De la Villa Méditerranée à une copie de la grotte Cosquer, sauver l’éléphant blanc

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Avec l’ouverture du Cosquer Méditerranée, c’est un bâtiment cher et décrié qui trouve une nouvelle vocation. Retour sur les neuf années tumultueuses qui ont conduit l’agrafeuse J4 à sa résurrection préhistorique.

Les visiteurs pénètrent dans l’ascenseur, devenu « caisson ». L’écran de contrôle suggère une pression qui augmente à mesure que le panier descend. Les fausses fenêtres montrent d’abord les vagues à la calanque de la Triperie, non loin du cap Morgiou, puis la plongée vers le fond. Quelques poissons tournent autour. Le voyage se poursuit jusqu’à ce que la voix dans les écouteurs du passager annonce l’arrivée à « moins 37 mètres », l’entrée de la grotte qui s’apprête à nous livrer tous ses secrets.

Ainsi commence la visite de la réplique de la grotte Cosquer, qui a été officiellement inaugurée ce samedi. La magie du lieu, le visiteur évolue littéralement sous la mer. Avec son ponton inséré dans la structure en forme de C, la Villa Méditerranée qui l’accueille donne l’impression qu’elle a été conçue à cet effet. Néanmoins, il est né il y a neuf ans de l’imagination de trois architectes – Stefano Boeri, Ivan Di Polo et Jean-Pierre Manfredi. Ils ont vu dans cette console un basculement vers l’autre rive de la Méditerranée, traduction architecturale de l’ambition du président de région Michel Vauzelle, qui voulait placer Marseille au centre de l’Euro-Méditerranée. Ouverte en milieu d’année de la capitale culturelle, en 2013, Vila a très vite souffert du quartier du Mucem au J4 et de l’incompréhension sur sa vocation, entre culture et diplomatie.

Le porte-à-faux devenu “agrafeuse”

Les atermoiements de la politique internationale française en Méditerranée, la communication erratique, le manque d’enthousiasme des autres collectivités vont bientôt transformer cette ambition en mode. La console, geste architectural, devient vite un « clapet » à 62 millions d’euros qui menacerait le nez en cas d’encombrement. Lire aussi : Plombiers Montpellier – Dépannage plomberie d’urgence 24h/24. La Villa Méditerranée devient un éléphant blanc.

Tranquillement critiqué au sein de la majorité de gauche, il est l’argument phare du coûteux procès pour la gestion de la droite et de l’extrême droite aux meetings régionaux de 2015. « Lorsqu’ils se mettent au travail, Christian Estrosi et Renaud Muselier trouvent cet immeuble cela n’avait rien à faire. , cela nous coûte cher et ne nous rapporte rien », pointe François de Canson, l’actuel vice-président de région en charge du tourisme. En 2017, le rapport de la chambre régionale des comptes vient étayer ce constat. Deux élus de droite réaffirment leur volonté de vendre l’immeuble. Mais l’ambition ressemble plus à un slogan qu’à une possibilité concrète. Il y a peu d’acheteurs potentiels. Juridiquement, les écueils étaient nombreux. Il faudrait être intelligent.

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Une foire aux idées

La suite est racontée dans les moindres détails par Pierre Fiastre, dans son livre Quand la villa méditerranéenne sort de l’eau. L’homme dirige une firme de consultants mandatée par la région pour trouver une nouvelle idée pour sortir la communauté de ce bourbier. Ceci pourrez vous intéresser : Grand-Bourgtheroulde : en rachetant l’ancien office notarial, la commune veut conserver le pouvoir.. En vue, un petit collectif de responsables de la phosphorisation au printemps 2016. On y retrouve notamment le regretté directeur Philippe Carrese, le président de la Fondation Vasarely Pierre Vasarely ou encore l’armateur amoureux de la culture Raymond Vidil.

Au cours de plusieurs réunions et de dizaines de rencontres informelles, les idées fusent, des moins mauvaises aux plus douteuses. La Villa Méditerranée va d’un lieu discret pour des conférences scientifiques à une galerie marchande de luxe à l’ambiance « duty free » idéale pour déposer le premier croisiériste. A la volée, on imagine une cité du vin à l’image de Bordeaux, un musée de l’aventure maritime, ou encore, un peu le préféré de Pierre Fiastre, un musée des séries.

Le problème : tout le monde est contre le fait d’avoir une colonne « moins » bien remplie. La dernière idée conçue est aussi la plus concrète, la plus méritante et la plus controversée. Après avoir rejeté tout équipement valorisé par Carbone et Spirito, Jean-Claude Gaudin a ouvert la possibilité d’un casino dans sa ville. La région pourrait lui offrir un immeuble et se dédommager des importantes taxes payées par l’établissement de jeux d’argent, mais les opposants sont nombreux et Jean-Claude Gaudin s’est montré imperméable aux critiques qui montent. Il se retourne et revient sur le sujet avant de décider que la Villa Méditerranée présente trop de restrictions d’usage.

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Une solution inattendue

Les discussions, qui avaient pas mal avancé, se sont terminées brusquement et c’est par une intervention extérieure qu’est née l’idée d’une réplique de la grotte à l’intérieur de ces murs. Bruno Monnier, président et fondateur de Culturespaces, suggère une évidence. La filiale du groupe Engie est importante dans le secteur culturel privé. Rien qu’en département elle préside aux destinées de l’Hôtel de Caumont à Aix et des Carrières de lumière aux Baux-de-Provence. Voir l’article : « Dans le secteur niçois, cinq acquéreurs attendent pour un appartement » | Immobilier SeLoger. Elle a travaillé pendant des mois en collaboration avec le découvreur de la grotte, le plongeur professionnel Henri Cosquer et un architecte passionné par ce rappel de l’ère paléolithique. « Avec André Stern, nous avons travaillé ensemble pendant vingt ans. On a créé des projets qu’on a introduits dans les couloirs de la politique, étudié leur faisabilité, pour qu’on puisse le montrer à tout le monde », se souvient Cosquer.

Au milieu des années 2010, leur projet était bien engagé. Au bout du Vieux-Port, le Fort d’Entrecasteaux leur a été promis par la commune de Gaudin. « On y a pensé lors de notre brainstorming, mais j’ai vite découvert ce projet de réplique du Fort d’Entrecasteaux, je me suis dit que c’était mort pour la Villa Méditerranée, se souvient Pierre Fiastre. Mais Bruno Monnier me dit que ça traîne avec la mairie et J4 offre apparemment une meilleure situation. J’inclus cette option in extremis dans le rapport final.

Ancré dans un territoire, à dominante culturelle, prometteur de fréquentation comparable aux fac-similés de Lascaux ou de Chauvet, le projet Cosquer s’est imposé à l’été 2016. Il semble réalisable dans le bâtiment. La réplique elle-même pourrait être installée au deuxième sous-sol avec une légère réduction, à 9/10, et modification de certaines perspectives. Le reste de l’espace pourra accueillir des expositions afin de contextualiser l’espace. L’amphithéâtre existant permettra de projeter des films sur la grotte.

Malgré la dernière tentative de Michel Vauzelle de préserver la dimension diplomatique du lieu, le feu vert a été donné pour engager les procédures judiciaires pour la conclusion du contrat de délégation de service public. La compétition réserve des surprises : Culturespaces et André Stern ont fait exploser leurs bébés. La deuxième offre, présentée par Kléber-Roussillon, est considérée comme la meilleure offre. Seul Henri Cosquer, qui était au-dessus de la mêlée dès le départ, passe dans l’équipe gagnante : il sera pleinement associé au projet.

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Un nouvel investissement pour la région

Pour conclure le contrat, la région devra encore investir la cagnotte pour sa villa : neuf millions d’euros sur les 23 millions nécessaires à la réalisation. « Mais c’est un investissement », insiste François de Canson. On passe de 800 000 euros de frais de fonctionnement à 200 000 euros de revenus estimés par mois. » Une inversion de courbe qui mettra longtemps à récupérer l’investissement initial de la collectivité.

Les travaux ont mis plus de deux ans pour arriver au nouvel emplacement dévoilé ce samedi. Une nouvelle destination pour un bâtiment à l’histoire déjà riche qui ravit l’un de ses pères, Ivan Di Polo : « C’était une grande frustration de voir ce bâtiment ainsi condamné. Il n’y a rien de pire pour un architecte que d’entendre que son bâtiment est inutile. Eh bien, j’ai beaucoup d’espoir qu’il revienne à la vie. »

Visite immersive dans une réplique préhistorique

Plus de 500 dessins, représentant au moins 11 espèces animales différentes, 69 mains au pochoir, font partie de ce qui attend le public à la réplique quasi grandeur nature de la Grotte Cosquer, qui ouvre ses portes ce samedi 4 juin. La structure de la villa méditerranéenne a permis une reconstruction sous la mer, à l’image de la cavité d’origine, située dans le Parc National des Calanques. Pour franchir 220 mètres de recherche, il faut monter dans un chariot, semblable à celui d’une montagne russe. La visite est complète et très encadrée. Installé dans ce module automatisé, les visiteurs n’ont qu’à laisser la voix de l’audioguide chercher différents dessins sur les murs. Les plus discrètes sont balisées de fins rayons de lumière éphémères.

En 1985, Henri Cosquer, accompagné de trois autres plongeurs, découvre la grotte à laquelle il donnera son nom. « Et mes yeux me permettent de reconstituer fidèlement l’intérieur », précise-t-il, omettant le relevé au laser réalisé dans les années 90. Le tout donne un résultat tellement réaliste que « si un Cro-Magnon le voyait, il dirait bravo », dit-il.Les moindres détails sont présentés et expliqués, des crabes fossilisés aux griffures sur les murs, en passant par les stalactites et les puits. Il ne manque plus que les odeurs et le toucher des murs humides pour se sentir comme dans une vraie grotte.

La visite de trente-cinq minutes du module se termine par une vidéo qui suit la découverte et les travaux de recherche qui ont suivi. Un bar de style années 80, une reproduction du bateau et de la massue d’Henri Cosquer et des répliques grandeur nature des animaux figurant sur les murs complètent la grotte de 1 700 m2. Cependant, le prix d’entrée est de 16 euros par adulte.

Plus d’informations sur la grotte Cosquer ici.

Il a fallu deux ans et demi de travail

Les modules sont orientés vers les détails de l’audioguide

Un grand nombre d’animaux apparaissent pendant la visite

Les techniques de reproduction des dessins sont similaires à celles de Cro-Magnon

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