« On prend en charge des enfants dans les couloirs des réanimations », dénonce le docteur Mélodie Aubart, neuropédiatre à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris.
Publié le 11/02/2022 22:20
Mis à jour le 11/02/2022 22:30
Le ministre de la Santé, François Braun, a annoncé, mercredi 2 novembre, une enveloppe de 400 millions d’euros pour les « services d’urgence hospitaliers », et notamment les urgences pédiatriques face à une inquiétante épidémie de bronchiolite. Le docteur Mélodie Aubart souligne sur franceinfo que « cela reste des mesures d’urgence temporaires ». Le neuropédiatre de l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris appelle à « des mesures structurelles fortes et pérennes ».
franceinfo : Cette enveloppe de 400 millions d’euros est-elle à la hauteur de la crise que vous traversez ?
J’aurai beaucoup de difficulté à vous répondre car le ministre n’a pas donné de détails sur la destination de cette enveloppe budgétaire, qui sera probablement axée sur les services hospitaliers pédiatriques, mais aussi non pédiatriques. Nous supposons qu’il sera ainsi possible de financer les mesures annoncées, mais celles-ci restent des mesures d’urgence temporaires, comme la reconnaissance de la pénibilité des quarts de nuit.
La généralisation de la prime de réanimation aux soignants en réanimation pédiatrique est une très bonne chose, mais elle ne concerne qu’une niche de soignants pédiatriques. La grande majorité d’entre eux ne travaillent pas en réanimation, pourtant ils font face à la catastrophe actuelle.
Que demandez-vous au gouvernement ?
Nous voulons des mesures structurelles fortes et durables. Par exemple, une infirmière ne peut plus continuer à s’occuper de 16 enfants malades au milieu de la nuit. La relation patient-infirmière est nécessaire.
« On voit bien que le ministre se met au travail, qu’il va mettre en place des groupes de travail, mais on l’attend avec des engagements forts. Ils peuvent mettre plusieurs mois à se mettre en place, mais je pense que l’Etat peut déjà les annoncer. »
Vous rencontrez principalement des problèmes de recrutement ?
En plus du recrutement, il faut déjà soigner l’hémorragie des soignants sortant de l’hôpital. Quiconque traverse cette crise sanitaire, parce que c’est comme ça qu’on l’appelle quand on s’occupe des enfants dans les couloirs des soins intensifs, va sortir de l’hôpital parce que c’est insupportable. Ils peuvent avoir réévalué les heures supplémentaires pendant quelques semaines, mais ils finiront par partir.
Ce que nous demandons au Ministre et au Président de la République, c’est la reconnaissance de la criticité de la situation actuelle, la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat pour que les soignants ne soient plus les seuls à porter cette responsabilité dans la prise en charge inadéquate des enfants aujourd’hui.