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Qu’est-ce que France Identité ?
Fruit d’un programme interministériel, France Identité est une application mobile disponible depuis jeudi en accès anticipé, pour l’instant uniquement sur les téléphones équipés du système d’exploitation Android et disposant de la fonctionnalité de communication courte portée NFC. Sur le même sujet : Deux semaines pour créer votre entreprise.
Elle permet aux titulaires de la nouvelle carte nationale d’identité (CNIe), au format carte bancaire et équipée d’une puce électronique, de prouver plus facilement leur identité sur Internet ou lors de démarches physiques, avec la possibilité de ne divulguer que certaines informations, par ex. prouver sa majorité.
La France est l’un des derniers pays européens à adopter le CNIe. 4,5 millions de ces cartes ont été distribuées depuis l’été 2021.
Le projet succède à Alicem, un projet initié en 2013, qui prévoyait d’utiliser la reconnaissance faciale, mais qui a été abandonné, notamment après le retrait du gendarme des données personnelles, la Cnil.
Que permet-elle de faire ?
France Identity doit devenir la première application en France à offrir un niveau de garantie « élevé » en matière d’identification numérique, selon le cadre de référence du règlement européen e-IDAS. Ceci pourrez vous intéresser : Créer une entreprise durable / Atelier – Maison des Entreprises de ….
Ce niveau n’est pas encore requis par un service en ligne, mais il devrait à terme permettre l’accès aux données de santé, le développement d’avocats entièrement dématérialisés, ou encore le vote électronique.
En attendant, dès cet été, France Identity donnera accès à France Connect, le portail utilisé aujourd’hui par plus de 37 millions de personnes pour payer leurs impôts, consulter leurs droits à la retraite ou le solde de leur permis de conduire, et à France Connect +, sa version qui demande un niveau de garantie « substantiel » pour ouvrir un compte bancaire en ligne, par exemple.
Aujourd’hui, seule l’« Identité numérique » de La Poste a reçu cette certification de l’Anssi, qui garantit la sécurité des systèmes d’information, et de nouvelles applications privées sont en cours de certification.
Une autre fonctionnalité de France Identité, la seule disponible à ce jour, permet de produire un justificatif d’identité numérique à usage unique, ce qui permet d’éviter de faire des copies du document original, par exemple lors de la location d’un appartement : l’une des plus sources courantes d’usurpation d’identité.
Pourra-t-on se passer de sa pièce d’identité ?
Non, car les données restent stockées sur la carte. « Je pense qu’en 2022 vous pourrez obtenir votre carte d’identité complètement depuis votre téléphone » comme les paiements mobiles sans contact ou le portefeuille Apple aux Etats-Unis, a déclaré Marc Nolain, directeur d’AriadNext, précisant que c’est ce qui est attendu. A voir aussi : Clermont-Ferrand : Bientôt le retour du salon de l’éducation…. de Bruxelles avec le portefeuille numérique européen.
Mais cette possibilité de contournement est actuellement suspendue car elle nécessite l’utilisation de systèmes propriétaires des fabricants de téléphones, a déclaré une source proche du dossier.
Dans son format actuel, « l’application France identité n’est pas très utile », estime Hervé Bonazzi, directeur d’Archipels, une joint-venture créée par La Poste, EDF, Engie et la Caisse des dépôts. .
« Néanmoins, c’est un document nécessaire et indispensable pour l’avenir de l’identité numérique en Europe », qui, selon lui, doit enfin pouvoir « faire le lien entre différentes données vous concernant » avec la Sécurité sociale, la mutuelle, l’attestation de revenu , etc
Des risques pour la vie privée ?
Le gouvernement dit avoir retenu les leçons d’Alicem, et a choisi de se passer de la biométrie, en utilisant à la place un code personnel pour bloquer l’accès aux informations de la carte d’identité.
Celui-ci sera d’abord envoyé par courrier recommandé, et une vérification tierce supplémentaire sera nécessaire pour accéder aux services les plus sensibles.
La Cnil a cette fois accueilli le projet de décret, publié fin avril, « très favorablement ».
L’utilisation de l’application reste également strictement facultative et « n’a pas vocation à se substituer aux modes alternatifs, formulaires papier ou guichets », promet le gouvernement.
« Là nous restons très vigilants », note Bastien Le Querrec, membre de l’association de défense des libertés à l’ère du numérique La Quadrature du net, qui souhaite que ces alternatives physiques ne soient pas « dissuasives ».
« En raison de ce phénomène de dématérialisation à outrance des services publics, nous sommes sur le point de contraindre les citoyens à passer par l’identité numérique », et « qui dit que l’identité numérique, c’est un dossier à leur nom avec leur photo, date de naissance, etc. », il ajoute.
Autre risque, cela pourrait « conduire à une multiplication des cas où l’on vous demande de prouver votre identité ».