Cryptomonnaies : un resserrement européen qui devrait profiter au secteur

Written By Sara Rosso

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D’un côté, le challenger du Bitcoin s’accompagne d’un écosystème crypto qui rêve de monnaies sans produits intermédiaires. De l’autre côté, la grande puissance, l’Europe, avec sa monnaie souveraine, l’euro, synonyme de stabilité. Autant dire que le dialogue n’a pas toujours été fluide. Après des mois d’échanges très houleux, les deux parties sont parvenues à trouver un compromis pour vivre en harmonie. Les règlements MiCA (Market in crypto assets) et TFR (Transfer of funds Regulation) ont été approuvés le 12 octobre par la commission économique du Parlement européen en vue d’une mise en œuvre début 2024. Avec eux, de nouvelles règles de vie pour les cryptos , au terme de deux années d’âpres discussions.

Le TFR impose une traçabilité plus stricte des échanges pour lutter contre le blanchiment d’argent ou le financement d’activités illégales. MiCA, le plus gros morceau, rapproche quant à lui les obligations de protection des consommateurs des entreprises de cryptographie de celles du monde bancaire. Leur responsabilité sera engagée, par exemple, en cas de perte de crypto-actifs appartenant à des investisseurs, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent. Ce qui ouvre la voie à des poursuites judiciaires et à des indemnisations. Chaque nouvelle « crypto » lancée sur le continent doit également être étudiée en profondeur par le régulateur.

Une nécessité pour l’Union européenne. D’abord, à cause de la prolifération des crypto-actifs depuis la crise du Covid-19 (selon une étude de la Banque centrale européenne, près de 10% de la population d’Europe de l’Ouest posséderait un type de crypto-monnaie bitcoin ou ethereum). Ensuite surtout parce que les scandales se sont multipliés, avec un accident économique spectaculaire au printemps, de nombreuses faillites comme le projet Terra, ou encore des arnaques et piratages, qui ont fait perdre des millions d’euros à des petits exploitants sans possibilité de recours.

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« La France est un pays où la réglementation est claire »

Cependant, ce tour de vis pourrait également profiter au secteur de la cryptographie lui-même. C’est contre-intuitif, mais un cadre réglementaire plus strict peut en fait générer des investissements. « La France en était déjà là avec le vote de la loi Pacte en 2019, la naissance du statut du prestataire de services sur les actifs numériques, ce que beaucoup d’acteurs craignaient. Lire aussi : Rémy Cointreau : Jefferies relève son conseil d’administration. Enfin, ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que la France est un pays où la réglementation est là. clair et pour certains joueurs c’est bien de s’y installer », confie un expert du secteur de la crypto. Les plus grands acteurs du secteur semblent également envisager ces nouvelles réglementations avec confiance.

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Eric Anziani, patron de Crypto.com a annoncé cette semaine un investissement de 150 millions d’euros en France et fait de Paris son siège européen. La société basée à Singapour vient de s’enregistrer en France en tant que PSAN (Digital Asset Service Provider) auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). « La mise en conformité dans n’importe quel pays coûte à chaque fois beaucoup d’argent », se souvient Eric Anziani. Le nouveau cadre est donc à ses yeux une avancée pour le continent en termes de « clarté et d’harmonisation » des législations, ce qui rend le grand marché de l’UE plus attractif. Et il n’est pas le seul à faire cette analyse. Son concurrent direct, la plateforme d’échange de cryptomonnaies Binance, a récemment promis d’investir 100 millions de dollars en France.

« La MiCA aide à définir les différents types de crypto-actifs, les conditions dans lesquelles un émetteur de crypto-monnaie peut agir. Cela renforcera la confiance dans leur utilisation. Parallèlement, ces règles donnent une respectabilité et un cadre juridique harmonisé pour les entreprises en le grand marché qu’est l’UE. C’est phénoménalement positif », analyse Frédérick Lacroix, de Clifford Chance. Selon l’avocat, la crypto-monnaie pourrait, de ce fait, infuser davantage dans l’économie traditionnelle. « On peut s’attendre à ce que les banques et les assureurs proposent eux-mêmes des services de cryptographie. Parce qu’ils sont capables de travailler avec des prestataires de services soumis au même régulateur », suggère l’expert.

Pour les petites entreprises, l’équation est certainement un peu plus délicate, car la mise en conformité imposée par la MiCA et le TFR aura un coût. Cette sécurité juridique devrait néanmoins profiter à ceux qui parviennent à passer ce cap en « facilitant la levée de fonds et en leur permettant de se différencier de leurs concurrents », rassure Franck Guiader, expert de la finance numérique et de la régulation des innovations chez Gide avocat.

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Le Bitcoin épargné

Cette ère de réglementation démarre enfin plus doucement que prévu. A l’origine, certaines dispositions remettaient en cause le fondement même des crypto-monnaies. Sur le même sujet : La banque russe Sberbank confirme que le retrait de Swift ne sera pas affecté. Une première version avait notamment pour but d’interdire le « Proof of Work » (Proof of Work) au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, ce qui aurait condamné le Bitcoin et bien d’autres actifs basés sur ce mode de validation énergivore. Enfin, les entreprises doivent simplement déclarer des informations sur leur empreinte environnementale et climatique.

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La dernière version de MiCA sort également la majorité des NFT – les jetons non fongibles qui ont envahi le monde de l’art – ainsi que le DeFi, la finance décentralisée. « Le droit de la consommation pour les NFT, ou ceux régissant les marchés financiers, est déjà suffisant pour la plupart des cas d’usage liés aux cryptos », commente Franck Guiader.

Seul grand perdant : les stablecoins, durement réprimés par MiCA. Ces crypto-monnaies, dont la valeur ne fluctue pas en raison de leur support pour les monnaies fiduciaires telles que le dollar ou l’euro, sont les plus proches des moyens de paiement normaux. Cela menace inévitablement la « souveraineté monétaire » de l’Union européenne, insiste le régulateur. L’émission de ces jetons est donc limitée et leurs réserves de valeur sont particulièrement contrôlées.

Revers de la médaille à ce niveau, c’est que de puissants stablecoins, dont un en euros, fleurissent déjà outre-Atlantique, en dehors de tout cadre réglementaire. « Il y a un risque de voir se développer un marché de l’euro ‘off-shore’, avec de grandes entreprises européennes s’échangeant entre des jetons euro/dollar. Nous sommes sur le point de perdre une arme économique et commerciale importante. », prévient Frédérick Lacroix, du société Clifford Chance.

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Opinions

La chronique de Frédéric Filloux Voir l’article : Cryptomonnaies : Après la chute de Terra et Luna, son fondateur est en cavale.

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