Tout commence au sous-sol de la tour avec notre guide, Vincent Boulard, chef du service exploitation et maintenance des bâtiments du Département de la Seine-Maritime. Avant d’ouvrir une porte, il nous glisse « nous sommes justement sous la cafétéria… » Mais ici l’ambiance est moins festive… Nous sommes accueillis par le soufflet des ordinateurs qui tournent à plein régime. Ils sont équipés d’un logiciel qui permet d’animer les lumières de la tour. Le but du logiciel est de « traduire » une image ou une photo en « _point_s » qui sont en fait les 648 LEDS de la tour. N’importe quelle image peut faire l’affaire, mais Vincent Boulard reconnaît que cela fonctionne souvent mieux sur des formes géométriques, comme des drapeaux.
« Un drapeau ukrainien, ça nous a pris dix minutes. Le drapeau anglais, deux jours »
La tour est donc équipée de 648 LED dernier cri, réparties sur deux faces, soit 324 chacune… Cela peut sembler un peu vu la hauteur du bâtiment… C’est que la structure même de la bâtiment permet de transformer chaque source lumineuse en halo. La face externe étant constituée de petits cubes de béton, une LED placée à l’intérieur va se refléter sur les murs et ainsi prendre une plus grande dimension pour l’oeil extérieur du passant…
« Pour reconstituer la couleur, on utilise un système de mélange des couleurs avec une dose de rouge, une dose de bleu, une dose de vert… comme sur votre télévision ! »
On monte plus haut dans la tour, au vingt-quatrième étage grâce à un « ascenseur panoramique »… Euphémisme pour un petit ascenseur en verre rouge… Capricieux !
Une super remontée, quand il fait beau, quand il ne pleut pas et quand il n’y a pas de vent… à soixante kilomètres à l’heure de vent, ça s’arrête !
On atterrit dans un étage d’archives : des étagères grises pleines de cartons qui forment des couleurs austères… Mais à la fin, on ouvre les volets et on voit les fameuses LEDS posées dans leurs cubes de béton. Et au milieu des parchemins, on respire l’air frais de Rouen.
L’avantage de cet appareil est qu’il est très économique : chaque façade consomme 4000 Watts par heure, c’est-à-dire… L’équivalent de trois fers. Pas de panique donc, rassure Vincent Boulard.
Nous montons dans notre ascenseur vitré pour terminer notre ascension de la tour départementale des Archives. Dernier arrêt : « le bouchon » c’est-à-dire le dernier étage de la tour. On découvre un balcon qui fait le tour… de la tour. Et des projecteurs qui perfectionnent l’éclairage nocturne en mettant en valeur le dernier étage.
La vue sur Rouen n’est vraiment pas désagréable, surtout au crépuscule. Pas question cependant de prendre l’apéritif car le balcon n’est pas ouvert au public pour des raisons de sécurité et d’usure.
Vincent Boulard se bat ici contre les éléments : vent, pluie, foudre qui usent le bâtiment… Et contre des ennemis moins prévisibles : les pigeons. Un vrai enfer.
« Ils mangent les câbles électriques, ils grimpent sur tous les équipements, ils mordent, ils griffent les installations… Son illumination préférée ? Celui du drapeau anglais ! Il espère la revoir un jour, malgré le Brexit.