Macron joue avec les écureuils avant l’hiver. Il est allé en Algérie faire le plein d’essence pour éviter les pénuries quand le froid arrive. En Belgique, le prix de l’électricité a presque doublé et en France, le prix du mégawattheure est passé de 85 euros à 1 000 euros en un an. L’énergie deviendra un produit de luxe. A ce stade, la prochaine étape sera le retour des tickets de rationnement.
Toutes nos activités nécessitent une consommation d’énergie. Pour écrire cet éditorial j’ai dû allumer un ordinateur qui fonctionne à l’électricité produite par les centrales nucléaires, pour me rendre au journal, j’ai utilisé un véhicule qui consomme des énergies fossiles non renouvelables, pour faire du café pour l’ensemble de l’éditorial personnel, j’ai tourné sur une cafetière électrique également alimentée à l’uranium, au supermarché, je prenais un camembert exposé en rayon réfrigéré 24h/24, et pour retirer de l’argent je tapais les clés d’un guichet automatique pendant le service jour et nuit, toute l’année. Sans oublier que pour amener cette électricité chez vous, vous devez mettre en place d’énormes infrastructures, telles que des lignes à haute tension, des transformateurs, des tonnes de cuivre pour les câbles, et même du plastique pour entourer et isoler les millions de kilomètres de fils qui arrivent chez vous.
Tous les objets qui vous entourent ont été créés en consommant de l’énergie. Pour produire des pièces de métal, il fallait brûler du combustible pour le faire fondre, le façonner et même le souder. Même le clavier sur lequel j’écris ce texte nécessitait, pour être travaillé, de l’énergie pour façonner ses touches en plastique dans les presses et faire fondre l’aluminium du support.
Alors, multipliez toute cette énergie nécessaire à la fabrication des objets, même les plus modestes, de votre quotidien, par des milliards d’individus qui ont le même mode de vie que vous sur terre, et vous comprendrez le piège dans lequel nous sommes tombés. depuis des décennies.
Aujourd’hui Macron parle de sobriété énergique. En quelques semaines il va falloir passer de l’abondance à la sobriété. Dans les années 1970, on installait chez les particuliers des radiateurs qu’ils consommaient comme grille-pain, et personne ne s’en souciait, car cela légitimait le développement du parc nucléaire. Avec le nucléaire, nous pourrions consommer de l’énergie sans limite. Maintenant, on nous dit que les centrales nucléaires françaises sont à bout de souffle. Mais le problème n’est pas seulement celui des moyens de production, c’est aussi celui de la consommation elle-même. Les politiques commencent enfin à comprendre que les solutions technologiques ont atteint leurs limites et qu’il faut arrêter d’espérer des solutions miraculeuses qui viendraient de l’industrie ou de la science. Alors ils se tournent vers les humains, pour leur dire exactement le contraire de ce qu’on leur dit depuis plus de cinquante ans. Enfin, vous ne pourrez pas consommer indéfiniment de cette façon. Pétrole, gaz, terres rares ne sont pas comme les sources d’un fleuve qui se renouvelle et ne tarit jamais. Cette comparaison n’est plus bonne non plus, car les rivières et les ruisseaux s’assèchent également par manque de pluie. Le gaz algérien que tout le monde détruit et que la France vise pour passer la chaleur de l’hiver se tarira aussi un jour, comme le pétrole d’Arabie saoudite et le gaz de schiste du Canada. Mais cela, ce sera aux prochains Présidents de la République de le gérer, et ils se passeront la patate chaude tout au long du XXIe siècle.
Rassurez-vous : un jour nous trouverons de nouvelles réserves de gaz et de pétrole quelque part dans le monde, au pôle Nord ou au pôle Sud, n’est-ce pas ? Les Américains veulent retourner sur la lune pour voir s’il y a quelque chose à exploiter. L’humanité est coincée dans un ascenseur au 250e étage d’un gratte-ciel. Surtout, ne paniquez pas. En fait, nous avons appelé les services d’urgence. Quelqu’un fera quelque chose pour nous sortir de là. Non ? •