Ernesti met les étudiants dans le lit des personnes dépendantes

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Lorsque son mari est décédé il y a cinq mois, Madeleine, 88 ans, ne se voyait pas dormir seule dans son appartement du XVIe arrondissement de Paris. Alors sa fille a postulé pour le poste d’Ernesti. La plateforme organise des activités nocturnes dans les maisons de retraite. « Tous les jours, des étudiants viennent passer la nuit chez maman », raconte cette dernière. « Ils ne font aucun travail médical, mais ils sont là pour que vous vous sentiez à l’aise avec elle. »

En pensant à ce projet, Quentin Zakoian et sa sœur Séverine se sont inspirés de l’expérience de leur mère, médecin généraliste dans la région bordelaise. « Elle a beaucoup d’aidants familiaux en hospitalisation qui ont des solutions pour s’occuper de leurs proches âgés le jour, mais se retrouvent en difficulté le soir », a expliqué la jeune ingénieure centralienne. « Les organismes d’aide peuvent certes intervenir, mais à un coût trop élevé pour de nombreuses familles. Alors le frère et la sœur ont décidé de proposer une alternative en regroupant les élèves sains.

Ils publient un appel à candidatures sur la page des Carabins de Bordeaux et enregistrent une centaine de réponses en moins de deux heures. Trois ans plus tard, leur plateforme compte 14 000 abonnés à travers la France, dont plus de 700 actuellement actifs. « Tous les candidats doivent nous fournir un certificat de scolarité, un extrait de leur casier judiciaire et une courte vidéo de présentation. Ensuite, ils sont auditionnés par groupe de 5 ou 6 », précise l’homme d’affaires.

Le dispositif a immédiatement mis Mireille Souvignet, la soignante de son frère, trisomique, et de sa tante, atteinte de la maladie d’Alzheimer, en toute sécurité. « Après deux chutes consécutives, j’ai cessé de vouloir les laisser la nuit, mais je ne voulais pas les mettre à l’hôpital à cause des coups », a-t-elle déclaré. « Le système présenté par Ernesti m’a trompé par son importance. Le fait que vous ayez aussi affaire à des jeunes qui ont l’habitude de s’occuper des autres et qui savent quoi faire en cas d’urgence est très réconfortant. »

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Bien sûr, ce service coûte cher. Mireille paie environ 300 € par mois. « Mais ma tante et mon oncle profitent davantage de leur niveau de présence que de ce qu’ils auraient dans leur maison de retraite », a-t-elle déclaré. Les étudiants, quant à eux, perçoivent 50 € net par nuit de 20h à 8h.

« Outre les revenus, ce projet a l’avantage d’être à 100% équivalent à une éducation à la santé », souligne Quentin Zakoian. Ana Aiello, 20 ans, s’est dite heureuse de cet incident. « Pendant la crise du Covid, j’ai été enfermé dans mon village ancestral. J’ai vu la solitude dans laquelle se noient beaucoup de personnes âgées », raconte cet étudiant en troisième année d’école d’infirmière à Marseille. Sous presse Dès octobre 2021, elle propose ses services à Ernesti. Elle est immédiatement choisie pour s’occuper d’un homme de 84 ans atteint de la maladie d’Alzheimer.

« On partage quelques repas, on regarde la télé ensemble et on parle beaucoup, d’histoire ou de voyages. Ça lui permet de se sentir moins isolé et met une touche de lumière dans son quotidien. Pour moi, il apprend que je dois m’habituer à les patients, parler prudemment… » Une stratégie réussie.