Un sondage mené par plusieurs associations de courtiers vise à montrer que de plus en plus de dossiers d’emprunteurs sont refusés à cause du taux d’usure et du taux d’endettement. Et les 30-55 ans sont les plus touchés.

On ne vous apprend plus rien, obtenir un crédit immobilier aujourd’hui est de plus en plus un parcours du combattant. Sur le même sujet : RC Pro des managers : stop à la qualification de perte en série (Analyse). Une enquête System Opinion (1) commanditée par 6 associations professionnelles d’intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement (IOBSP) met en évidence les freins à leur activité, à savoir le taux d’usure, le taux le plus élevé auquel une banque peut prêter, et les normes qui ont en place depuis le 1er janvier, qui imposent par exemple un taux d’endettement maximum de 35%.
Et le résultat est éloquent, car selon certains courtiers interrogés, 4 dossiers sur 10 ne passeraient pas aujourd’hui. « Nous n’avions jamais été confrontés à autant de rejets sur nos dossiers déposés auprès des banques. Pour 40% de nos intermédiaires, 40% des dossiers sont rejetés, et pour 85% le taux de rejet dépasse les 20% », précise Bruno Rouleau, président de l’Association professionnelle des intermédiaires de crédit (APIC). 71 % des demandes de financement rejetées visaient l’achat d’une résidence principale. Premier motif de rejet : le taux d’usure pour 36% des dossiers, suivi des nouvelles obligations à respecter pour 31% d’entre eux.
Les refus concernent des emprunteurs de 30 à 55 ans

Pour tenter de faire avancer les dossiers, les banques demandent de plus en plus aux courtiers de baisser leurs frais. Ainsi, 18% des banques le demandent systématiquement et 43% le demandent souvent. Sur le même sujet : Voyage scolaire : l’assurance individuelle accident est-elle obligatoire ?. L’objectif est de ramener le Taux Annuel Effectif Annuel (TAEG) du crédit en dessous du taux d’usure, fixé à 2,57% pour les prêts de 20 ans et plus (2,60% pour les durées plus courtes). Or, selon l’enquête, seuls 15% des dossiers rejetés par les banques sont liés au fait que le dossier émane d’un courtier en crédit.
Si l’on pourrait penser que les retraités sont les plus touchés par le phénomène, notamment en raison du coût de l’assurance prêteur, 51 % des dossiers rejetés concernent en réalité des candidats âgés de 30 à 55 ans. « Le taux d’attrition est devenu un problème majeur pour l’accès au financement, et il concerne tous les emprunteurs, quel que soit leur âge ou leur projet, poursuit Bruno Rouleau. C’est pourquoi nous souhaitons attirer l’attention, avec l’ensemble de la profession, sur le risque d’exclusion d’un nombre croissant d’acquéreurs, conduisant à un blocage du marché immobilier. »
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Fin juin, une source proche d’un membre du Haut Conseil de stabilité financière, organisme présidé par le ministre de l’Économie, expliquait qu’« il n’y a pas assez de données pour l’instant, malgré l’évolution des taux, pour tirer attention au problème de l’accès systémique au crédit hypothécaire. »
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« Il ne faut pas se laisser tromper par les statistiques de production de nouveaux crédits du 1er quadrimestre de l’année, qui concernent majoritairement des dossiers reçus fin 2021 ou début 2022, contre Bruno Rouleau. Le ralentissement brutal que nous connaissons se reflétera dans les chiffres à l’automne, avec une forte inertie avant un éventuel redémarrage en 2023 et qui s’étalera sur plusieurs mois. »
(1) Enquête en ligne auprès de 1 417 intermédiaires de crédit interrogés entre le 8 juillet et le 22 juillet 2022.