est la base démocratique du système et la garantie de sa pérennité. Or, on voit que le discours d’évitement revient , par le développement de l’usage d’activités et de lieux de travail qui véhiculent l’idée qu’en se déclarant entrepreneur on ne se prive d’aucun de ses revenus par l’État ou la renaissance.Ce serait très utile, alors que leur projet de pousser le recul de l’âge légal de la retraite de 62 à 65 ans s’accompagne de baisses de cotisations qui fragilisent la pérennité du système salarial.