Des vies gâchées par des chantiers inachevés dans le Var après le…

Rédactrice passionnée depuis plus de de 15 ans. Sara vous trouve les dernières infos

Lorsqu’un dossier judiciaire arrive devant les juges, l’attente des victimes est parfois immense. Dans une transaction immobilière proche du million d’euros de pertes, une quinzaine de Varois viennent d’être immensément déçus. L’audience a été reportée d’un an.

Publié le 01/05/2022 à 07:43, mis à jour le 01/05/2022 à 09:17

Derrière un dossier judiciaire, il y a des vies humaines. Certains sont matériellement détruits.

C’est pourquoi les habitants de Varèse parlent aujourd’hui, pour dénoncer l’impuissance dans laquelle ils sont retenus. Encore un an à attendre, avant que le tribunal n’examine enfin son cas.

Ils sont retraités, militaires, gérant de magasin, infirmier, professeur des écoles, policier, préparateur en pharmacie, assistant de direction… Leur chemin a croisé celui d’un maçon varois, Les Maisons de Loucas, qui leur a inspiré confiance. Acheter un terrain, construire une villa, rénover… Ils ont cru en nous.

Dépôt de bilan

Pour ceux qui pensaient réaliser un projet de vie ou un rêve de retraite, le désamour a été violent. Lire aussi : Comment déboucher le drain : 10 trucs et astuces !. En juillet 2020, le constructeur dépose le bilan, les travaux restent inachevés.

Selon nos informations, une quinzaine de clients ont réclamé plus d’un demi-million d’euros de dommages directs, correspondant à des sommes versées pour des travaux qui n’ont jamais été achevés. Sans parler de l’argent nécessaire pour reprendre le travail. Hébergement. Et il espère terminer sa maison.

Un jeune couple et leur enfant se sont retrouvés avec des murs en parpaings, sans toit ni fenêtres, et « au moins 100.000 euros de perdu ». Beaucoup ont laissé leur sommeil ici, en plus de leur compte bancaire.

Un couple de retraités se retrouve banni de la banque. D’autres estiment l’addition à plus de 400 000 euros entre les fonds versés en perte et la reprise du chantier.

Lundi 15 novembre 2021, c’est devant le tribunal correctionnel de Toulon que toutes les parties au procès semblaient unies. Enfin presque tout le monde, car le principal intéressé, A.M. qui devait s’expliquer et se défendre, a été appelé en arrêt maladie. L’ancien gérant des Maisons de Loucas n’est pas venu. « Un snob de la justice », a tonné une partie civile.

L’ex-dirigeant était représenté, puisque son avocat (du barreau d’Avignon) avait envoyé un avocat (du barreau de Toulon) pour demander le report de l’audience. Les parties civiles ne sont pas revenues, elles n’ont pas compris. Le procureur n’a pas apprécié « le manque de courtoisie [de la défense] en n’avertissant personne ». Mais le report a été accordé.

Ceci pourrez vous intéresser :
Taux d’attrition, inflation… Le contexte pèse sur les projets des emprunteurs !…

« Droit sacrifié »

« Les droits des victimes sont sacrifiés », déplore l’avocat de plusieurs parties civiles, Me Balmeur, le seul à avoir protesté à l’audience. « Ce sont des victimes qui paieront leur crédit pendant vingt ans et qui n’ont rien. Lire aussi : Comment estimer le juste prix d’une maison ? | SeLoger immobilier. Ce sont des projets de vie réduits à néant. »

À Lire  "Atypique", "senior", "updating" : décrypter le langage des agents immobiliers

Du côté de l’audience, Me Damien Balmeur considère qu’il fait face à « un dysfonctionnement de la justice », qui se traduit, selon lui, par une perte de confiance dans l’institution.

Même lorsqu’ils pensent avoir raison, « certains ne veulent plus porter plainte, ils préfèrent perdre de l’argent et essayer de partir ».

Avec près d’un an de décalage entre deux audiences, la justice fragilise-t-elle ? Toulon ne ferait pas exception. « Au tribunal de Draguignan, les termes sont comparables. » Rien de réconfortant.

Ceci pourrez vous intéresser :
essentiel Récemment, les plombiers et les chauffagistes ont été très occupés à…

Ce qui est reproché

La société Les Maisons de Loucas est en liquidation judiciaire depuis le 7 juillet 2020. Lire aussi : MAISONS BEBIUM : un réseau de franchisés spécialisé dans la construction de maisons bioclimatiques. Son ancien dirigeant doit comparaître pour d’éventuelles atteintes autour de la légalité des contrats qu’il avait signés (de 2018 à 2020). Avec ses clients, il a toujours affirmé sa bonne foi et sa bonne volonté.

Dans l’attente de son procès, où il pourra se défendre sur chacun des points soulevés, l’ancien entraîneur reste présumé innocent.

Il devra aussi s’expliquer sur un prêt garanti par l’Etat d’un montant de 80.000 euros, obtenu « en produisant une fausse attestation » selon l’enquête.

&#xD ;

&#xD ;

Brad Pitt : en pleine polémique, l'acteur fait un gros don pour une bonne cause
Sur le même sujet :
Quatre ans après avoir été poursuivi par des habitants de la Nouvelle-Orléans,…

Une cascade de préjudices

Enfin, il doit répondre d’un soupçon de faillite, de ne pas avoir tenu de comptabilité. Au cours de l’enquête, les gendarmes l’ont entendu en garde à vue, à deux reprises. L’ancien dirigeant avait reçu sa convocation le 17 septembre 2021, soit deux mois avant la date de l’audience.

Elle a engagé un avocat pour se défendre six jours avant le procès. Il n’a pas été possible de la contacter. Son avocat n’a pas répondu à nos demandes.

Certains se décrivent comme de « petites » victimes, « presque chanceuses », car elles n’ont perdu que 5 000 ou 6 000 euros. La somme était destinée à lancer son projet immobilier, faire des plans et préparer une demande de permis de construire. Ce fut le cas de deux villas à Forcalqueiret et une à La Crau. Aucun ne s’est concrétisé.

D’autres ont laissé 5 000 euros de plus, dans le compromis pour la vente d’un terrain à Belgentier… jamais acheté. Pour ceux dont le travail a vraiment commencé, les sommes sont plus élevées.

Une institutrice et son mari, un marin de Toulon, ont été payés 110 000 euros, mais seulement le tiers du travail effectué, sur un terrain de Solliès-Ville. Leur enfant est né, bien avant la fin de la construction. Ils ont 25 ans de crédit devant eux avec des mensualités de 2 000 euros.

A Cuers, une famille « subit chaque jour les conséquences » de son chantier inachevé. « On a eu les clés pour deux Noëls, résume un couple de militaires. Aux 60 000 euros perdus on a ajouté la reprise des travaux. Et c’était très difficile de trouver une entreprise qui accepte le chantier.

À Lire  À La Paz, le cliquetis des machines des écrivains publics résiste à l'épreuve du temps

Au quotidien, « on regarde l’argent qu’on met pour la grand-mère ».

Toujours à Cuers, pour la rénovation d’un immeuble ancien, le préjudice allégué par un autre client s’élève à 45 000 euros. « Je ne récupérerai jamais mon argent. Et je ne vous parlerai même pas des dommages pour la santé. » Indigné, le Varois se souvient « avoir signé le plus gros chèque de sa vie, 56.000 euros ». C’était sa première partie.

Entre droit de la défense et engorgement du tribunal

Un autre individu a fait progresser son site « dans un bras de fer permanent et épuisant ». Sa nouvelle maison est « bâclée », dit-il. Il doit « finir [lui-même] le travail ».

Il est démissionnaire. « Je n’y crois plus. J’ai abandonné l’affaire. Ça ne mènera à rien. » Il y a sa perte sèche à 20 000 euros.

Demandé par la défense, l’ajournement du procès à une date ultérieure a été accepté.

Cette décision a été prise « pour faire respecter le principe du respect des droits de la défense », explique Antoine Barat, le procureur présent à l’audience du 15 novembre. Le magistrat rappelle que le bénéfice d’un licenciement « n’est jamais un droit ».

Au tribunal, c’était cinglant

&#xD ;

&#xD ;

Ce n’est donc ni automatique ni systématique. Cependant, le plus souvent, un non-lieu est accordé, lorsque la défense le demande et que c’est la première fois qu’il est fait. En dehors de ce cas, il existe de nombreuses circonstances qui peuvent légitimer un licenciement (problème de santé par exemple). Enfin, une fois qu’il a été dûment cité, un suspect est jugé à la date annoncée, même en son absence, et même s’il n’a pas désigné d’avocat pour le défendre.

En temps normal, le délai entre deux dates d’audience est de quelques mois. Et pas avant presque un an. « Le tribunal a souffert de la grève des avocats, puis de la crise sanitaire », poursuit le représentant du parquet de Toulon. Sans oublier « le problème des violences conjugales, qui a explosé depuis 2019. Un énorme travail supplémentaire doit être assuré ».

« On est sous le choc, on ne s’attendait pas à ça. Pas un tel retard ! » Les mots ont fondu, après l’audience de redressement à Toulon. Cela n’a duré que quelques minutes. Ce n’est pas grand-chose, quand on a vécu des mois de conflits, de tensions, quand tant d’argent est en jeu. L’espoir est parti. « Nous sommes des victimes et nous n’avons pas reçu de cadeau. Au tribunal, c’était choquant. »

Chantal et Jean-Paul étaient présents lorsque le tribunal a jugé que l’ancien gérant du constructeur n’avait pas l’intention de venir s’expliquer. Pas ce jour-là en tout cas.

« Pour nous, cette affaire est une catastrophe, confie le couple, qui se lance dans la rénovation d’une maison sur les hauteurs des Issambres, à Roquebrune-sur-Argens. Ce n’est pas seulement le chantier inachevé, mais les travaux de rénovation miné. la solidité de la structure. Un expert a relevé huit points de désordre. C’est une perte majeure.

Un mur de soutènement devait être construit en urgence, pour préserver les fondations : l’engin de chantier avait ouvert un point de passage aux hussards, abattant les arbres qui retenaient le sol. Le mur coûte 18 000 euros.