Les animatrices, souvent des coordinatrices, sont la pierre angulaire des contrats locaux de santé (CLS), des conseils locaux de santé mentale (CLSM) et des autres ateliers de santé de la ville (ASV, dans les domaines de la politique de la ville). Comme le souligne Leslie Mesnay, chef du service de santé de la commune et coordinateur de son SLA, la récente crise sanitaire « a mis l’accent sur la nécessité d’une coordination sur les questions de santé » et de plus en plus de SLA se créent.
Malgré le rôle essentiel joué par les animateurs, leurs missions ne sont soumises à aucun référentiel. Ils sont même peu étudiés.
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Postes précaires

Concernant le cadre de l’emploi, il s’agit de « postes précaires », souvent « en CDD, avec des bas salaires, et parfois même pas à temps plein », a indiqué Chantal Manonni, l’une des administratrices des Usines du Territoire de Santé (FTS) , lors des dernières Rencontres FTS. Ceci pourrez vous intéresser : Trois conseils pour se remettre à courir en évitant les blessures. Certains animateurs – pas tous – sont embauchés en CDI, mais souvent après plusieurs CDD, de quelques mois à trois ans.
Le mode transitoire de financement de ces sites ne favorise pas leur stabilisation. Le travail à temps partiel ou le cumul de plusieurs missions (coordination du CLS, du CLSM et de l’ASV, entre autres) se fait aussi souvent, souligne Fanny Pastant, coordonnatrice nationale des conseils locaux de santé mentale (CLSM) au Centre de collaboration de le Comité consultatif. Centre de recherche et de formation en santé mentale (WHOCC). Les emplois sont donc souvent précaires, pour des raisons d’économie ou de manque de soutien politique au système.
Catégorie A à C
Les coordonnateurs du CLSM soulignent notamment, dans un article publié en 2020, que le statut de ceux qui travaillent dans la fonction publique passe de la catégorie C à la catégorie A ou statut de cadre « sans rien qui distingue ces coordonnateurs dans leur formation ». Lire aussi : Ne pas surchauffer : ces conseils et « faux trucs » à éviter….
Ils mentionnent également un inventaire CCOMS 2018 des animateurs CLSM dont 12% avaient un bac+5 et un doctorat… Des données qui peuvent être valables pour des animateurs d’autres démarches territoriales de santé. Souvent, ils ont suivi des études en matière sanitaire, sociale, médico-sociale, environnementale ou en gestion de projet en partenariat et ont déjà une expérience dans ces domaines.
Missions complexes

Leurs missions sont complexes. Ils animent l’animation d’un réseau d’acteurs d’horizons différents dans une dynamique collaborative. Lire aussi : Coronavirus : le point en Normandie – 20 juillet 2022 | Agence Régionale de Santé de Normandie. Elles participent souvent au montage de projets communs, recherchent leur financement, les suivent et les évaluent, et jouent parfois un rôle de santé publique.
Dans les CLSM, leur mission est aussi d’intégrer les personnes impliquées dans tous les travaux… « Nous sommes des experts de la mise en relation » avec tout ce que cela implique en termes de qualités relationnelles, d’écoute, d’apport, d’inclusion et de communication, de compétences et de limites. les uns des autres, résume Sandra Essid, qui a coordonné CLS pendant 4 ans.
Comme le disent haut et fort ces coordonnateurs, « la coordination n’est pas spontanée et ne se fait pas automatiquement. C’est un arsenal de savoir-faire, de savoir-être et de qualités qui permettront à l’alchimie de se réaliser ». Fanny Pastant le confirme : « C’est un vrai métier. Les coordonnateurs du CLSM ont de vraies compétences, un vrai savoir-faire, une vision globale qui tient compte de tous les déterminants de la santé mentale, des besoins concrets et de l’éventail des solutions qui existent. »
Des propos qui valent aussi pour les animateurs des autres initiatives territoriales de santé (ASV, CLS) : « Nous avons une vision large et globale de l’écosystème local de santé publique », exprime Leslie Mesnay.
Gros turn-over
Or, en l’absence de document de référence précisant les contours de ce métier, « les intitulés sont très variables sur les fiches de poste », souligne Chantal Manonni. Certains d’entre eux sont considérés comme des « animateurs » et sont rémunérés comme animateurs socioculturels, note Sylvette Ronque, qui a coordonné l’ASV, le CLS et coordonne toujours le CLSM. Fanny Pastant note que les animateurs (CLSM notamment) perçoivent « des salaires très proches du SMIC qui ne correspondent pas à leur expérience ni à la technicité du poste ».
Au final, « il y a un gros turnover, note Sylvette Ronque (en poste depuis 2004). Les jeunes, ils restent un an, deux ans, trois maximum. Les procédures sont alors fragilisées. Les nouveaux animateurs apportent un nouveau regard mais tout est à refaire à chaque fois et les acteurs se lassent d’expliquer ce qu’ils font. »
Organisation balbutiante

La reconnaissance des compétences des animateurs des initiatives territoriales de santé, notamment défendue par la FTS, en est encore à ses balbutiements. Parfois l’ARS anime la dynamique des rencontres entre animateurs mais plus sur des thèmes théoriques ou pratiques que sur des thèmes professionnels.
Pour l’instant, seuls les coordonnateurs du CLSM ont commencé à s’organiser. Une réunion nationale s’est tenue en 2019, des réunions en ligne se tiennent tous les mois sous l’égide du CCOMS, et les coordinateurs ont créé un groupe de réflexion sur la structuration de leur carrière.