La fresque Sourire de Reims (Marne) a pu être aperçue par des automobilistes sur la façade d’un immeuble de la route nationale N51 entre 1988 et 2022 (année de sa reprise pour travaux d’isolation). Depuis le dimanche 4 septembre, un nouveau a été peint par Céz Art.
Des générations de personnes vivant ou de passage à Reims (Marne) ont vu cette fresque. Le Sourire de Reims, avec son célèbre Ange au Sourire surplombant les principaux monuments de Reims et une flûte de champagne Abelé.
Près de 40 ans de souvenirs ne font pas le poids face à la transition écologique et énergétique. La façade du bâtiment, où la peinture murale a été peinte en 1988, devait être recouverte d’une nouvelle isolation afin que les personnes vivant à l’intérieur gaspillent moins en chauffage. Cela a été fait à la mi-juillet 2022.
Désormais, la foule d’automobilistes empruntant la route nationale N51 pour se rendre à Reims ne bénéficierait plus de la vision de cette fresque (il y en a pas mal dans la ville). Un jalon géographique et artistique devenu un symbole de Reims à part entière (voir sa localisation sur la carte ci-dessous).
Le remplacement de la fresque n’était pas évident et n’avait pas été enregistré. Au milieu de l’été, l’Agence Moderne Rémoise (AMR), c’est-à-dire le syndic de l’immeuble, a indiqué à France 3 Champagne-Ardenne que le sujet serait traité lors d’une réunion fin août.
Cela n’a pas duré longtemps, et la fameuse réunion a évidemment été productive. Depuis les derniers jours du mois, de nouvelles couleurs sont apparues sur la toute nouvelle façade. Un peu plus brillant que les précédents utilisés par Philippe Bretancourt dans les années 80…
Nous sommes alors le 26 août 2022, et la nouvelle fresque du Sourire de Reims commence à apparaître sur la façade de l’immeuble situé au 26 rue de Taissy.
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© Grégoire Schott, France Télévisions
Au final, deux semaines auront suffi. « Le chef de projet m’a contacté », raconte l’artiste Céz Art, habitué de Reims depuis dix ans, qui a été choisi pour faire revivre Le Sourire. France 3 Champagne-Ardenne avait également peint son portrait en 2019. « J’ai été invité à venir voir le mur », ajoute-t-il. « J’ai fait une proposition, et on m’a donné carte blanche : il n’y avait pas de critères imposés. »
« J’ai choisi d’avoir une certaine continuité dans le thème avec la première œuvre. Ils ont aimé, après quoi nous avons cherché des financements. Nous avons d’abord approché la mairie, qui était ravie du projet. . » L’artiste n’explique pas pourquoi il a été choisi, même si « ce sont des Rémois. Ils ont dû entendre parler de mon travail ».
« L’idée était de reprendre le thème de cette fresque. C’était une fresque historique. L’idée n’était donc pas d’apporter quelque chose de complètement différent. Nous sommes à l’entrée de la ville, il fallait proposer quelque chose – ça me paraissait évident – qui représente Reims et ses symboles culturels, historiques, et son terroir. »
« J’ai essayé de suivre cette ligne tout en gardant mon style graphique et personnel. J’ai essayé de faire un compromis entre ce que je fais habituellement et ce thème, pour être dans la continuité de la fresque ancienne. Il s’agit donc d’une modernisation de la fresque ancienne, avec un plus côté art urbain, ma touche personnelle. » (voir le comparatif avec le comparateur interactif ci-dessous)
Les nouvelles couleurs s’entrechoquent, mais on sent bien l’inspiration de la fresque originale avec le retour de l’Ange au Sourire. Flanqué d’un bel oiseau, principal apport de cette néo-fresque de 20 mètres de haut. « C’est une mésange bleue. »
« C’est un oiseau local typique, du nord de la France, qui symbolise un peu le patrimoine naturel de Reims. Je travaille habituellement et uniquement sur le thème du bestiaire, donc un animal était absolument nécessaire dans la fresque. De plus, la mésange respecte le code couleur parfaitement, avec le bleu roi et le doré. » Comme les lys de la royauté.
« Le patrimoine naturel comprend aussi la terre et les raisins. » C’est plus « subtil » que l’ancienne bouteille d’Abelé, la référence est discrète. « Le patrimoine culturel, historique est représenté à travers l’ange, la fleur de lys pour la royauté, le laurier, les bulles de champagne. Je voulais avoir tous les aspects. » L’artiste ajoute que le fait que l’ange tient des raisins face au vol de l’oiseau apporte « de la légèreté, du mouvement. Cela raconte une histoire un peu différente : l’oiseau virevolte autour de l’ange et veut peut-être lui voler un raisin ».
« J’espère qu’elle durera aussi longtemps que la première fresque », commente Céz Art quand on lui fait remarquer que deux générations de Rémois et de Rémoises ont défilé devant celle de 1988 (il en faisait partie). « C’était l’enjeu de cette œuvre, sur un mur que l’on connaît, devenu presque historique avec le temps : des générations l’ont vu. Nous avons tout fait pour reprendre les codes de la première fresque, que nous soyons une sorte de totem immédiatement identifiable à l’entrée de la ville. »
J’espère que les gens se l’approprieront et qu’il s’intégrera dans le quotidien de chacun.
Céz Art, artiste auteur de la nouvelle fresque Sourire de Reims
Comme un clin d’œil, il précise que « l’ancienne fresque existe toujours. Elle est juste recouverte. J’aime la métaphore du livre : c’est comme si on avait tourné la page de 1988 et ouvert la nouvelle page de 2022 par dessus. J’espère que les gens va se l’approprier et qu’il s’intégrera dans le quotidien de chacun. Il a plutôt bien réagi, j’ai eu beaucoup de retours, je ne pense pas qu’il n’y ait pas eu de points négatifs. » L’artiste précise que pendant la peinture, « des gens venaient tous les jours pour prendre des photos. Un monsieur conduisait une heure tous les deux jours pour nous photographier et nous parler : il était super content et a suivi presque tout le travail ». Les gens de l’immeuble ont également encouragé nous quand on les rencontrait tous les jours, ils disaient que c’était super. Que de très bons retours », s’enthousiasme-t-il (voir d’autres réactions d’amélioration sur le post Facebook ci-dessous). sous).