Sa voiture ne passe pas inaperçue. Et pour cause, Claudie roule depuis des années en cabriolet Peugeot 205 Roland-Garros, très recherché par les collectionneurs. Ou plutôt conduit. Car malgré lui, cet habitant de Balma, une ville de l’agglomération toulousaine, a dû investir dans un véhicule beaucoup plus récent pour se conformer à la Zone à faibles émissions (ZFE) de la Ville rose. Depuis le 1er janvier, les Crit’Air 4, 5 et non classés, c’est-à-dire l’essence mise en circulation avant 1997 et le diesel avant 2006, sont interdits dans la quasi-totalité de la ville.
Une dépense dont cette gouvernante aurait bien pu se passer. « Ma 205 aura trente ans à la fin de l’année et deviendra une pièce de collection. En attendant, j’ai dû acheter une voiture pour aller travailler à Toulouse », raconte-t-il.
Peu de Crit’Air 1 et 2 d’occasion à prix abordable
Comme des centaines d’automobilistes inquiets, il a surfé sur Internet en fin d’année dernière pour trouver une perle rare : une Crit’Air 2 abordable. « J’ai pensé mettre 5 000 euros, mais je n’ai rien trouvé. Mon mari et mon fils regardaient aussi les garagistes et les petites annonces, mais tout le monde faisait la même chose et les particuliers vendaient trop. Ceci pourrez vous intéresser : Série d’été – Comment va … Volkswagen. J’ai payé 9 000 euros pour une voiture neuve, mais elle date de 2011 et a beaucoup de kilomètres. A 64 ans, j’ai dû y dépenser toute une partie de mes économies, c’est injuste », fustige-t-il.
Des automobilistes confrontés au même problème que Claudie, Jean-Luc Bressolle, directeur du site de SN Diffusion Toulouse, distributeur et agent de voitures neuves et d’occasion, en a vu beaucoup dans ses locaux ces derniers temps. « Nous avons de plus en plus de demandes de personnes à la recherche d’un Crit’Air 1 essence ou d’un Crit’Air 2 diesel à moins de 5 000 euros. Ce sont des gens avec un petit budget qui nous demandent quelque chose qui n’existe pas », raconte un homme qui vend des véhicules depuis plus de trente ans.
L’implantation de ZFE à Toulouse est en effet passée à un phénomène né de la crise du Covid-19. « Le secteur automobile a été touché par la pénurie de semi-conducteurs. Aujourd’hui, les usines tournent encore au ralenti et cela affecte les ventes de véhicules neufs car nous ne connaissons pas les délais de livraison. Comme aucun nouveau marché n’est proposé, il y a autant de personnes qui ne mettent pas leur véhicule d’occasion en vente, et donc le marché des véhicules à moins de 5 000 euros est épuisé. ZFE complique ce phénomène car ils sont encore plus nombreux à demander Crit’Air 1 et Crit’Air 2 », note ce spécialiste.
Explosion des prix sur le marché de l’occasion
Si vous avez la chance de trouver un véhicule d’occasion éligible à rouler dans la ZFE avec un budget raisonnable, cet objet est rare même pour un peu plus cher. Patrick, propriétaire d’une ancienne Golf Crit’Air 3, a récemment cassé l’embrayage. Lire aussi : Selon l’assouplissement de l’interdiction de réglage moto. Compte tenu du coût qu’il a dû payer pour le réparer et des nouvelles restrictions du ZFE, il s’est dit qu’il investirait dans un nouvel hybride japonais.
« Le concessionnaire m’a dit qu’au mieux il serait livré en fin d’année, début d’année prochaine. Parfois ils n’avaient rien sur les mêmes critères. Je suis allé chez un concessionnaire de véhicules d’occasion à Lavaur et il m’a dit que beaucoup de gens à Toulouse est venu le voir pour les raisons Crit’Air ZFE pour chercher des voitures d’occasion. J’ai regardé sur un site de petites annonces en ligne et j’ai trouvé une voiture de 40 000 km pour le même prix qu’une neuve, c’est dingue », raconte le quinquagénaire Les prix de l’occasion sont en hausse depuis deux ans. Après avoir augmenté de plus de 40 % en 2021 %, ils ont tout de même grimpé de 19 % au quatrième trimestre 2022, selon l’observatoire La Centrale, jusqu’à ce qu’Argus doive réviser ses notes pour être en adéquation avec le marché.
« Je peux me le permettre, mais qui ne peut pas, comment fait-il ? demande Patrick. Il n’est pas le seul à avoir fait ce constat. Pierre Chasseray, le principal délégué de l’association nationale des 40 millions de conducteurs, a entendu des centaines de témoignages de ce genre lorsqu’il a entamé son tour de France pour parler de la ZFE, surtout en période d’inflation.
« Le problème, c’est que ZFE va bientôt toucher la moitié de la flotte. Mais il faudrait plus d’une décennie pour se mettre à niveau, c’est tout simplement impossible. Au 1er janvier 2025, dans un peu moins de deux ans, toutes les villes de plus de ne pouvoir rouler en Crit que sur les ZFE « véhicules Air 1 et 2. Toutes les métropoles qui veulent le mettre en place plus tôt veulent acheter une image environnementale, mais la vignette Crit’Air n’est pas une pollution des véhicules, mais une classification par âge », rappelle ce défenseur des chauffeurs.
Un marché pour les Crit’Air 3 hors des agglos
Et pour certains, il s’agit même d’un contresens écologique, car toutes les vieilles harpes juives sans autocollant jaune ou violet auraient pu rouler encore de nombreuses années. Ils sont toujours recherchés. « Les voitures de 15 ans se vendent même très bien. Lire aussi : De quels documents ai-je besoin pour vendre ma voiture ?. Les gens les abandonnent dans les grandes villes, et ça intéresse ceux qui vivent en dehors de ces zones à faibles émissions, plutôt à la campagne ou dans les petites villes », souligne Laurent Hérail, président du groupe Surplus Recycling du Tarn, spécialisé dans les pièces détachées. ainsi que des véhicules remis à neuf.
S’il y a quelques années, les gens ne voulaient pas se tourner vers ses voitures réparées, aujourd’hui ils trouvent preneurs sans difficulté. Certains y voient un moyen d’accéder à un véhicule récent et abordable tout en faisant quelque chose pour la planète. Mais il n’y en a pas assez pour satisfaire tous ceux qui ont besoin d’une voiture au quotidien.
« Le gouvernement devrait repousser d’un an l’échéance des EPZ partout. Nous avions indiqué que cela poserait problème, et je pense qu’il n’a pas mesuré l’impact », poursuit Laurent Hérail, qui est également le représentant régional des ventes automobiles Mobilians et syndicat des services.
Alors que beaucoup réclament son report, d’autres espèrent que le concept même de la vignette Crit’Air sera revu et amélioré. Pierre Chasseray, composé de 40 millions de conducteurs, continuera donc à faire pression pour faire évoluer les règles. Il espère que le « certificat de conformité aux exigences environnementales », qui pourrait classer le véhicule selon la pollution lors du contrôle technique, sera inclus dans le projet.