Le temps d’un week-end, nous avons pu enchaîner les kilomètres à bord de la Tesla Model S Plaid. L’occasion d’essayer le fameux volant Yoke, désormais en option sur la berline premium.
L’empiècement au volant des Tesla Model S et Tesla Model X a déjà fait tant parler, depuis les premières images de l’intérieur des deux véhicules (tous deux renouvelés début 2021). Le constructeur va-t-il trop loin en termes d’intelligence ? Pourquoi ce design, au fond ? Plus pragmatiquement : allait-il être homologué en France ? La réponse à cette question est oui, car il est en effet possible de commander une Model S ou Model X avec un volant classique ou cette version Yoke (première installée en standard).
Le volant du Yoke est intéressant, car il s’assume qu’il s’agit d’une nouvelle adaptation d’un appareil qui a toujours été circulaire dans l’esprit collectif. En auto-école, on apprend à conduire avec un volant circulaire. Dans les concessions classiques, vous ne trouverez que des voitures avec un volant circulaire. Bref, le volant Yoke nécessite de mettre fin à des habitudes parfois ancrées depuis des décennies. Pourtant, il m’a fallu peut-être 10 minutes pour m’y habituer, lors d’un essai de plusieurs jours de la Model S Party.
90 à 95 % du temps, le volant Yoke est parfait
Pourquoi ce design, au fond ? Le volant Yoke ne manquera pas de vous laisser perplexe, et beaucoup diront probablement que Tesla n’a pas besoin d’être aussi criminel pour vendre des voitures. En fait, il est difficile de ne pas voir le volant du Yoke comme autre chose qu’une course folle au raffinement de l’habitacle – où la multinationale a déjà une bonne avance. Ceci pourrez vous intéresser : Quelles voitures familiales sportives à moins de 25 000 euros ?. La conception rectangulaire élimine la pollution visuelle : le demi-cercle supérieur peut gâcher la vue de l’écran sur la table, ou même la route. Les autres acteurs du marché automobile ont essayé différentes méthodes, du fait des méplats des derniers volants Peugeot, ou encore de l’affichage tête haute.
On se retrouve très vite à oublier nos habitudes.
La philosophie derrière le Yoke est donc d’aller encore plus loin : on se débarrasse de l’inutile, puisqu’on a déjà supprimé les boutons physiques pour tout concentrer sur un écran géant. Tesla est même allé jusqu’à supprimer les interrupteurs, qui servent généralement à indiquer sa direction et actionner les essuie-glaces. Ces fonctions sont transférées sur des surfaces tactiles avec un retour haptique – ni trop léger ni trop intrusif (c’est-à-dire bien dosé). Pour remplacer le comodo droit qui est habituellement dédié aux modes de conduite sur les autres voitures Tesla, il faut passer par la partie gauche de l’écran. Il montre une petite voiture que vous faites glisser vers le haut (vers l’avant) ou vers le bas (vers l’arrière). Le fait de retirer votre ceinture de sécurité activera automatiquement le mode Parking, tandis que la voiture elle-même a la possibilité de suggérer le mode à activer (exemple : si vous êtes face à un mur, elle ira en sens inverse).
Oui, vous devez appuyer sur des « boutons » pour indiquer que vous allez à droite ou à gauche avec le volant Yoke dans vos mains. On appuie vers le haut pour la droite, vers le bas pour la gauche, sachant qu’il y a une petite barre pour séparer les deux zones. C’est le point qui m’a le plus fait peur avec ce volant Yoke. Finalement, tout tombe étonnamment bien sous le pouce. Avons-nous seulement des gestes illusoires (par instinct) et nous sentons-nous perdus lorsque le volant est tourné à plus de 90 degrés et que nous devons indiquer notre direction (exemple : lorsque nous prenons la troisième voie en cercle-point). Alors on attrape ces situations, même si elles restent rares quand on roule. Aussi, les premiers virages serrés peuvent faire peur, c’est le moment de comprendre le fonctionnement du volant Yoke.
Bien sûr, on recherche parfois nos gestes lorsqu’on se déplace avec le volant du Yoke. Instinctivement, nos bras ont tendance à s’agiter vers le haut, à la recherche de ce demi-cercle auquel s’accrocher. Le volant du Yoke demande un peu de réapprentissage : au lieu de multiplier les mouvements qui tirent à droite ou à gauche, il faudra pousser par le bas du volant. Il faut faire des virages plus fermes et plus précis, là où il y a plus d’erreurs sur un volant classique (puisque tu fais plus de petits virages). En tout cas, durant nos 1 500 km à bord de la Model S Plaid, nous ne nous sommes jamais mis en danger à cause du Yoke, et nous n’avons manqué aucun mouvement. A ce sujet, un point essentiel est à noter : le rayon de braquage du Plaid Model S est incroyablement petit, ce qui le rend facile à manœuvrer malgré ses 5 mètres de long.
En ligne droite, le volant Yoke apporte tous ses avantages. Vous mettez vos paumes de chaque côté, et vous vous sentez comme un pilote (pour rappel, les volants de F1 sont rectangulaires). C’est passionnant, et on comprend pourquoi Tesla a choisi cette forme, effrayante à première vue, mais très pertinente à utiliser. On s’étonne d’oublier très vite des habitudes, qui disparaissent très naturellement derrière de nouvelles.
Lors de l’essai, j’ai laissé la direction Yoke à Thomas Ancelle, vidéaste pour Numerama, qui m’accompagnait. Ses impressions sont également positives : « En ligne droite, le volant de la Yoke est très agréable, l’aspect ‘grip’ donne une prise en main ferme et confortable, ainsi que le plaisir esthétique d’avoir la sensation de conduire une voiture de course. J’ai mis du temps à perdre mes vieux réflexes, ma mémoire musculaire cherchant constamment les commandes. Malgré un petit exercice mental lors de la réalisation d’un créneau, je pense que j’ai pu m’habituer très rapidement à ce volant Yoke. Quoi qu’il en soit, je l’ai déjà goûté. »
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