Michael Stora, psychologue et psychanalyste, estime, dans un entretien au « Monde », que les réseaux sociaux contribuent à accroître l’engouement pour la médecine esthétique chez les jeunes.
Les réseaux sociaux participent à l’uniformisation des visages et à l’avènement d’un « esthétisme tyrannique », juge le psychanalyste Michael Stora, auteur de Netwerks (a) social (Larousse, 2021).
Les réseaux sociaux modifient-ils la perception que les jeunes ont de leur apparence ?
Après avoir amplifié le phénomène de l’anorexie, les réseaux sociaux créent une forme de dysmorphophobie sociétale. En regardant à travers des filtres photo qui gomment toute imperfection, le moindre défaut physique devient une obsession. A voir aussi : Entre tradition et bien-être animal, l’interdiction de la tauromachie est-elle inévitable ?. Aujourd’hui, les jeunes ne veulent plus ressembler à des célébrités, mais à une forme améliorée d’eux-mêmes.
Les filtres Instagram donnent deux principaux types de visages : un visage compact, qui creuse les joues et rehausse les joues. C’est un standard de beauté qui existe depuis longtemps – certaines actrices hollywoodiennes se sont fait arracher les dents de sagesse pour se tailler les joues et affiner le visage – et c’est toujours à la mode dans les grandes villes comme Paris, où la minceur est valorisée. L’autre type de visage créé par les filtres est plus étonnant : c’est l’effet manga, avec de grands yeux, une grande bouche et un petit nez. Il ressemble à un garçon, mais avec un corps hypersexuel.
Faites-vous un lien entre l’utilisation des filtres et l’attrait des jeunes pour la chirurgie esthétique ?
L’engouement pour la chirurgie esthétique est très clairement porté par les réseaux sociaux. Certains médecins se transforment même en influenceurs sur Instagram, c’est un très gros profit pour eux. Je ne suis pas moraliste, je ne suis pas contre la chirurgie esthétique, mais on est en train de passer d’une médecine restauratrice à un esthétisme tyrannique. Voir l’article : Sommeil : 5 épices et herbes aux propriétés relaxantes. Les injections, par exemple, ont une durée éphémère, leur effet disparaît au bout de trois ou quatre mois. Peut-être découvrirons-nous une jeune génération qui développe une dépendance à ces injections comme moyen de continuer à correspondre à jamais à un idéal.
Comment lutter contre la dysmorphophobie sociétale ?
C’est très compliqué. Comme le disait le pédiatre et psychanalyste anglais Donald Winnicott, le précurseur du miroir est le visage de la mère. Les jeunes vivent dans l’image idéalisée de l’amour inconditionnel, ils se regardent beaucoup, ils se laissent emporter par le désir du bébé. Les réseaux sociaux accentuent ce phénomène. En montrant que la beauté est aussi une différence, le « body positive », mouvement qui favorise l’acceptation de soi, apporte une solution intéressante. Voir l’article : L’histoire de la chirurgie plastique est passée sous le bistouri. On peut aussi envisager des entretiens psychologiques avant une intervention esthétique, pour découvrir si la demande d’intervention ne cache pas une symptomatologie plus profonde. Sinon, c’est comme si un médecin prescrivait un antidépresseur sans référer le patient à un psychologue : appliquer un pansement plutôt que de travailler sur les sources du problème n’est jamais efficace.
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