PARIS : Le gouvernement a fait pression mardi sur les énergéticiens pour aider les petits commerces voyant leur facture énergétique augmenter, dont les boulangers qui crient « catastrophe » et appellent à manifester le 23 janvier à Paris.
Côté fiscalité, les PME et notamment les 33.000 boulangers de France pourront « demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales » pour alléger leurs liquidités, a annoncé la Première ministre Elisabeth Borne sur franceinfo.
Le chef du gouvernement souhaite également que les petits commerçants, confrontés à la hausse des prix de l’énergie, puissent étaler le paiement de leurs factures.
Le gouvernement, qui est attaqué par le Rassemblement national, auteur de « Lettre aux boulangers de France », a multiplié mardi les interventions et réunions sur le sujet, notamment avec les fournisseurs d’électricité et de gaz.
« Aujourd’hui, les fournisseurs n’aident pas assez les boulangers et les PME. Je leur demande de faire plus, mieux, et tout de suite », a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, avant de les recevoir avec trois autres ministres.
Les boulangers pourront résilier leur contrat sans versement en cas d’augmentation « prohibitive », a alors annoncé M. Le Maire, menaçant également de donner les noms des entreprises qui ne respecteraient pas une charte signée à l’automne.
Le gouvernement reproche notamment aux énergéticiens de mettre le couteau dans la gorge des petits entrepreneurs, contraints d’accepter des offres dans des délais très courts.
L’exécutif va envoyer dans les prochains jours une lettre « personnalisée » aux boulangers de France pour les inciter à profiter des aides déjà en place, appelées l’amortisseur électrique et le guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité. .
La grande majorité des boulangers (80%) ne sont en effet pas éligibles au bouclier tarifaire et doivent solliciter des aides destinées aux très petites entreprises.
Si les énergéticiens ne rentrent pas dans le rang, « on pourra toujours prendre plus aux fournisseurs d’énergie que ce que l’on fait aujourd’hui », a également prévenu M. Le Maire, après des mois de débats enflammés sur la taxation des « superprofits ».
« Il y a des aides très importantes qui ont été mises en place », a reconnu au départ de Bercy Dominique Anract, le président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française. « Maintenant, pour une facture (d’énergie) qui va être multipliée par dix ou par douze, rien ne suffira », a-t-il nuancé.
« On n’a pas une longue espérance de vie si l’Etat ne bouge pas pour réglementer ces prix », témoigne Nadège Amaté, 34 ans, qui tient une boulangerie-pâtisserie à Lons-le-Saulnier avec son mari Nicolas.
Son four est électrique, comme la plupart des fours en France. Là où elle payait environ 1 500 euros par trimestre, Engie lui verse 2 700 euros tous les deux mois depuis septembre.
« Notre abonnement s’est terminé en mai 2022, Engie nous a donné le prix, non négociable », dit-elle, craignant une fermeture inéluctable si elle poursuit : « Pas le choix ! 70 heures de travail par semaine pendant huit ans, et je vais je vais juste avoir des dettes énormes, c’est catastrophique ! »
Immobilisée dans le collectif « La boulangerie à poil », elle se rendra à Paris pour un événement organisé le 23 janvier par un autre collectif lancé par le média boulanger niçois Frédéric Roy avec trois collègues vendéens, pyrénéens et auvergnats, l’un dont. fermé et licencié d’autres membres du personnel.
L’appel est lancé « à tous les métiers, teinturiers, bouchers, restaurateurs mais aussi traiteurs, pâtissiers », indique M. Roy, en querelle avec sa fédération.
La hausse des prix de l’énergie est une « bombe à retardement », prévient-il, répétant qu’en dehors de l’énergie, le beurre, la farine et d’autres ingrédients ont également augmenté. « On ne peut pas tout mettre sur les prix, les clients ne suivent pas ».
« Aujourd’hui on a à peine une cinquantaine de PME par jour qui viennent chercher l’aide à laquelle elles ont droit sur cette banque« , mais déjà simplifiée, a regretté M. Le Maire.
D’où l’idée d’un « point d’accueil » qui sera mis en place dans chaque préfecture.
Montrant la dimension de plus en plus politique du sujet, deux régions, Paca et Auvergne-Rhône Alpes, ont annoncé mardi des aides aux boulangers ou artisans de leurs régions.