Le Télégramme : Le vase vendu 9 millions d’euros samedi 1er octobre était jusqu’ici stocké en Bretagne. Pourquoi cette région ?
Jean-Pierre Osenat : C’est un vase ayant appartenu à un collectionneur parisien. Il y avait beaucoup de meubles et d’objets anciens. Sa fille en a hérité, puis sa petite-fille. Un jour, ce dernier décide d’aller vivre dans une maison en Bretagne, à Saint-Briac-sur-Mer (35). Elle a emporté avec elle tous les meubles de la famille. Puis, il y a 15 ans, elle a choisi de vivre dans les DOM-TOM. Elle a préféré laisser tous les meubles en Bretagne. Au fil des années, elle réalise qu’elle ne reviendrait plus vivre dans sa maison de Saint-Briac-sur-Mer. C’est pourquoi elle nous a contactés pour vendre tous les meubles aux enchères, y compris le vase chinois.
Ce vase suscitait-il une appétence particulière avant la vente ?
Absolument! Dès que l’annonce est parue, elle a pris des proportions considérables : nous avons vu arriver dans nos bureaux des dizaines et des dizaines de collectionneurs asiatiques, venus avec des lampes et des loupes pour examiner le vase. Il y avait tellement d’acheteurs potentiels que nous avons préféré limiter la vente en demandant un acompte de 15 000 € pour pouvoir participer aux enchères. Ceci pourrez vous intéresser : Nettoyer les tuyaux de chauffage à la maison : 5 étapes pour le faire soi-même en toute sécurité !. Les enchères en ligne ont également été bloquées, pour éviter que le navire ne se rende à un acheteur sans garantie.
Le vase a été expertisé entre 1 000 et 2 000 €. Il s’est finalement vendu 9 millions. Comment expliquer une telle envolée ?
Les experts pensaient qu’il s’agissait d’une copie, datant du XXe siècle, et d’une valeur comprise entre 1 000 et 2 000 €. Nous avons donc commencé avec un prix de départ de 1 000 €. Mais si le prix final a augmenté si haut, c’est parce que les acheteurs ont estimé que le vase était beaucoup plus ancien, du XVIIIe siècle. Il arrive très souvent, dans l’art chinois, qu’il y ait des écarts entre l’estimation et la vente finale. Voir l’article : Professeur de l’école Thomas à La Réunion prend une « bouffée » d’un élève de 9 ans : donne l’alerte aux parents.. D’autant plus que les Chinois ne voient pas les objets asiatiques comme les Occidentaux les voient.
De plus – et c’est la deuxième explication de l’augmentation – les collectionneurs asiatiques ont vu un sceau de Qianlong, un empereur chinois du 18e siècle, sur le vase. Il est une personnalité sainte pour eux. Ce n’était donc pas pour tout le monde. Le fait que le vase soit en parfait état et qu’il ait un décor de dragon et de nuage – très recherché par les acheteurs chinois – a accru l’intérêt pour l’objet.
Enfin, si les enchères ont monté si vite, c’est qu’il y a eu une bataille entre 30 acheteurs. Cette concurrence entre acheteurs, la surenchère, est l’essence d’une vente publique. 100 000 €, 200 000 €, 500 000 €… Quelqu’un a même crié « 2 millions ! » « . C’était fou ! Quand le montant a atteint 5 millions, il restait au moins une dizaine d’enchérisseurs. Seulement à partir de 6 ou 7 millions, il n’en restait plus que deux. Ils se sont alors battus.
Avez-vous souvenir d’autres ventes similaires, où le prix s’est emballé ?
Déjà, il faut dire que ce vase chinois est la plus grosse vente aux enchères de l’année en France. C’est aussi un record pour un objet chinois : il n’a jamais été vendu à ce prix. Pour moi, cette vente est aussi devenue un record. Ceci pourrez vous intéresser : Soyez conscient de ces pièges lors de la vente de votre propriété!. J’ai déjà vendu le sabre de Napoléon à la bataille de Marengo en 1800 pour 4,2 millions d’euros en 2007. Il était initialement évalué à 200 000 euros.
Que sait-on de la vendeuse ?
C’est une dame qui vit très modestement, elle m’a dit qu’elle était en short toute la journée ! Elle sera certainement submergée par le montant. Elle m’a dit qu’elle avait toujours ce vase avec elle, qu’elle y mettait des fleurs depuis 30 ans sans jamais penser qu’il pouvait valoir autant d’argent. Elle pourrait très bien le vendre 500 ou 1 000 € à son voisin ou à un antiquaire du coin. Désormais nous la soutenons psychologiquement, comme une gagnante de loterie, car elle a eu du mal à intégrer qu’elle a gagné une telle somme.
[RÉSULTAT] Vase vendu 9 M€
Une vente qui restera dans les annales d’@OsenatSVV : estimée à 2 000 euros, un grand vase Tianqiuping en porcelaine et émaux polychromes, proposé sans indication de date, a été disputé jusqu’à 9,12 millions d’euros et remporté par un acheteur chinois ! pic.twitter.com/s81LwtzKiZ
Que va devenir le vase ?
Il sera remis à son nouveau propriétaire [c’est un Chinois qui a gagné le pari par téléphone, ndlr], lorsqu’il aura versé l’argent. Je suis convaincu que le vase ne restera pas sur une commode, dans un appartement privé, mais qu’il finira dans un musée.