Avortement : Paul Milliez, le témoin courageux qui a bouleversé le procès de Bobigny en 1972

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Il y a cinquante ans, le procès de Bobigny ouvrait la voie à la dépénalisation de l’avortement en France. L’avocate Gisèle Halimi y a obtenu grâce pour la femme mise en cause grâce à l’engagement de ce professeur de médecine. Un acte de courage qui allait à l’encontre de ses convictions catholiques.

Il fut l’un des héros méconnus du procès de Bobigny. L’un de ses « grands témoins » qui a témoigné le 8 novembre 1972 a eu un grand impact et – peut-être – a influencé l’opinion du tribunal vers la décision historique de clémence concernant quatre femmes impliquées dans l’avortement. « Un humaniste extraordinaire », a déclaré l’avocate Gisèle Halimi, qui sait ce qu’a coûté cette professeure de médecine, catholique fervente, profondément hostile à l’avortement, venue témoigner dans ce procès destiné à torpiller la loi de 1920 interdisant l’interruption de grossesse. . « Un chevalier, se souvient Bernard Kouchner, impérial et fraternel, sincère et terriblement humain. Il savait qu’il paierait cher son engagement à Bobigny. Mais comme toujours, il a choisi le courage. Et nous autres, jeunes médecins, avions une admiration infinie pour lui. Robert Badinter en a aussi un souvenir clair : « Milliez ! il a dit. Cet homme intrépide, ne sert toujours que la cause ! C’est un chrétien de gauche qui sait combien l’humanité souffre et souffre. Je le sens comme un frère d’esprit. »

C’est le professeur Jacques Monod qui a conseillé à Me Halimi de contacter Paul Milliez. Révolté par l’histoire de Marie-Claire Chevalier, violée à 16 ans et dénoncée par son viol à la police pour avoir avorté, le prix Nobel de physiologie et médecine avait en effet décidé de soutenir l’avocate dans sa volonté de travailler, à partir de cette affaire . , « tribunal de l’avortement ». Le procès n’aura pas seulement pour but de défendre les accusés (la jeune fille, sa mère et trois « complices » de l’avortement), mais aura pour objectif d’ébranler la société dans son ensemble, de provoquer le débat, d’ébranler les consciences, de briser l’interdiction de l’avortement et de dénoncer la législation en vigueur. Une expérience qui va obliger les pouvoirs publics à faire face à un phénomène qui touche chaque année près d’un million de Françaises et fait de nombreuses victimes. Une expérience qui montrera l’hypocrisie d’un système où les plus riches courent sans problème, au prix de voyages à l’étranger ou de séjours dans des cliniques privées, tandis que les plus pauvres, soumis aux « anges créateurs », risquent leur vie et. affronter le supplice de la justice. Bref, un procès politique est nécessaire. Le mot ne fait pas peur à Gisèle Halimi. La loi est son instrument, sa marque de fabrique de l’insubordination, et son métier d’avocat est un levier pour changer le monde.

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