N’aimant pas voyager, l’écrivain de la fin-de-siècle a néanmoins dû quitter Paris, notamment la Belgique ou l’Allemagne, pour assouvir ses envies artistiques ou rendre visite à sa famille. La collection d’histoires prouve qu’il détestait les foules ainsi que ses capacités d’observation exceptionnelles.
Dans cette célèbre scène d’A rebours, on voit Jean des Esseintes se précipiter avec ses malles, au lit et sous la pluie, de la Gare du Nord à Londres, et finalement se rendre après avoir mangé dans un restaurant britannique à Amsterdam. Rue. « Qu’est-ce que l’aide à la mobilité, si on peut marcher correctement sur une chaise », conclut-il. Dans la préface du recueil de récits de voyage de Huysmans, Patrice Locmant, érudit de l’écrivain (1), rappelle la transformation du personnage et la propre paralysie de l’écrivain face à la foule et au voyage collectif. Mais il sera « tiré pour le reste de sa vie entre le besoin chronique de « changer d’air » […] et la grande gêne de la marche ». Huysmans présentait, ajoute-t-il, tous les symptômes de la « sidérodromophobie », c’est-à-dire une peur terrible de voyager en train, à une époque où le peuple de son temps trouvait sa joie avec une grande civilisation du réseau ferroviaire.
On peut se contenter de voir Huysmans comme un voyageur inquiet. Cependant, comme le montrent Récits et carnets de voyage, qui se compose de cinq livres inédits, il a déménagé, bien qu’à contrecœur. Je dois dire que…