Malgré la baisse des prix, les plateformes de cryptographie continuent de se développer sur de nouveaux marchés pour attirer de nouveaux utilisateurs, qui adoptent de plus en plus ces actifs numériques.
Depuis plusieurs mois maintenant, les crypto-monnaies ont du mal avec l’effondrement des prix. C’est le cas notamment du bitcoin – le roi de ces actifs numériques – qui, après avoir atteint un record historique de plus de 68 000 $ en novembre 2021, a vu sa valeur chuter, passant plusieurs fois sous la barre des 20 000 $. Avec ce marché baissier (baisse persistante des prix), les entreprises spécialisées dans les crypto-monnaies, comme Coinbase ou Crypto.com, ont dû licencier. C’est également dans ce contexte que FTX, qui était récemment la deuxième plus grande plateforme au monde derrière le géant Binance, a fait faillite suite aux révélations sur les montages financiers de son fondateur.
Malgré ce « cryptocrash », le monde des crypto-monnaies continue de croître et de s’étendre, tant auprès des entreprises que des utilisateurs. Explications avec l’économiste et essayiste Philippe Herlin.
Une adoption globale en hausse
Pour commencer, l’adoption globale des crypto-monnaies continue de croître. D’environ 100 millions d’utilisateurs au troisième trimestre 2020, le monde en compte désormais plus de 320 millions selon la société Triple A. Un chiffre qui a plus que triplé en moins de deux ans. Sur le même sujet : Cabinet : Le projet de loi de financement des subventions 2022 approuvé. Ainsi, comme l’explique le cabinet d’analystes Chainalysis dans une étude récente, les particuliers ont été attirés par le marché haussier en 2020 et 2021, et ont continué à investir malgré le marché baissier. L’économiste précise que cette adoption est en augmentation constante depuis 2019 et ralentie par le crash crypto, mais que le taux d’adoption reste plus élevé qu’il y a trois ans.
« Ce sont à la fois des particuliers, des investisseurs et des entreprises, ce sont des gens qui se sont interrogés sur le potentiel de l’écosystème lui-même, l’intérêt du bitcoin et des autres crypto-monnaies, donc ils ne changeront pas leur décision suite au marché baissier que nous connaissons depuis plusieurs mois ou l’échec de FTX. Ce sont des gens qui voient sur le long terme, c’est pourquoi ils ne sont pas trop touchés par la faiblesse du prix du bitcoin et l’échec de FTX », explique Philippe Herlin à ce sujet.
Encourager l’adoption des cryptomonnaies
Du côté des sociétés de crypto, qui continuent d’investir et de proposer de nouveaux services aux utilisateurs en cette période difficile, la raison est très simple : « Ils ont déjà connu des marchés baissiers donc ils connaissent la musique », indique l’économiste. Ils tentent depuis plusieurs années d’encourager l’adoption des crypto-monnaies dans le monde, notamment avec les solutions de paiement. Ils se sont associés aux géants du paiement Mastercard et Visa pour proposer des cartes cryptographiques qui permettent aux titulaires de payer avec ces actifs numériques qui sont convertis en monnaie fiduciaire pour les commerçants. C’est le cas de Crypto. Sur le même sujet : Les crypto-monnaies sont amorphes, où ira le marché ?.com depuis 2018 avec Visa. De même, Binance, en partenariat avec Mastercard, a lancé une telle carte en Argentine début août. « Ça a plutôt du succès, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, et c’est un moyen très simple de pouvoir dépenser ses crypto-monnaies », précise Philippe Herlin.
Cela se fait aussi en France, avec la start-up Lyzi, qui cette année a multiplié les partenariats pour permettre aux Français de régler leurs factures au restaurant ou d’acheter une voiture avec des cryptomonnaies grâce à son application.
Ces entreprises tentent de se développer notamment en France par rapport à cette clarté réglementaire, le pays étant l’un des précurseurs dans ce domaine. Obtenir le statut PSAN est en effet pour eux un moyen de démontrer qu’ils sont sérieux, qu’ils respectent les règles et donc de rassurer investisseurs et particuliers.
Une expansion des plateformes crypto en Europe
En cette période difficile pour l’industrie de la crypto-monnaie, plusieurs géants cherchent à se développer en Europe occidentale, un marché important en termes d’utilisateurs. Selon l’étude Chainalysis, il s’agit de la plus grande crypto-économie au monde grâce à la finance décentralisée, aux NFT et à la clarté réglementaire croissante. Entre juillet 2021 et juin 2022, les utilisateurs et les institutions ont attiré 1,3 milliard de dollars en crypto-monnaies. De plus, l’Europe de l’Ouest compte à elle seule six des 40 premiers pays consommateurs de ces actifs numériques dans le monde : le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Portugal et les Pays-Bas.
Binance et Crypto.com ont été officiellement agréés en France en obtenant cette année leur enregistrement en tant que « fournisseur de services d’actifs numériques » (PSAN) auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Ce statut est obligatoire pour promouvoir leurs services dans le pays. Les deux sociétés prévoient également d’établir leur siège européen dans la capitale. Sur le même sujet : Localisation : L’eldorado de l’investissement immobilier en France ?. Après avoir été enregistré en Italie et aux Pays-Bas, Coinbase cherche également à s’enregistrer en tant que PSAN en France et dans d’autres pays européens, comme l’Espagne.
Ces entreprises tentent de se développer notamment en France par rapport à cette clarté réglementaire, le pays étant l’un des précurseurs dans ce domaine. En effet, obtenir le statut PSAN est un moyen pour eux de démontrer qu’ils sont sérieux, qu’ils respectent les règles et ainsi rassurer investisseurs et particuliers, comme le souligne Philippe Herlin. Ce statut est, entre autres, la preuve que ces entreprises ne sont pas utilisées pour blanchir de l’argent ou financer le terrorisme. Au niveau européen, une autorisation similaire sera obligatoire à partir de 2024 pour exercer ce type d’activité, avec le règlement MiCA. Dans le but de réglementer les crypto-monnaies, il a finalement été adopté par le Parlement européen le mois dernier.
Les sociétés de cryptographie s’intéressent également à la France avec la volonté du gouvernement de soutenir le secteur du Web3 et de créer des opportunités économiques. Lors d’un récent entretien accordé au média La Grosse Baleine, le ministre délégué à la Transition numérique Jean-Noël Barrot a en effet déclaré que l’État souhaite faire de la France un « hub mondial » du Web3, ajoutant qu' »il y a des usages pour les crypto-actifs que nous, ils veulent ont une forte présence, y compris DeFI (finance décentralisée) et NFT (tokens non fongibles). »