Consommation : ce que les militaires m’ont appris sur le matérialisme

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– Ce que l’armée m’a appris sur le matérialisme

Passer des semaines dans un bunker. Dormir dans une petite chambre avec 50 inconnus, tout en inhalant l’exquis cocktail de pieds transpirants. Manger les restes des restes des restes, matin, midi et soir. Suivre des ordres sens dessus dessous à longueur de journée. Bref, l’armée est obligatoire pour tous les Suisses, et elle est loin d’être tout confort. Mais c’est justement là que réside toute sa valeur.

A peine rentré des vacances d’été, je me suis retrouvé assis à l’arrière d’un camion, chargé comme un âne, en direction de la base aérienne. Je n’arrête pas de penser au confort des hôtels, aux délicieux restaurants et à la douceur de la mer, mon corps est ici, mais mon esprit est ailleurs. Voir l’article : Canicule : les écharpes peuvent mettre bébé en danger. Et le désir de réconcilier s’empare de chaque pensée.

Arrivé à l’heure de la douche, je me tiens devant une cabane de camping, visitée par une centaine de soldats avant moi, et chacun a laissé une trace fascinante. A moitié repoussé, je claque la porte et je vais sous l’eau. Je suis ressorti plus mal qu’à l’entrée.

Quand vient l’heure de la douche, je sens les gouttes d’eau chaude couler sur mon corps, frissonnant à l’idée d’arriver à la fin d’une autre journée. Je profite de cet agréable moment de paix. Un émerveillement germe alors en moi : comment se fait-il qu’une même expérience me procure parfois tant de dégoût, parfois tant de plaisir ?

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Nous sommes faits pour nous adapter

En tant qu’êtres biologiques, nous devons absolument répondre à certains besoins vitaux : manger, boire, dormir, uriner, et autres. La satisfaction de ce dernier nécessite l’habitation d’un espace de vie sûr et, dans une certaine mesure, la coopération avec d’autres êtres humains.

Mais au-delà d’un certain niveau de confort, nos conditions matérielles ne sont ni bonnes ni mauvaises dans l’absolu. Ils sont juste pires ou meilleurs que ce à quoi nous sommes habitués. Ce n’est pas l’expérience en elle-même, mais la distance entre notre expérience réelle et notre expérience de référence, qui éveille notre désir. Plus cette distance est grande, plus le désir est intense.

Ce n’était pas la douche elle-même, mais la pauvreté relative de cette douche par rapport à celles que j’ai eues lors de mes dernières vacances, qui m’a frustré. Après deux semaines de douches militaires, cette douche est devenue ma référence, et ma frustration s’est évaporée avec mes attentes.

La bonne nouvelle, me direz-vous : nous sommes des êtres résilients qui s’adaptent à toute circonstance. Bien sûr, mais le problème est que cette logique s’applique aussi dans l’autre sens : après quelques jours de vacances dans un bel hôtel, ce dernier était aussi devenu ma référence. Aussi confortable soit-il, le même hôtel m’a donné peu de satisfaction après le troisième jour. Ce n’est que pour revenir à un niveau de confort nettement inférieur (dans l’exercice) que mes vacances ont soudainement pris une valeur énorme.

Nous avons tendance à croire qu’une amélioration de nos conditions matérielles nous procurera un bien-être durable. Mais passé un certain stade, l’insatisfaction finit par frapper à la gorge, car le plaisir lié à une expérience matérielle supérieure devient de plus en plus éphémère.

Consommation et coût d’opportunité

Lorsque j’ai commencé à postuler pour mon premier emploi, certaines annonces ne m’attiraient pas pour leur contenu, mais pour les avantages, notamment pécuniaires, qui en découlaient. Lorsque l’activité en elle-même ne m’inspirait pas vraiment, je me rassurais en pensant à ce qu’elle me permettrait d’acquérir : un appartement plus agréable, une meilleure voiture, des vacances plus luxueuses.

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Aucune de ces choses n’est mauvaise en soi. Mais pour évaluer correctement sa valeur, il est nécessaire de comparer ses coûts et ses bénéfices. Et au-delà du plaisir éphémère qu’il procure, son coût réel est souvent supérieur à son simple prix. Car l’achat d’un objet n’implique pas seulement l’argent dépensé pour l’obtenir, mais indirectement, les moyens mis en œuvre pour gagner cet argent.

Quand on considère le coût réel des biens matériels (au-delà de leur prix), le calcul devient soudain plus clair : à quoi bon sacrifier l’essentiel de notre vie à une activité que nous n’aimons pas pendant quelques jours, semaines, ou tout au plus, quelques mois de satisfaction matérielle ?

Pour éviter de me perdre dans la poursuite de plaisirs éphémères, je me demande toujours quel désir je cherche à assouvir à travers ma consommation. Pour ce faire, j’ai classé mes motivations en deux catégories :

1- Les motivations d’achat extrinsèques

J’ai acheté pour impressionner ou faire plaisir à quelqu’un

Je l’ai acheté pour me donner un certain statut social

2-Motivations d’achat intrinsèques

J’ai acheté pour me sentir en meilleure santé physique et/ou mentale

J’ai acheté pour développer mes compétences et/ou ma créativité

Je magasine pour développer mes relations avec les gens que j’aime

Je l’ai acheté pour donner plus de liberté

En fin de compte, c’est un compromis : chaque centime dépensé pour nos motivations extrinsèques est soustrait de nos motivations intrinsèques. Et la poursuite impulsive du premier se fait toujours au détriment du second. C’est juste une question de choisir son camp.

« Si vous achetez les choses dont vous n’avez pas besoin, vous devrez bientôt vendre les choses dont vous avez besoin. »

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