Dois-je être sécurisé dans le métaverse ?

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En début d’année, Axa France a annoncé l’acquisition d’un terrain virtuel sur la plateforme The Sandbox. De nombreux agents généraux sont également en train d’ouvrir leur agence dans le métaverse, ce réseau d’environnements virtuels connectés vers lequel semblent se diriger tous les acteurs du numérique (réseaux sociaux, éditeurs de jeux vidéo, etc.).

Ce nouveau terrain de jeu pour les internautes du monde entier pourrait représenter un marché de plus de 700 milliards de dollars d’ici cinq ans, que le secteur de l’assurance entend investir. Mais comment? Et avec quelles ambitions ? François-Xavier Combe, fondateur d’Easyblue, plateforme digitale d’assurance, nous explique ce nouveau défi majeur.

Qu’entend-on par metaverse aujourd’hui ? Est-ce déjà une réalité ?

Aujourd’hui, il existe déjà plusieurs métavers, on peut penser par exemple à Sandbox, ou à d’autres plateformes. À cet égard, la première rampe de lancement, ce sont les jeux, beaucoup partent de là. Les jeux en ligne, et les jeux vidéo comme Fortnite, génèrent un énorme engouement et un précurseur de ce que pourrait être le métaverse demain. Il y a quelques années, par exemple, un concert était organisé sur Fortnite, auquel les joueurs assistaient dans le monde virtuel du jeu. On est encore au début de l’histoire, mais ça s’accélère beaucoup dans certains domaines. Et lorsqu’un tel univers se structure, c’est là que la question de l’assurance commence à se poser. Pour être complet sur ce que l’on peut imaginer des métaverses, on voit déjà que la révolution viendra du fait que toutes les plateformes seront interopérables et connectées les unes aux autres. C’est déjà une partie de ce que l’on remarque en ligne aujourd’hui : quand on joue, on gagne des récompenses : des vêtements (skins), des jetons (tokens), des NFT, etc. Cet élément gagné pourra être utilisé dans des jeux ou d’autres environnements, notamment comme monnaies d’échange. Dans ce vaste monde virtuel, tout coule d’un jeu à l’autre, tout en construisant des ponts avec le monde réel. Bientôt on pourra aussi assister à un événement dans le métavers, y faire du shopping, se connecter avec un coach sportif qui vous fait courir en vrai pour accumuler des points ou des lots virtuels.

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Le premier type d’assurance qui vient à l’esprit est donc la couverture de ces biens virtuels 

Il faut être clair, on n’en est encore qu’au tout début, c’est un peu comme au milieu des années 90, après deux décennies de développement assez confidentiel, Internet commençait tout juste à exister. On s’est dit, « super, on va pouvoir s’envoyer des mails, mais qu’est-ce que ça change fondamentalement ? » « . Les questions sur le métaverse sont un peu du même ressort, c’est difficile à projeter. Pour le moment, il semble que la technologie blockchain jouera sans aucun doute un grand rôle. Pour l’instant, les données appartiennent presque exclusivement aux GAFAM, malgré le RGPD , et ces entreprises la monétisent. Grâce à la blockchain, on peut imaginer que dans le futur nous serons propriétaires des données qui sont les nôtres, des contenus que nous produisons, de nos photos, etc. Ceci pourrez vous intéresser : Le LM et l’assurance-vie, 2 excellents outils à transmettre dans une famille mixte. Tout sera certifié mien. monde décentralisé, dans lequel on ne passe plus uniquement par les principaux acteurs et/ou institutions. Tous les utilisateurs deviennent garants de leurs « biens » virtuels. Comme dans le cas d’Internet à ses débuts, nul doute qu’il y aura un « tarif- ouest » dans un premier temps, puis réglementation, qui passera notamment par la protection de ce bien, notamment par le biais d’assurances.

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« Certaines personnes achètent déjà des terrains dans le métaverse, où des agents immobiliers virtuels sont présents. Imaginez que vous construisiez votre propre univers à partir de cette terre : des questions de propriété matérielle et intellectuelle se poseront. La création d’un principe d’assurance est donc nécessaire ».

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Est-il possible de se faire voler des données sécurisées par la blockchain ?

La création du métaverse conduit déjà à la création d’un marché, c’est-à-dire d’un lieu d’échange de crypto-monnaies, de NFT, etc. Tout cela reste « volatil ». Malgré un système ultra-sécurisé, le principe de la cryptographie repose par exemple sur le fait qu’une clé privée est utilisée. Si je me le fais voler, je serai exposé au vol de mes données. De même pour les plateformes de trading qui servent à échanger des cryptos : s’il y a une brèche et que je les perds, puis-je être assuré ? Cette réflexion peut être étendue aux collections de NFT. Certaines personnes achètent déjà des terrains dans le métaverse, où des agents immobiliers virtuels sont présents. Imaginez que vous construisiez votre propre univers à partir de cette terre : des questions de propriété matérielle et intellectuelle se poseront. La création d’un principe d’assurance est donc nécessaire. De plus, en se protégeant virtuellement, on peut imaginer des applications d’assurance dans la vraie vie. J’ai mon (vrai) véhicule avec tous les capteurs qu’il peut avoir aujourd’hui, et son avatar (virtuel) dans le métaverse. Ma façon de conduire me procurera des avantages sur mon contrat d’assurance : des applications comme « aides à la conduite » ou « pay as you drive » utiliseront mes données et me rapporteront des points bonus dans le métaverse. On peut aussi imaginer de nombreuses passerelles entre vie réelle et vie virtuelle pour les mutuelles de santé : si je fais du sport dans la vraie vie, débloque des récompenses pour mon avatar dans le métavers, etc. L’assurance se fera dans les deux sens : pour protéger les créations de valeur dans le métaverse et pour construire des ponts entre la vie réelle et la vie virtuelle.

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Décision - Recours n° 20-16.237
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Peut-on aussi imaginer aussi de l’assurance de personne ?

Oui, je pense qu’on va rejoindre le genre de garanties qu’on connaît dans le monde réel, qui sont applicables au monde virtuel : atteinte à la réputation, malveillance, etc. Certainement aussi avec des couches de cyber-assurance. Ce sera sûrement le même ensemble, si par exemple quelqu’un copie mon avatar, comment puis-je protéger mon identité ? Ma propriété intellectuelle ? Tout cela doit être assurable. Un client photographe, par exemple, réalise des images uniques : pour sécuriser ses œuvres et ses clients, il a créé des NFT qui sont toujours attachés à la création physique. Sur le même sujet : Assurance multirisque et clause de non-responsabilité. En tant que collectionneur, il souhaite sécuriser sa collection de NFT, dont il est le propriétaire intellectuel. Nous sommes déjà très intéressés par cette technologie émergente et les tendances qu’elle induira. Nous venons également d’acquérir la plus grande équipe française d’e-gaming, appelée Karmine Corp, et cela symbolise notre volonté d’être pionniers dans cet univers. L’idée est de pouvoir assurer les joueurs : si le Cristiano Ronaldo du e-gaming se casse la main, comment va-t-il dédommager son équipe ? Nous voulons convaincre les porteurs de risques que, malgré une application virtuelle, c’est vraiment important.

Existe-t-il déjà des assurances de NFTs ?

Il est encore très tôt, et nous verrons ensuite quel est le modèle final. Sur les plateformes, lorsque vous avez des cryptos et un compte, vous pouvez faire du staking, c’est-à-dire les garder dans un portefeuille, puis miser à la hausse ou à la baisse. Lire aussi : Responsabilité civile des entreprises : qu’est-ce qu’une assurance ?. Là aussi, on peut penser l’assurance dans une dimension FinTech, à l’image de ce qui existe déjà dans le monde financier pour l’assurance des titres financiers.

Quel est l’horizon pour voir émerger le metaverse que vous décrivez ?

Je dirais d’ici cinq ans. Nous assistons actuellement à une très forte accélération, mais il existe encore des barrières technologiques. L’interopérabilité est en marche, et il est indispensable d’avoir un seul et unique métaverse, pour changer d’espace virtuel sans avoir à se déconnecter, à quoi ressemble l’Internet actuel.

Quelle place souhaitez-vous prendre sur ce nouveau marché ?

Chez Easyblue, nous voulons être des acteurs de l’innovation pour nos clients entrepreneurs, et être leaders sur ces sujets. Par exemple, j’ai participé à l’une des premières foires internationales à Dubaï, qui a tenu compte des progrès que nous avons évoqués. Avec notre levée de fonds, nous avons développé notre robot conseiller, et nous souhaitons digitaliser tout l’environnement assurantiel des managers : protection sociale, mutuelle, prévoyance, etc. Mais nous avons aussi l’ambition de nous tourner vers de nouveaux métiers, notamment salariés, auto-entrepreneurs ou encore artisans, notamment avec une formule de garantie numérique décennale.