Exposition à La Chaux-de-Fonds – Nina Childress revient avec …

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L’artiste fait son miel avec les années pop à la française. Une plongée dans les années 1980. Patrick Juvet entre au Musée des beaux-arts.

L’affiche avec un Patrick en rose et blond. A voir aussi : Les principaux bénéficiaires de la remise de 18 centimes à la pompe ne sont pas les plus modestes.

Nina Childress, Pro Litteris, Musée des Beaux-Arts, La Chaux-de-Fonds 2023.

C’est un conte de fées post-punk. Née en 1961 à Pasadena, fille d’un père américain et d’une mère française qui préférerait bientôt retourner dans son pays natal, Nina Childress a lutté pendant trente ans sans que personne ne veuille même regarder sa peinture. Comme elle l’a confié à sa biographe Fabienne Radi, qui a publié un formidable double tome sur elle en 2021, elle a passé trois décennies à vivre dans des locaux précaires dans des ateliers de fortune. En 1984 il y eut en effet l’aventure collective des Frères Ripoulin, mais le groupe se dissout en 1988. Nina dut alors refaire le tour des galeristes avec son sac d’école, dont ils n’eurent jamais le temps…

Nina à Noisy-le-Sec lors de son exposition centrée sur la star hollywoodienne Hedy Lamarr. Une de ses rares incursions culturelles américaines.

Tout a changé avec une fée masculine, puisqu’il s’agit de Christian Bernard. L’homme conduisait le Mamco à Genève. Son musée d’art moderne, et principalement contemporain, se voulait différent. Il avait donc besoin d’autres artistes. Il rencontre alors Nina qui réalise des peintures figuratives fortement inspirées de la culture populaire. Bien qu’Américaine avec un passeport, elle avait créé sa pop française. Pas de Marilyn, d’Elvis ou de Liz à la maison, comme pour l’Andy Warhol des années 60. Revenant sur son enfance ou son adolescence, il a montré Romy Schneider, Sylvie Vartan ou France Gall. Les fantômes d’un temps plus simple, fait sinon d’innocence du moins d’insouciance. Christian Bernard a tout embarqué, qui s’est retrouvé à l’institution de la rue des Vieux-Grenadiers à l’été 2009. Impératrice ou pas, Sissi avait l’air doublement excentrique avec ses couleurs rose bonbon dans un bâtiment industriel recyclé.

Patrick Juvet est un admirateur aux cheveux roux.

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Nina Childress, Pro Litteris, Musée de La Chaux-de-Fonds 2023.

Cependant, l’exposition a été un succès. Elle a fait d’innombrables enfants. Aujourd’hui on ne cesse de voir Nina Childress qui n’est plus la punkette des années 1980, mais une lady maintenant dans la soixantaine. La liste des endroits où elle se retrouve, seule ou en bonne compagnie, s’allonge de mois en mois. Il faut dire que la femme peint beaucoup et vite. Lorsque Fabienne Radi publia son catalogue raisonné, établi en collaboration avec l’intéressé, il contenait déjà 1081 tableaux, dont beaucoup de l’origine n’avaient pas survécu. Le nombre a dû considérablement augmenter en deux ans. Ceux offerts par David Lemaire (ancien employé du Mamco) au Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds datent pour la plupart des années 2020 à 2022. Et il n’y a rien ici du « Tombeau de Simone de Beauvoir », que Nina a proposé l’an dernier au Musée des Beaux-Arts de Rouen. L’institution neuchâteloise montre évidemment, dans un autre registre intellectuel, ses effigies de Patrick Juvet. Vous me direz que nous sommes en Suisse, d’où était originaire le chanteur (décédé en 2021 à l’âge de 70 ans)…

Musée des Beaux-Arts, La Chaux-de-Fonds 2023.

L’accrochage actuel occupe le rez-de-chaussée du musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds, qui comprend des salles de l’ancien bâtiment et d’autres d’une annexe plus moderne. Un thème le parcourt. Nina aime raconter des histoires. Ce n’est pas aussi personnel ici que chez Simone à Rouen ou Hedy Lamarr, « la femme étrange », à Noisy-le-Sec. L’exposition se veut capillaire : « cils, cheveux, cheveux ». Parfois avec de vrais cheveux d’ailleurs, empruntés aux pinceaux de l’artiste ou à la toison de ses amis. Ils sont collés à ce que j’appellerais, en référence à l’art américain des années 1980, sa « mauvaise peinture ». Comme Picasso, mais en mode mineur, Nina peut aussi passer très vite de la figuration à l’abstraction et de la reproduction quasi académique d’un corps (« Les Bottines rouges ») à des synthèses caricaturales à la Francis Picabia. C’est un éclectique pour qui tout est un peu comme un jeu.

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Des techniciens suspendant l’énorme « Sharon S. »

Musée des Beaux-Arts, La Chaux-de-Fonds 2023.

Aux murs se trouvent donc de grandes toiles allant du photographique au stylisé. Les visiteurs pourront croiser Sharon S(tom), Shelley Duvall (dernier film en 2002, que lui est-il arrivé ?), Sylvie Vartan ou bien sûr Patrick Juvet. Il y a aussi, à découvrir, avec des « black light », des clubs anglais ou allemands des années 80. Mais ce n’est pas tout ! L’environnement est ici vu par des artistes que Nina considère comme faisant partie de son mouvement, ou plutôt de sa famille. Le public retrouvera Dritschi, le chien vedette de Jean-Frédéric Schnyder, ainsi que des têtes de Stéphane Zaech (qui vient d’avoir sa rétrospective à La Chaux-de-Fonds), Caroline Tschumi, Jean-Luc Blanc ou Franz Gertsch (récemment décédé). Il s’agit en fait d’un portrait de groupe avec dame(s). Malheureusement, il flotte un peu dans l’espace. Des chambres immenses sans rien entre les deux, à La Chaux-de-Fonds, se remplissent rapidement de vide. Principalement pour un sujet comme celui-ci, qui appelait au débordement. Excès. Pourquoi pas plus ?

Pratique

« Nina Childress, Cils, cheveux, cheveux », Musée des Beaux-Arts, 33, rue des Musées, La Chaux-de-Fonds, jusqu’au 23 avril. Tel. 032 967 60 77, site internet www. Lire aussi : Vacances : nos trois meilleurs conseils pour prendre la route en toute sécurité.mbac.ch Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 17h.

Né en 1948, Etienne Dumont fait ses études à Genève, ce qui ne lui fait que peu de bien. Latin, grec, droite. Avocat raté, il se lance dans le journalisme. La plupart du temps dans les sections culturelles, il a travaillé de mars 1974 à mai 2013 à la Tribune de Genève, commençant par parler de cinéma. Puis vinrent les arts visuels et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler. Plus d’information

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