« L’engagement s’apprend. » La maxime pourrait bien s’inscrire sur le fronton du futur lieu du Bachelor Act, au Learning Planet Institute. Un centre de recherche pluridisciplinaire, au cœur de Paris, où cette nouvelle formation post-bac fera ses débuts en septembre. En attendant, il apparaît en majuscules dans sa plaquette de présentation. Juste à côté des logos de Cergy Paris University (CY) et de l’Essec, une prestigieuse école de commerce française dont le campus principal est à Cergy.
Depuis 2017, les deux établissements se sont rapprochés dans le cadre du programme « Initiative Excellence », qui vise à créer un territoire d’excellence académique dans l’ouest de la région Ile-de-France. « Il y a des échanges de professeurs, d’étudiants, des programmes de recherche communs, une stratégie de développement à l’international… », commence Aymeric Marmorat, qui sera en charge de la direction exécutive de la loi sur les diplômes. Mais l’enjeu est aussi d’élaborer une feuille de route globale qui intègre les enjeux de la transition vers un monde durable à tous les niveaux, de l’organisation du campus à la recherche et à l’enseignement. »
« Comprendre toute la complexité des transitions »
Ce « Bachelor Act » s’inscrit dans cette démarche. La formation post-bac a pour objectif de former ceux qui, demain, conduiront les transitions en trois ans. « Pas seulement écologique mais aussi social et démocratique, dont on n’a pas voulu décorréler les enjeux tant ils sont liés », précise Aymeric Marmorat. Lire aussi : Agence SEO – Quelle est la meilleure en 2022 ?. au programme ? Sciences dures (bio, physique, chimie), mais aussi des cours de sociologie et d’anthropologie, de sciences politiques, d’administration ou de philosophie. « L’enjeu pour les étudiants est d’appréhender toute la complexité de ces transitions à toutes les échelles, poursuit Aymeric Marmorat. De la planète et du vivant à l’être humain, en passant par la société et les organisations (entreprises, collectivités, associations). »
C’est le premier point fort du Bachelor Act pour Amélie Deloche, consultante en transition écologique et jeune diplômée de l’ESC Grenoble. Il a continué à être membre de « Pour un réveil écologique ». Un collectif né du manifeste signé en septembre 2018 par 32 000 étudiants, majoritairement issus de grandes écoles, demandant une meilleure prise en compte des enjeux écologiques par leurs futurs employeurs, mais déjà, aussi, par leurs écoles. « Même si ça commence à changer, l’idéal de travailler pour le grand capital, le « big four » des cabinets de conseil, est encore très ancré, ça commence. Cette licence en droit bouscule les codes avec une pluridisciplinarité rarement rencontrée dans les cursus traditionnels. Cela ouvrira de nouveaux imaginaires et, par extension, de nouveaux débouchés. »
En phase avec le rapport Jouzel
Cette formation très pointue existe déjà au sein des Grandes Ecoles, « mais au niveau master », convient Gérald Majou de la Debuterie, responsable du développement durable à la Conférence des Grandes Ecoles, association qui en regroupe 227. Auparavant, notamment en licence [cours en trois ou quatre ans après le bac], « on est dans une démarche classique où l’on digère les savoirs ‘en silos’ [sans forcément faire le pont entre les matières] ». Un cadre en train d’être secoué ? En février 2020, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, a demandé à un groupe de travail présidé par le climatologue Jean Jouzel de réfléchir à comment « enseigner la transition écologique dans l’enseignement supérieur ». Les résultats ont été publiés le 16 février. Sur le même sujet : Salon Occitanie Business : la 18e édition de l’entrepreneuriat dans le sud de la France. Principale recommandation : « intégrer la transition écologique dans les enseignements existants, avec pour objectif de former 100 % des élèves de niveau Bac + 2, quelle que soit leur filière, dans un délai de cinq ans.
La loi sur les licences est là. L’idée est d’aller encore plus loin que la simple compréhension des enjeux des transitions. « Un autre axe fondamental sera de développer l’esprit critique de nos étudiants, explique Alexis Mormoral. Autrement dit, leur apprendre des méthodologies d’enquêtes, de décryptage d’informations et de rapports scientifiques tels que ceux produits par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Tout d’abord, la loi Graduate entend donner les clés pour pouvoir agir. A l’issue des trois années, les étudiants doivent être capables de concevoir et de mener un projet, « du développement d’un business model au marketing et à la communication, en passant par les notions de base du droit », précise Aymeric Marmorat. « La gestion des projets de transition nécessite aussi des profils très différents pour travailler dans le même sens », poursuit-il. Ingénieurs, chefs d’entreprise, techniciens, élus… Nous travaillerons dur sur le management d’équipe, la capacité à débattre aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. »
Pas de cours magistraux mais une pédagogie par l’action
Copieux programme, donc. Mais cela devrait en rassurer plus d’un, la loi Bachelor ne prévoit pas de partiels ni de conférences. « On va être beaucoup sur le terrain, promet Aymeric Marmorat. Voir l’article : [ PUBLICITÉ ]Spécialiser en sécurité informatique : un métier d’avenir. Les étudiants doivent réaliser un bilan carbone et un diagnostic du territoire, pour créer une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS). C’est dans la représentation de ces projets qu’ils seront notés. Chaque année comportera également des périodes de stage, la troisième pouvant se faire en alternance et prévoyant, à défaut, un semestre à l’étranger.
C’est une autre pierre angulaire du diplôme en droit: les leçons sont apprises par l’expérience. Encore une fois, Aymeric Marmorat veut s’adapter aux attentes des nouvelles générations, alors qu’un jeune sur deux déclare souffrir d’éco-anxiété, selon certaines études. de sa capacité à agir, analyse-t-il. Nous cherchons à le leur rendre avec l’idée qu’au fil des trois années et des projets qu’ils mènent, ils découvriront progressivement leur chemin. »
Entrer dans le monde pro ou poursuivre en master
Aymeric Marmorat pointe les carrières du développement durable, de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), du développement territorial comme des parcours professionnels pour ses futurs étudiants… ESS », énumère-t-il, avec la certitude qu’il y aura des postes à pourvoir. Il cite notamment l’étude 2021 de Birdeo, cabinet de recrutement spécialisé dans la RSE, selon laquelle 40% des managers envisagent d’embaucher des professionnels du développement durable dans les douze prochains mois. Mais l’entrée dans le monde professionnel n’est pas la seule option après le Bachelor Act : « Une autre est de prendre tel ou tel master en vue d’une spécialisation », poursuit-il. Nous en avons identifié au moins seize qui correspondent très bien. »
Les futurs diplômés avaient jusqu’à mardi soir pour réaliser leurs dix souhaits de formation Parcoursup. « Cent soixante étudiants, venus de toute la France et même de l’étranger, avaient inscrit le Bachelor Act sur leur liste », a déclaré vendredi dernier Aymeric Marmorat. Suffisant a priori pour couvrir la trentaine de places ouvertes pour le premier départ du parcours. Bien que, à ce stade, le directeur exécutif de la licence en droit dise que c’est un peu vague. « Certes, la formation porte la marque de l’Essec et du CY, mais il faut toujours une dose de courage pour se lancer dans un nouveau parcours », précise-t-il. Mais justement, la transition demande le courage de chacun. A terme, la Licence Droit espère accueillir 150 étudiants par an.