La loi naturelle : aux racines du libéralisme

Written By Sara Rosso

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Publié le 23 juillet 2022

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Lorsqu’un néophyte découvre la pensée libérale, il ne peut s’empêcher de constater la diversité des auteurs, des courants et des idées qui la dessinent. Cependant, il trouve trois principes qui sont communs à tous, à savoir l’auto-préservation, la liberté (et sa responsabilité corollaire) et la propriété privée. La justification de ces principes peut être regroupée sous trois grandes traditions.

Le plus jeune d’entre eux est étiqueté utilitariste ou conséquentialiste et défend le libéralisme pour ses bienfaits supposés, ce dernier en particulier garantissant le plus grand bonheur et la plus grande prospérité pour tous. Elle remonte à Jeremy Bentham (1748-1832) et comprend des auteurs aussi divers que John Stuart Mill (1806-1873), Ludwig von Mises (1881-1973), Milton Friedman (1912-2006) et son fils David (1945).

Grèce antique et naissance du conventionnalisme

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La seconde de ces traditions, issue des Lumières écossaises et à laquelle adhèrent David Hume (1711-1776), Adam Smith (1723-1790) ou Friedrich Hayek (1899-1992), est celle du scepticisme ou ordre spontané. Cette tradition consiste à protéger certaines conventions préexistantes (comme la justice et la propriété) plutôt que de les inventer ou de les réinventer. Voir l’article : Tolisso, Vitinha, Touré, Umtiti, Sissoko… : les informations sur l’échéance des transferts à retenir ce jeudi.

L’activité du gouvernement consiste alors à protéger l’ordre social existant, les conventions établies, sans chercher une fin en dehors d’elles-mêmes et sans s’immiscer dans leur contenu.

La dernière de ces traditions, celle du droit naturel libéral moderne, est la plus ancienne et peut être attribuée au philosophe anglais John Locke (1632-1704). Mais qu’est-ce que la loi naturelle libérale moderne ? Le lecteur avisé notera les épithètes « moderne » et « libéral », qui impliquent donc l’existence d’une loi de la nature ancienne ou classique d’une part, et d’une loi de la nature moderne d’autre part, non nécessairement libérale.

Ainsi, pour comprendre ce qu’est le droit naturel libéral moderne, il faut regarder le droit naturel (ou jusnaturalisme) dans son ensemble, pour savoir ce qui rapproche le droit naturel ancien et moderne, en quoi le droit naturel moderne se distingue comme une rupture avec l’ancien et ce qui caractérise le droit naturel libéral moderne par opposition au droit non libéral.

Pour s’intéresser à la tradition du droit naturel, il faut remonter aux fondements de la philosophie politique classique, c’est-à-dire à la Grèce antique du IVe siècle av. La Grèce était alors un ensemble de villes plus ou moins indépendantes (Athènes, Sparte, Corinthe, Thèbes, etc.). Pour les habitants de chaque cité, la légitimité de leur régime politique et du code de droit qui les régit repose sur leur lignage, leur caractère ancien et familier.

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Génèse de la philosophie et du Droit naturel ancien

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Cependant, l’observation d’une grande variété de régimes (monarchie, timocratie, oligarchie, démocratie ou tyrannie) et parfois de lois contradictoires au sein de la Grèce ne peut que saper cette légitimité. En effet, entre deux lois contradictoires, comment décider ce qui est vrai, bon ? Ceci pourrez vous intéresser : Takeda et Moderna annoncent leur intention de transférer à Moderna l’autorisation de commercialisation du vaccin Spikevax ™ COVID-19 au Japon.

Cette constatation, faite entre autres par les présocratiques (dès le VIe siècle avant J.-C.) puis reprise et développée par les sophistes du IVe siècle, les conduit à la conclusion que l’origine d’une chose n’est pas un critère suffisant. pour juger de leur bon ou mauvais caractère, et qu’il existe une différence jusqu’ici inconnue entre ce qui relève du domaine de la nature (en ce qui concerne les êtres naturels) et ce qui relève du domaine de l’artificiel ou de la convention (en ce qui concerne les produits humains). .

Ainsi, pour ces penseurs, la ville est une construction artificielle visant à satisfaire des besoins que ses habitants ne pourraient satisfaire seuls. De même, la coexistence de lois parfois contradictoires et de conceptions différentes de la justice entre les villes ne peut s’expliquer que par leur caractère conventionnel : la justice en tant que telle n’existe pas, la législation de chaque ville n’a d’autre fondement que le peuple lui-même, à savoir celui qui détient le pouvoir .

Peuvent-ils mélanger le bon et l’agréable. Une telle approche, poussée jusqu’à sa conclusion logique, est dangereusement relativiste car il n’y aurait alors pas de critère plus élevé pour juger des mérites d’une loi ou d’un régime.

De plus, la découverte de cette distinction entre nature et convention marque la naissance de la philosophie, la recherche des choses, des causes premières. Les choses artificielles, qui supposent l’existence de la nature, sont en fait subordonnées, inférieures et donc de moindre dignité à la nature. La nature devient alors l’étalon pour juger du caractère des choses.

Ce prérequis sert de base à la théorie classique du droit naturel esquissée par Socrate, puis développée par Platon (428/427 – 348/347 av. J.-C.), Aristote (384 – 322 av. J.-C.), les stoïciens, Cicéron (106 – 43 J.-C.), saint Augustin (354 – 430) et saint Thomas d’Aquin (1225/1226 – 1274). Ces philosophes veulent réfuter la position des sophistes en trouvant une origine naturelle de la justice et du droit en prouvant qu’ils ne sont pas de simples créations humaines. En effet, et de même que l’existence de différentes théories sur l’univers ne remet pas en cause son existence, différentes conceptions de la justice ne suffisent pas non plus à conclure qu’il n’existe pas.

Constatant l’existence d’une multitude de besoins parfois contradictoires chez l’être humain, ces auteurs, par l’usage de la raison, concluent à l’existence d’un ordre hiérarchique naturel de ceux-ci.

Faisant passer les besoins de l’âme avant ceux du corps, ils trouvent qu’une bonne vie est une vie en harmonie avec la nature, la vie d’un homme dont l’âme et la satisfaction de ses besoins sont en harmonie. Il existe donc un ensemble de règles, appelées la loi de la nature, calquées sur la raison, qui définissent les caractéristiques de cette bonne vie.

Contrairement à ce que défendaient les sophistes, ce qui est bon pour l’homme ne se confond donc pas avec ce qui est agréable et jouissif, c’est-à-dire avec la satisfaction des besoins, mais correspond à la perfection de sa nature, sa finalité ou « raison finale » (pour employer un terme de la physique aristotélicienne à utiliser) en tant qu’homme.

Ces divers philosophes affirment également que l’homme est non seulement capable de communiquer avec ses semblables, mais qu’il apprécie même leur association. L’homme est donc par nature un être social voire politique qui ne peut que bien vivre en société : « Celui qui ne peut ou n’a pas besoin d’appartenir à une communauté parce qu’il se suffit à lui-même n’est pas dans une cité, alors il est soit une bête ou un dieu » ou un membre d’un forum Internet libéral. Les sophistes se trompent encore : les villes sont naturelles en raison de la sociabilité inhérente à l’être humain.

L’épanouissement total de ce dernier inclut alors la vertu sociale par excellence, à savoir la justice (qui est donc naturelle) et requiert une participation active à la vie politique en tant que dirigeant afin de conduire l’ensemble de ses concitoyens à la perfection de leur nature. Les buts ultimes de la ville et de l’homme se confondent donc. Par conséquent, pour atteindre sa pleine perfection, l’homme doit vivre dans la meilleure ville, la ville avec le meilleur régime, un régime qui offre à ses citoyens le meilleur mode de vie.

Mais quel est ce meilleur régime ?

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La rupture hobbesienne

La rupture hobbesienne

Elle est fondée sur la justice ou loi naturelle (classique) et consiste à attribuer à chacun ce qui lui est intrinsèquement dû. Cependant, comme les gens varient en termes d’intelligence et de capacité à rechercher la vertu, ils ne sont donc pas tous également perfectibles, et certains s’avèrent supérieurs aux autres à cet égard. Sur le même sujet : Utilisez la technologie et le temps réel pour augmenter le trafic en magasin.

Les meilleurs, que nous appellerons sages, doivent donc, conformément à la loi naturelle, gouverner les autres. Pour les philosophes du droit naturel classique, le meilleur régime est donc celui du gouvernement absolu des sages, un gouvernement qui doit être approuvé par l’ensemble de la population pour être légitime. Cependant, ce régime, bien que possible parce qu’il correspond à la nature, est très improbable et donc voué à rester théorique, « [situé] là-haut dans le ciel, comme un modèle pour qui veut [le] regarder ». En effet, les conditions de leur réalisation ne dépendent pas des personnes.

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Si cette recherche du meilleur régime est fructueuse sur un plan plus pratique, et permet en effet un classement des régimes existants du meilleur au pire selon les buts recherchés, sa conclusion est décevante pour les auteurs de la Renaissance. Ainsi Machiavel (1469-1527) ridiculise les anciens philosophes pour « avoir imaginé des républiques et des principautés dont nous n’avons jamais vu ni su qu’elles existaient en réalité ».

Mais c’est Thomas Hobbes (1588 – 1679), le père du droit naturel moderne, qui rompt nettement avec la tradition du droit naturel. Si les notions de nature et de raison sont à la base de la tradition du droit naturel classique, celle initiée par Hobbes est fondée sur la volonté et l’art.

Décrivons un peu ses pensées politiques.

Cela s’inscrit dans un système philosophique plus global : pour Hobbes, philosopher, c’est penser le monde compris comme un ensemble de causes aboutissant à des effets. La raison a donc deux fins : déterminer les causes à l’origine d’effets donnés et, inversement, préciser les effets qui résultent de causes connues.

Pour Hobbes, le monde rationnel est donc analogue à une machine mécanique, un monde dont les premiers principes sont le corps (ou la matière) et le mouvement.

. Sa philosophie est donc une philosophie du pouvoir. De plus, Hobbes est un sceptique qui croit que la pensée humaine est particulièrement faillible. Ce n’est donc pas un être rationnel pour lui, mais une créature de passions.

Le but de la pensée politique de Hobbes, conformément à son système philosophique général, est de découvrir la cause hypothétique de la société civile. À cette fin, notre philosophe commence son enquête par une analyse introspective de la nature humaine et de ses sentiments. En particulier, ce sont les causes des émotions et des passions, qui incluent le désir et l’aversion, et qui guident l’action humaine.

A partir de ce constat, il est possible de définir ce qui est bon et mauvais (ce que l’homme appelle l’objet de ses désirs et ce qu’il n’aime pas, respectivement) et volonté (la décision prise à la suite d’une réflexion sur ses désirs et ses aversions). Désirs qui changent d’un homme à l’autre et évoluent dans le temps, le bien et le mal sont des termes variables. Contrairement à ce que prétendent les philosophes classiques, il n’y a pas de finalité, pas de perfection morale de l’homme.

Mais à quoi sert le comportement humain ?

Félicité, la satisfaction durable et continue des désirs. À cette fin, l’homme cherche le pouvoir, le moyen par lequel il peut satisfaire ses désirs. Pour Hobbes, la loi naturelle (c’est-à-dire la liberté qu’a chacun d’atteindre les fins qu’il s’est fixées et de préserver sa propre vie dans les limites de son pouvoir) ne découle pas de la finalité de l’homme, mais directement de la nature humaine ainsi déterminée par cette notion de volonté. Cependant, l’homme a un défaut majeur qui l’empêche de rechercher le bonheur : l’orgueil, une mauvaise appréciation personnelle de son propre pouvoir.

Cependant, quelque chose manque à ce début d’enquête : la nature humaine examinée est celle d’un être humain solitaire. Hobbes conclut donc son étude en interrogeant le comportement de l’homme envers autrui à l’état de nature, c’est-à-dire avant l’institution de la société civile. Dans cet état, les hommes sont tous concurrents, voire ennemis, dans leur quête du bonheur. A cela s’ajoute une grande aversion, celle d’une mort violente.

Ainsi, avec des hommes égaux en pouvoir, l’état de nature est une situation de guerre alimentée par l’orgueil de tous contre tous, dans laquelle la mort violente s’avère plus probable que Felicity. Dans ces circonstances peu enviables, l’individu a encore besoin des autres en échange, surtout des biens nécessaires à son bonheur. Des accords de gré à gré peuvent donc exister, mais sans moyens d’exécution indépendants, ils ne seront pas nécessairement respectés.

Il y a donc un conflit entre la nature humaine, solitaire, ennemie de son espèce, et la condition naturelle de l’humanité, la coexistence nécessaire entre les êtres humains. L’homme n’est donc pas un être politique ou social pour Hobbes, à la grande différence des penseurs classiques.

Pour Hobbes, la résolution de ce conflit et l’instauration de la paix civile passent par l’inhibition de l’orgueil humain grâce à la peur de la mort violente, complétée par l’usage de la raison. En effet, le raisonnement permet d’identifier des vérités concernant la poursuite compétitive de Felicity. Ces vérités, ces articles de paix, qui peuvent se résumer ainsi : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent », s’ils sont suivis par tout le monde, permettent d’affaiblir la concurrence pour éviter la guerre de tous contre tous et d’accroître la certitude de la satisfaction des désirs de chacun.

Cependant, ces articles de paix sont inefficaces tant qu’ils ne sont pas promulgués en loi (qui sont dits naturels lorsqu’ils viennent de Dieu ou d’un souverain), avec des sanctions sanctionnant le non-respect. Un pouvoir visible visant à contraindre ceux qui relèvent de sa juridiction à se conformer à ces règles, condition de la paix civile, est donc nécessaire. En retour, l’homme s’engage à conférer, par un contrat social, à un personnage souverain, artificiel et sans intérêt propre, son droit naturel à être gouverné inconditionnellement par sa propre raison. Dans cette association civile (artificielle, car fruit de la volonté humaine, et non naturelle, comme le pensaient les philosophes de l’ancien droit naturel), le souverain est chargé d’établir ces articles de paix et d’imposer à tous ses sujets de les protéger contre l’hostilité des étrangers.

Le souverain, contre lequel les sujets n’ont aucun droit de résistance, est doté de nombreux pouvoirs pour exercer ses fonctions : ceux de maintien de l’ordre public, de guerre, de levée d’impôts et d’armées, de lois, de censure des opinions morales et religieuses, probablement ceux qui portent atteinte à la vie civile. paix. La société civile hobbesienne ne veut donc plus assurer le plein épanouissement moral de ses membres, mais leur préservation physique par la paix civile et l’abondance matérielle. De plus, si, pour les classiques, le meilleur régime repose sur le devoir naturel, la société civile hobbesienne est fondée sur une loi naturelle qui naît de la passion de préserver son existence.

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John Locke et la naissance du libéralisme

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Cet abaissement des revendications de la société civile vise à lui permettre d’émerger en opposition au meilleur des régimes classiques et utopiques. Ces deux derniers éléments marquent la principale différence, la rupture, entre, d’une part, Hobbes et ses partisans de la tradition du droit naturel moderne et, d’autre part, les auteurs classiques qui s’accrochaient à la tradition du droit naturel ancien.

Faut-il faire de ce philosophe un apologiste de l’absolutisme en raison de l’autorité conférée au souverain et de l’absence de séparation des pouvoirs dans la pensée hobbesienne ? non En fait, la loi faite par la législature souveraine n’est pas censée être arbitraire.

De plus, ce dernier vise à accroître la liberté de ses sujets en instaurant la paix civile afin qu’ils puissent enfin vaquer à leurs occupations sans craindre la concurrence féroce de leurs semblables ou la mort violente. De plus, contrairement à celle de la raison, la loi du souverain ne prétend pas dicter tous les comportements humains. Et là où la loi ne dit rien, la liberté totale demeure. De plus, les sujets du souverain conservent deux libertés absolues : celle de ne pas s’accuser et celle de se tuer.

Enfin, la pensée politique de Hobbes a un caractère profondément individualiste : sa société civile est fondée sur un accord qui n’est pas une volonté commune mais un objet commun de la volonté de différents individus et ne se dissout donc pas par association. Sans être libéral (parce qu’il accorde trop de pouvoirs à un souverain qui serait tenté d’en abuser, ne reconnaît pas le droit d’un peuple à résister à l’oppression et ne fait pas de la propriété privée l’un des fondements de sa pensée), Hobbes est parfois si considéré comme un précurseur du libéralisme. Cependant, la paternité de cette école de pensée reste réservée au philosophe britannique John Locke (1632 – 1704).

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Entre ses références au théologien Richard Hooker (1544-1600), inspiré de saint Thomas d’Aquin, et une loi naturelle prise comme norme de tout code civil, la pensée politique de Locke semble marquer un retour au droit naturel classique. Or, ce n’est pas le cas, et le « sage Locke » aborde à plusieurs reprises les positions hobbesiennes dans sa recherche épistémologique des fondements, du but et des limites de la (bonne) gouvernance.

Considérons donc le point de départ de la réflexion lockéenne : comme Hobbes, notre philosophe anglais suppose un état de nature compris comme un état de liberté et d’égalité parfaite, un état dans lequel personne n’est doté de liberté, d’autorité pour juger et se juger les uns les autres juge là où il n’y a pas d’autre loi que la loi naturelle. Cette dernière, qui ne vise pas l’excellence morale de l’homme, envisage que tout être humain a le devoir de se préserver ainsi que l’ensemble de l’humanité.

À partir de là, n’importe qui peut tuer quiconque menace son existence, ce dernier devenant une menace pour tous les autres humains. Cette loi de la nature n’est pourtant naturelle que de nom : elle est en fait le fruit de la réflexion, elle n’est pas innée chez l’homme, mais repose sur une passion puissante qui est donc une loi de la nature : celle de sa propre conservation.

A l’opposé de cet état de nature, Locke définit la société civile comme une situation dans laquelle un ou plusieurs individus sont investis de l’autorité de juger les hommes entre eux, et dans laquelle le droit dit positif (ou droit conventionnel, parce qu’il est fait par hommes) est institué. Cependant, Locke ajoute deux autres états dans lesquels les gens peuvent se trouver : l’état de guerre, défini comme un état dans lequel les hommes utilisent la force indépendamment de la loi, de la justice ou de l’autorité, et son contraire, l’état de paix. Et si ces deux états existent à la fois dans l’état de nature et dans la société civile, cependant, l’état de guerre dans l’état de nature est plus probable.

En effet, à l’état de nature, la pauvreté (qui lui est généralement associée) et un désir de conservation parfois démesuré (car mal orienté ou canalisé) menacent la paix générale, et les hommes commencent à percevoir le reste de l’humanité comme une menace potentielle . Trois similitudes entre Hobbes et Locke apparaissent alors au lecteur attentif : l’état de nature est un état qu’il convient d’abandonner car le conflit y est plus que probable ; la loi de nature, qui est de faire sortir l’homme de cet état de nature, trouve sa raison et son but dans l’effort de conservation ; enfin, cette loi de la nature désigne la société civile comme une condition de la paix universelle.

Moins violent, cependant, est l’état de nature lockéen, qui a son origine non pas dans un grand défaut humain comme l’orgueil, mais dans la pauvreté. Ainsi, la société civile comme remède à l’état de nature diffère grandement entre Locke et Hobbes.

En effet, là où Hobbes fait de la propriété privée un sujet des lois du souverain, Locke en fait un droit. Pour ces derniers, Dieu a donné à l’homme la terre en commun. Dans l’état de nature originel, avant la société civile, il n’y a pas de propriété privée initiale à une exception près : dans cet état les gens sont libres et égaux en droits et sont donc propriétaires de leur propre personne.

Le travail effectué par un individu qui donne de la valeur à une chose (une pomme, par exemple, n’a de valeur que si elle est cueillie ou cueillie), mais son produit appartient en fait à cet individu : nous avons donc ici la source de la propriété privée . Cependant, Locke ajoute une stipulation à ce droit de propriété privée à l’état vierge de la nature : cette propriété ne s’applique que tant que la nourriture crue, à la fois quantitative et qualitative, est disponible pour tous en abondance.

Locke note seulement que ces aliments ont tendance à se gâter (par exemple les fruits). L’état de la nature est donc celui de la rareté car tout excédent, source de richesse, finit par pourrir et devient inutilisable. Pour Locke, c’est l’avènement de la monnaie bien durable qui a mis fin à cette misère en permettant l’échange et donc l’utilisation de denrées périssables, la création de surplus et donc l’augmentation de la production de biens.

Cependant, cette introduction de monnaie entraîne une pénurie de matières premières et des inégalités économiques pourtant justifiées par l’augmentation générale de la richesse mondiale : les travailleurs les plus pauvres restent en réalité plus riches dans ce nouvel état d’inégalité que les plus riches dans l’état naturel originel. Dans cet état de nature inégal, un bien naturel n’a plus besoin d’être abondant pour devenir sa propriété. Mais ces inégalités économiques engendrent la cupidité et la jalousie. Dans cette situation, un état de guerre est plus probable et l’existence d’un gouvernement pour protéger la propriété privée devient nécessaire.

La finalité d’une société civile bien gouvernée nous apparaît donc claire : elle vise à préserver la propriété au sens le plus large, c’est-à-dire à préserver la vie, la liberté et la propriété de ses membres.

Examinons de plus près les détails de l’émergence et des fonctions de cette société civile. Il est établi en tant qu’organe politique avec le gouvernement par le biais d’un contrat social.

Reconnaître ce contrat sort de l’état de nature et, dans son cadre, transfère deux forces de la nature (celle de tout faire pour préserver sa vie et celle des autres sous la loi de nature, et celle de punir les personnes qui violent la loi) à la communauté ainsi formée. Ces pouvoirs deviennent deux pouvoirs politiques distincts (pour limiter les abus), à savoir le législatif (auquel Locke dit que le judiciaire appartient) et l’exécutif. Cette société civile permet donc, contrairement à l’état de nature, d’édicter des lois établies et connues de tous et applicables à tous (y compris les membres du gouvernement), de trancher les litiges et d’exécuter les peines et peines correspondantes.

Le gouvernement de cette société civile a pour but de réduire les incertitudes présentes dans l’état de nature et de protéger la propriété au sens le plus large, son pouvoir, le pouvoir politique, ne peut être que limité : ni arbitraire ni absolu, ni instable ses lois et les décisions. En fait, une société civile tyrannique est pire pour ses membres que l’état de nature. Locke est donc plus sévère que Hobbes dans les restrictions imposées à son bon gouvernement pour le rendre plus respectueux du droit à l’autoconservation.

Mais que se passe-t-il lorsqu’un gouvernement abuse de ses pouvoirs au détriment des membres de la société civile ?

Pour Locke, il se place en dehors de la société civile. Ajoutant à cela l’usage de la force contre le peuple, un tel gouvernement se met en état de guerre avec lui, qui a un droit naturel à se défendre. Cependant, ce droit face à la tyrannie ne s’applique que dans la situation où il n’est plus possible d’invoquer la loi lorsque le gouvernement cesse de fonctionner.

Ceci termine notre voyage historique. Ceci, à partir de l’ancienne loi naturelle, nous aura permis de comprendre comment les trois grands principes libéraux se justifient pour les tenants de la loi naturelle libérale, et quel gouvernement est le mieux à même de les faire respecter.

C’est un gouvernement doté de pouvoirs limités pour lutter contre les abus et respecter la loi naturelle pour défendre les droits naturels de ses membres, à savoir le droit à l’auto-préservation, le droit à la liberté et le droit à la propriété. Un tel gouvernement ne cherche donc pas à guider ou à orienter ses citoyens dans leurs choix, mais à les protéger des menaces extérieures et à servir d’intermédiaire entre eux en cas de conflit.

Ainsi, bien qu’ancienne et souvent réduite à une caricature d’économisme par nos contemporains, la pensée libérale s’avère à maintes reprises être peut-être le meilleur antidote aux maux contemporains.