Un marché lucratif pour les produits dérivés du cannabidiol (CBD) attire les vendeurs de tabac contraints de se diversifier par la baisse de la consommation de tabac.
Contraints de se diversifier en raison de la baisse du tabagisme, les vendeurs de tabac se précipitent sur un marché lucratif ouvert par le conseil d’État : la vente de fleurs et de feuilles de chanvre infusées au CBD. « Il y a une demande des consommateurs, une économie à satisfaire : nous serons acteurs » de ce marché, a déclaré à l’AFP Philippe Coy, président de la Confédération des vendeurs de tabac.
« L’interdiction (de vente) de fleurs et de feuilles a été levée (…) pourquoi s’abstenir de ce commerce ? Il n’y a plus d’obstacle à la commercialisation des produits CBD« , ajoute-t-il. Deux jours plus tôt, le Conseil d’Etat, saisi en référé par divers acteurs du secteur, avait suspendu « provisoirement » l’interdiction annoncée par le gouvernement le 30 décembre sur la vente et la consommation de fleurs de chanvre contenant du cannabidiol (CBD). molécules psychotropes du cannabis, et une décision sur le contenu dans six à dix-huit mois.
La décision a plu à 1 500 magasins spécialisés, mais aussi 6 000 à 7 000 buralistes – sur un total de 23 500 – qui vendent des produits au CBD, et appellent leur confédération à être plus proactive. Lundi soir, il a conseillé à ses membres de « rester prudents » dans un « contexte volatil », sur le plan juridique et sanitaire.
Un milliard d’euros par an
« La Confédération colle aux quatre fers, c’est vraiment très hermétique sur ces produits », qui sont crédités de vertus relaxantes, s’indigne Éric Hermeline, buraliste dans le Gers, créateur du grossiste spécialisé Bural’zen et président de buralistes en colère. « J’ai un buraliste rural : je vends des balles de chasse, du matériel de pêche… le tabac représente 70 % de mon chiffre d’affaires, puis il y a la vente de jeux à gratter, de billets de loterie. Ceci pourrez vous intéresser : Cannabis : les magistrats inversés… et de produits CBD : trois médecins, un ostéopathe. , physiothérapeute et vétérinaire me réfèrent des clients », dit-il.
Estimé à un milliard d’euros par an pour l’ensemble de la filière, de la production à la vente, ce marché attire les vendeurs de tabac qui manquaient depuis quelques années au marché de la cigarette électronique, couvert à 70% par les magasins spécialisés. Ils se sont diversifiés lentement, se considérant principalement comme buralistes (monopole représentant 21,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont ils perçoivent 8,1 % de commission), mais offrent aujourd’hui d’innombrables services : bar, restaurant, presse, perception des impôts, gestion de comptes bancaires en nickel, réception paquets…
Cependant, « si vous voulez compenser la perte de volume des ventes de tabac liée à la hausse de la fiscalité, de la contrebande et des achats transfrontaliers, il vous faut encore des produits à marge », précise Éric Hermeline. « La collecte des impôts ne rapporte que 1,5 euros, moins si l’usager paie avec une carte de crédit ». Pour Charles Morel, président de l’Association des professionnels du CBD, le gouvernement français « dit le contraire de ce que disent l’Organisation mondiale de la santé, la Cour de cassation et le Conseil d’État : il commence à faire beaucoup ».
Débat juridique

En novembre 2020, la Cour de justice de l’Union européenne, au nom du principe de libre circulation des marchandises, a jugé illégale l’interdiction du CBD en France, qui est autorisée dans d’autres pays européens. Elle pensait que le CBD n’avait « aucun effet néfaste sur la santé » et ne pouvait être considéré comme un stupéfiant, contrairement à son jumeau à forte dose de THC, la molécule psychotrope du cannabis. Lire aussi : Fermes filmées 24h/24 : la technologie au service du bien-être animal. La Cour de cassation de France a emboîté le pas en juin, statuant que tout CBD produit légalement dans l’UE peut être vendu sur le territoire français.
En revanche, pour la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildeca), l’interdiction est justifiée « pour des raisons de santé », puisque le CBD, qui « agit sur la dopamine et la sérotonine dans le cerveau (…) peut avoir des effets psychoactifs ». sédation et somnolence » ou interagissent notamment avec « des médicaments tels que les antiépileptiques, les anticoagulants ou les immunosuppresseurs ».