Le Nissan Ariya ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire de la marque. Est-il à la hauteur de ses concurrents ? Répondez avec ce premier Supertest.
Nissan a été l’un des pionniers de la mobilité électrique. C’est en 2010 que Yokohama dévoile la Nissan Leaf, qui se vendra à plus de 500 000 exemplaires à ce jour. Si la compacte continue doucement sa carrière avant son abandon définitif, la marque japonaise passe la seconde avec l’Ariya.
Ce SUV électrique se décline en différentes configurations pour répondre à tous les besoins et s’intégrer au mieux dans le marché déjà bien fourni des SUV électriques. Nous avons déjà eu l’occasion de récupérer la version d’entrée de gamme. Malgré sa faible consommation de carburant, que nous pensions favorisée par le terrain, sa supposée polyvalence s’est avérée juste pour le segment. Remettons donc le couvert avec la version 87 kWh pour l’étudier en détail.
Présentation du Nissan Ariya 87 kWh
La fiche technique
La Nissan Ariya est basée sur la plate-forme CMF-EV de l’Alliance, qu’elle a inaugurée avec le concept-car éponyme, dont elle reproduit également assez fidèlement les lignes. L’architecture est donc similaire à celle de la Mégane e-Tech, beaucoup plus petite, avec la présence de tout le dispositif électrique sous le capot, ce qui condamne l’espace. Cette version prévoit le choix d’une batterie de 87 kWh de capacité utile (91 kWh de capacité brute) à refroidissement liquide.
En attendant la version à deux moteurs électriques avec technologie e-4ORCE (comme sur le X-Trail e-Power), l’Ariya utilise une seule machine électrique à l’avant, exigée par la plateforme CMF-EV, donnant une puissance de 242 CV pour 300 Nm de couple. Sur le même sujet : Vous pouvez tout comprendre sur le scandale « Uber Files » en 5 points et 10 minutes. Cela supporte mieux la différence de poids de 142 kg par rapport à la version d’entrée de gamme (2 126 kg contre 1 984 kg). Le 0-100 km/h est donné pour 7,6 s, mais la vitesse de pointe de 160 km/h est inchangée.
Avec l’une des plus grosses batteries du marché, l’Ariya 87 a une autonomie de 533km, ou 525km dans cette configuration Evolve haut de gamme. Côté recharge, on retrouve un appareil embarqué de 7,4 kW AC (22 kW en option à 1 000 €) et un système DC de 130 kW via la prise Combo-CCS sur l’aile avant droite. Nissan annonce le temps de 5h00 pour faire le plein sur une borne murale de 7,4 kW. Sur les bornes rapides, il faut 30 min pour faire tourner 20-80% (ou 40 min pour 0-80%).
Toutes nos mesures de consommations du Nissan Ariya 87 kWh
Autonomie mixte : 534 km
Non, il n’y a pas de fautes de frappe, et oui, vous avez bien lu : le Nissan Ariya vient de se hisser en haut de notre podium pour la gamme mixte grâce à sa moyenne combinée de 16,3 kWh/100. Un résultat très surprenant pour un SUV qui, sur le papier, fait plutôt partie des mauvais élèves. Ceci pourrez vous intéresser : BMW M2 M xDrive (2022). Le coupé pourra bénéficier de la transmission intégrale. Sauf que le SUV japonais tient ses promesses quand il s’agit de notre circuit mixte et parvient même à dépasser la valeur d’homologation ! Et il est le seul à pouvoir le faire, pour le moment.
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Ce qui suscite en nous des doutes, qui nous poussent à refaire le test une seconde fois, le lendemain. Avec une température similaire de 17°C mais beaucoup plus de vent, nous avons mesuré 0,8 kWh/100 km de plus que par le passé (509 km d’autonomie). Avec ce second tour qui nie les causes qui auraient pu profiter à l’Ariya, le verdict tombe : le SUV japonais fait irruption dans la baraque. La sorcellerie? Presque, et nous avons plusieurs hypothèses que vous êtes invités à découvrir en fin d’article.
Le grand écart : de 372 à 719 km d’autonomie
En attendant, nous respecterons la présomption d’innocence lors de cette épreuve en nous fiant à l’ordinateur de bord. Et il affiche une consommation séduisante. Notamment en ville, où le SUV affiche en moyenne 13,9 kWh/100 km, soit 626 km d’autonomie compte tenu de la cylindrée totale annoncée. Voir l’article : Conseils d’un ancien banquier pour bien faire votre argent. Sur route comme sur autoroute, le poids et la silhouette affectent rapidement l’Ariya, avec des lectures respectives de 15,5 kWh/100km et 19,6 kWh/100km. Pour relativiser, la Nissan Ariya affiche alors une moyenne mitigée proche de celle de la Tesla Model Y Performance (16,4 kWh/100 km) ou de la Renault Zoé R135 (16,5 kWh/100 km). La Hyundai Ioniq 5 mesurée à 19,1 kWh/100 km est donc loin derrière.
S’il y a bien un exercice qui nous plaît, c’est celui-ci car il permet de faire le point sur une route ultra-favorable avec peu de principes de conduite écologique, et une situation inverse, où le véhicule n’a aucun répit sur l’autoroute à 130 km/h. Partons d’ici, où le Nissan Ariya affichait une consommation de 23,4 kWh/100 km, soit 372 km d’autonomie.
Mais nul doute que la technologie mécanique du groupe est particulièrement à l’aise à basse vitesse. Mais qu’elle fasse aussi bien que la Mégane e-Tech est encore plus étonnante. Car au bout de cette route départementale, on remarquait une moyenne de 12,1 kWh/100 km, soit une autonomie de 719 km ! Il faudra d’abord recharger la Model Y car nous avons ensuite calculé près de 590 km avec elle.
Consommations instantanées du Nissan Ariya 87 kWh
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Trêve comparative avec le SUV américain, surtout lorsque la vitesse augmente. A 110 km/h fixes, il faudra compter sur une consommation moyenne de 19,2 kWh/100 km, soit 453 km d’autonomie. A 130 km/h, la moyenne monte à 24,5 kWh/100 km, soit 355 km. Au final, à pleine charge, le dénivelé est de 98 km. C’est un écart entre ces deux valeurs de 21,63%, dans la moyenne haute de nos précédentes observations.
Comment toutes ces données sont-elles réunies lors d’un long voyage ? Avec une moyenne de 23,0 kWh/100 km au tour à l’issue des 500 km de référence qui séparent la périphérie lyonnaise de la porte d’Orléans à Paris, l’objectif de ce laboratoire de mesure. Ce qui équivaut, selon notre règle de base de trois, à une autonomie de 378 km. La Nissan Ariya de 87 kWh ne détrônera pas la BMW i4 eDrive40 (386km), mais elle est finalement plus généreuse que la Model Y Performance. Mais rappelez-vous qu’il a une batterie plus petite et une bien meilleure efficacité avec 21,5 kWh / 100 km enregistrés un jour de vent.
Performances du Nissan Ariya 87 kWh
Avec un réservoir plein au départ, il faudra compter sur 340 km avant de penser à la charge (à 10 %, donc). Ainsi, en respectant la « règle » des 10-80%, l’Ariya proposera une autonomie moyenne utile de 265 km. C’est une polyvalence parfaitement à la hauteur de ses exigences familiales et routières, dont ne bénéficie pas la version 63 kWh avec batterie trop faible.
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Confort et vie à bord
Avec 242 ch pour 300 Nm de couple, le SUV japonais a de la cavalerie à revendre pour la plupart des conducteurs. Malgré sa masse supérieure de 142kg par rapport à son homologue de 63 kWh, il affiche un rapport plus intéressant de 8,79kg/ch par rapport aux 9,10kg/ch de la version d’entrée de gamme. Étonnamment, le 0-100km/h annoncé ne fait pas mieux avec un temps officiel de 7,6s contre 7,5s. En cause : une courbe de couple encore plus douce pour ne pas saturer la face avant, qui seule doit digérer les 300 Nm.
Au volant, en effet, on sent un coup de boost un peu plus tard, qui atteint environ 35-40 km/h. Cependant, le chrono est bien plus lent dans la réalité, puisque notre boitier de mesure GPS a mesuré le 0-100km/h en 8.86s à 80% de batterie (8.40s en mode Sport). Toujours à cette même vitesse de charge, nous avons cadencé le 400 m D.A en 16,17 s, tandis que le 80-120 km/h lancé se fait en 4,71 s. Contrairement à beaucoup d’autres voitures électriques, et dans la lignée de ce qui a été observé avec la Mégane e-Tech, l’Ariya, quant à elle, conserve ses performances tout au long de la charge. De 80-120km/h (kick-down) en 5.18s à 80% de charge, nous avons mesuré 5.79s à 20% de charge. C’est très juste. Et ce même à 10 % de batterie, quand les chronos sont à éviter, avec un temps de 6,28 s.
La conduite est satisfaisante car la direction est agréable. On lui reprochera sans doute d’être trop muet, comme la plupart des chefs d’orchestre aujourd’hui, mais il est déterminé, assez direct et d’une belle régularité. La conduite est précise, même s’il est parfois difficile de savoir où se positionnent les roues, d’autant que les dimensions du SUV ne sont pas toujours faciles à appréhender. Le comportement est rigoureux avec une suspension suffisamment solide pour contenir au mieux les mouvements de caisse sans dégrader le confort, malgré quelques vibrations des roues. Mais on remarquera tout de même une légère propension à rouler, sans que cela soit vraiment dérangeant. Bref, la conduite de l’Ariya n’est pas dynamique, mais le plaisir est moins oubliable qu’à bord d’une Ioniq 5 par exemple.
Mais c’est à un rythme fluide qu’il est le plus apprécié. Car à son bord, le Nissan Ariya est digne d’un show japonais. La plate-forme CMF-EV a grandement libéré de l’espace, tandis que le design inspire le calme et la tranquillité. Ce qu’il est finalement avec un volume sonore plutôt bien maîtrisé sur la route. A 130 km/h le confort acoustique est parfaitement acceptable, malgré un léger sifflement venant de la base du pare-brise sans qu’on puisse en cerner la cause. Mais les bruits aérodynamiques autour de la cellule sont bien atténués. Il faut également noter que le lave-glace n’est pas un modèle d’efficacité avec des gicleurs trop localisés et qui ne s’activent qu’en position basse des essuie-glaces.
Consommations du Nissan Ariya : pourquoi nous avons des doutes ?
A bord, le conducteur remarquera très vite une différence de hauteur entre l’accoudoir de la porte et celui de la massive console centrale motorisée. Là encore, l’accoudoir de ce dernier est court et une fois complètement rétracté, le coude viendra reposer sur les commandes tactiles, en activant alors le mode e-Pedal Step (qui ne se déclenche qu’à l’arrêt complet de la voiture) ou en ouvrant la boîte à gants central, également motorisé. On regrettera cependant l’absence d’éclairage à l’intérieur de cette dernière (le « repos bento » manuel occulte la lumière), ainsi que le temps mis par la console centrale pour revenir d’un bout à l’autre : on a cadencé un temps de 9 s, quand ça prend au moins 2 s avec un système manuel comme sur la Ioniq 5.
Aussi, une fois de retour, sacrifiez la place arrière centrale et le passager central devra écarter les jambes. Dommage, car c’est l’un des rares à être accueillant avec son siège confortable. Toujours à l’arrière, l’espace pour les jambes est très généreux, mais les cheveux des personnes âgées peuvent frôler le ciel.
Enfin, côté coffre, l’Ariya annonce un volume de 468 l extensible jusqu’à 1 350 l avec la banquette plate. Mais le seuil de coffre est très haut, ce qui compliquera l’installation d’objets lourds ou encombrants. La largeur du coffre est suffisante pour accueillir notre scooter, mais sa hauteur fait exploser la plage arrière. Seule solution : retirer l’un des deux panneaux amovibles. Cela permet de racler un peu d’espace en hauteur et la trottinette se nichera à son tour par les rebords du compartiment latéral. De plus, cela évitera de le mettre en biais et de condamner l’espace de chargement.
Habituellement, l’indicateur exprimé en % est assez linéaire, bien qu’il puisse y avoir de légères variations d’un modèle à l’autre. Si la méthode n’est pas très rigoureuse, il suffit parfois de comparer le nombre de % consommés au nombre de kilomètres parcourus pour donner une idée approximative du taux de charge entrant avec la distance restante (en supposant que le chemin est similaire à partir du point A au point B, bien sûr). Dans la plupart des cas, lors de ce calcul, vous trouverez approximativement la consommation de carburant affichée pour l’itinéraire de référence précédent.
Pourtant, on a tout de suite émis des doutes au volant du Nissan Ariya, compte tenu de l’évolution de l’indicateur au fil des kilomètres. En comptant la perte sur notre circuit mixte, nous avons trouvé une autonomie de 476km sur tout le gabarit. Soit un résultat bien inférieur aux 534 km constatés. Ce qui voudrait dire que le Nissan Ariya aurait alors 58 km d’autonomie mixte, soit près de 9 kWh cachés quelque part. C’est beaucoup pour une réserve de marche qui n’apparaît pas sur l’indicateur affiché (Display SoC).
Mais nous avons vite découvert où se trouvait cette capacité, lors de nos différentes recharges. D’après nos relevés, les bornes ont délivré en moyenne 8,33 kWh avec une hausse de 10 %, pertes comprises. C’est une quantité bien inférieure à ce que la batterie devrait prendre, soit 8,7 kWh tous les 10% sans pertes dans la logique maximale. Donc un peu plus sur les écrans des bornes, puisqu’il est impossible que l’énergie délivrée soit inférieure ou égale à celle de la batterie. Si nous n’avons jamais rechargé en dessous de 6% (il doit y avoir quelques kWh de réserve en dessous), nous avons remarqué que le dernier pourcentage (entre 99% et 100%) cachait un paquet de kWh.
Supertest Nissan Ariya 87 kWh : le bilan
Sur la base de nos innombrables calculs, cela signifierait que la Nissan Ariya aurait environ 78 kWh utilisables entre 0 et 99 %. Rien à craindre (la capacité est tout de même de 87 kWh au total), sauf si cela n’a pas eu d’impact sur les résultats observés. D’une part sur la courbe de charge, avec une puissance record en fin de charge, comme nous le verrons dans le chapitre dédié la semaine prochaine. Mais surtout sur la consommation, puisque l’on pense que l’ordinateur de bord se serait alors trompé : il semblait se fier au taux de charge affiché, plutôt qu’au taux réel, toujours au gré du BMS (Battery Management System).
Cela expliquerait son résultat record dans notre Supertest et pourquoi ce serait le seul véhicule à réellement surpasser sa gamme WLTP. Ainsi, avec 21% de batterie consommée sur les 100 km de notre circuit mixte, entre autres exemples, la consommation devrait avoisiner les 18,3 kWh/100 km. Ce qui donnerait donc environ 475 km d’autonomie. Un résultat similaire si l’on rapporte la capacité utile estimée à la consommation constatée (478 km). Ce serait alors plus cohérent, avec un écart de moins de 10% par rapport à l’approbation. Mais on remarquera alors que cette différence serait l’une des plus faibles, alors que l’autonomie moyenne serait la meilleure parmi celles que nous avons mesurées jusqu’à présent.
Reste à savoir si ce phénomène n’affecte que notre exemplaire d’essai ou tous les Nissan Ariya. Et évidemment ces conclusions sont (presque) théoriques, et il faudrait faire un test sur le même chemin et avec les mêmes conditions à partir de 100% pour voir si la consommation du compteur varie ou non.