Comme annoncé précédemment, la Journée internationale de la jeunesse est célébrée ce vendredi 12 août 2022. Dans la commune de Ratoma, des activités sont prévues au centre des jeunes Nongo pour célébrer les jeunes et exposer leurs difficultés face à une situation complexe. Cela a été rapporté par le directeur municipal de la jeunesse, des sports et de la culture de la municipalité de Ratoma.
Dans un entretien accordé à Guineematin.com, Ibrahima Sory Sacko a toutefois condamné le non-respect des engagements pris par les autorités en faveur de la jeunesse.
Le manque de ressources matérielles et financières est aujourd’hui un casse-tête pour les jeunes de Ratoma. Une situation qui doit interpeller les décideurs s’ils veulent sortir les jeunes du marasme.
Guineematin.com : qu’avez-vous prévu dans la commune de Ratoma pour la célébration de la Journée Internationale de la Jeunesse ?
Ibrahima Sory Sacko : Nous avons prévu des activités de sensibilisation et socio-éducatives pour nos jeunes dans l’un de nos centres de jeunesse à Nongo. On s’y retrouve, avec les directeurs des maisons des jeunes et quelques associations de jeunesse. Mais au-delà, nous avons prévu une activité au CI en collaboration avec une structure jeunesse, qui se bat aussi beaucoup pour l’insertion économique de nos jeunes dans notre communauté, mais aussi en Guinée. Alors, en collaboration avec eux, nous organisons une conférence samedi également à la maison des jeunes Nongo.
Qu’avez-vous réussi à mettre jusqu’à présent au profit de la jeunesse de Ratoma ?
Nous avons fait de notre mieux malgré les difficultés. Nous nous sommes beaucoup battus pour la réinsertion socio-économique de nos jeunes. Nous avons réussi à intégrer de nombreux jeunes à travers des projets de réinsertion, à travers nos partenaires OIM, UNFPA, INTEGRA. Quand vous prenez le projet INTEGRA par exemple, nous avons réussi à intégrer au moins environ 500 jeunes qui ont bénéficié de formations en couture, construction, carrelage, peinture, plomberie, vitrerie, etc., qui ont reçu une formation. Et après la formation, certains de ces jeunes ont un emploi direct. Pendant 9 mois, ces jeunes qui ont été formés. Et pendant ces 9 mois, il y a des jeunes qui paient 30 000 GNF par jour. Mais pour les 30 000 GNF, nous leur donnons les 20 000 GNF. Les 10 000 GNGF sont économisés. A la fin du parcours, nous les accompagnons en leur versant ces sommes à travers un projet qu’ils ont eux-mêmes initié. Au-delà, il y a aussi l’OIM qui a réussi à soutenir deux groupements d’intérêt économique. Nous nous battons donc beaucoup à travers les partenaires.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la mise en œuvre de vos projets ?
Nous avons des difficultés parce que nous n’avons pas les moyens de nos politiques. Et on se bat avec nos partenaires, mais c’est aussi compliqué. Comme je l’ai dit, nous avons trop de demandes qui arrivent, mais nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde. Mais notre souhait est de satisfaire au moins 80% des jeunes qui demandent de l’aide. Malheureusement, nous n’arrivons pas à satisfaire même 50%. Mais le plus important est de faire au mieux, pour que ces jeunes participent aussi à la consolidation de la paix, mais aussi à leur réinsertion socio-économique. Parmi les difficultés, nous n’avons pas les ressources matérielles et financières pour accompagner nos jeunes. Mais avec le soutien de certains partenaires, nous parvenons à faire de notre mieux pour accompagner ces jeunes.
Concernant la célébration de cette journée de la jeunesse, où avez-vous des inquiétudes ?
Il n’y a pas beaucoup de problèmes. Mais c’est justement ce que certains jeunes ne comprennent pas. Parce que le plus souvent, chaque jeune pense que l’atteinte de l’objectif, c’est maintenant. Et le plus souvent, il y a des étapes à franchir pour atteindre les objectifs. C’est ça, je l’ai même dit dans une rencontre avec des jeunes, là où tu minimises, là tu réussis plus facilement. Au fur et à mesure que les opportunités se présentent, il y a des jeunes qui disent que je suis diplômé, je ne peux pas faire ce métier. Il s’avère que c’est le problème fondamental, c’est la difficulté. Véritables difficultés de nos jeunes, ils refusent catégoriquement de se mettre à notre disposition pour réaliser certaines activités. Sinon, il y a des jobs d’intérim qui arrivent, des escortes qui arrivent parfois, mais les jeunes refusent. C’est vrai qu’ils ont des difficultés, il faut le reconnaître, mais cela aussi dépend d’eux. J’ai toujours conseillé à ces jeunes de ne rien minimiser, car là où vous minimisez, c’est souvent de là que dépend votre réussite. C’est donc ce que je voulais dire sur la difficulté que vivent les jeunes. D’un autre côté, il y a des jeunes qu’ils ne connaissent pas. Il y a des jeunes qui sont occupés par leurs propres affaires, ils ne viennent jamais aux autorités, ne demandent jamais de conseils et sont très sérieux, il y a toutes ces difficultés. Je pense qu’il est important d’être en contact avec les autorités, qu’elles soient locales ou centrales. Mais, il est très important de travailler parfois pour que vous vous adaptiez également à ce que vous faites.
Quel est votre dernier mot aux autorités et aux jeunes pour la Journée internationale de la jeunesse ?
Ce jour est loin d’être une fête. Ce n’est pas qu’une fête. C’est une opportunité pour nous et toute la jeunesse à travers cette célébration qu’elle soit nationale ou internationale, il doit y avoir des opportunités pour nous de plaider auprès de nos autorités, au niveau international, national, local. C’est interpeller ces pouvoirs publics à nous aider, à aider ces jeunes. Et assurez-vous que les engagements qu’ils prennent sont pris en compte. Car souvent, les engagements pris de part et d’autre ne se matérialisent jamais. Et ce n’est pas bon du tout. Alors, c’est l’occasion pour nous de lancer cet appel à nos autorités, de faire ce plaidoyer, de respecter les engagements en faveur de la jeunesse guinéenne, notamment la jeunesse de Ratoma.
Interview de Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com