Le dernier rapport du GIEC le confirme : bientôt, le réchauffement climatique entraînera des vagues de chaleur plus fréquentes, plus longues et plus intenses. L’urgence se fait sentir d’augmenter l’efficacité énergétique d’un bâtiment, notamment pour un meilleur confort en été.
Le climatiseur est particulièrement dans le viseur de certains acteurs du chantier, car il est dit énergivore et émetteur de gaz de chauffage. « En 2020, la climatisation représentait 15,5 TWh de consommation d’énergie en France », détaille Enercool.
C’est sûrement avec cette idée que la nouvelle société, fondée en 2020, Cool Roof, a lancé sa « peinture intelligente qui abaisse la température des bâtiments ».
Quand blanc rime avec rafraichissant
Dédiée aux toitures des bâtiments, la peinture Cool Roof repose en partie sur un principe physique simple : le reflet de la couleur blanche. A voir aussi : Les banques américaines se préparent à la crise. Celle-ci a tendance à attirer moins la chaleur du soleil que la couleur noire, qui orne souvent les toits des bâtiments industriels et tertiaires en France.
« Ce n’est pas une idée nouvelle, on a l’image des villages en Grèce ou au Maghreb qui sont blancs. Au-delà de la peinture blanche, il existe des pigments qui ont la capacité de réfléchir les infrarouges (…) », explique Maxime Claval, ingénieur thermicien de formation et fondateur d’Enercool. Le pigment en question a été développé il y a plusieurs années par la NASA pour protéger les fusées du rayonnement solaire. Sans oublier la résine acrylique, qui peut résister aux rayons ultraviolets pendant plus de 10 ans, ce qui promet une meilleure tenue que la chaux.
Ainsi, appliquée sur le toit d’un bâtiment avec climatisation, la peinture Cool Roof permettrait une diminution de 6°C de la température intérieure, et 6,2 TWh de consommation en moins par an (-40%), soit. « l’équivalent de la production d’un réacteur nucléaire sur un an », estime Enercool.
Mais selon le fondateur de la start-up, l’intérêt de la peinture Cool Roof n’est pas seulement écologique, il est aussi économique. D’autant que les pigments réfléchissants « arrivent progressivement dans le domaine public, pour baisser de prix ensuite ».
Des économies de climatisation
Le prix de la peinture Cool Roof est de 10 euros le m2. Un avantage aussi quand on considère la rareté de certaines matières premières nécessaires à la production de solutions thermiques, comme les isolants ou les pompes à chaleur. Sur le même sujet : Italie : Mario Draghi distribue 14 milliards d’aides avant de partir. Sur les éléments utilisés pour fabriquer la peinture, « on a une augmentation de 5 à 10% », estime Maxime Claval, là où l’inflation des matières premières pour l’isolation PSE, atteint un pic de 30%.
« Ce qui est intéressant ceci dit, c’est qu’on apporte des économies de climatisation. Le coût de la climatisation, et enfin de l’électricité, l’augmente de plus de 5 à 10 % », précise le fondateur d’Enercool. De plus, le prix de la solution est attractif au regard d’opérations de rénovation thermique ou d’isolation, souvent coûteuses et nécessitant un accompagnement tel que MaPrimeRénov’.
Enercool vend Cool Roof à différents clients : artisans-peintres, prescripteurs, maîtres d’ouvrage… Plus spécifiquement au maître d’ouvrage, notamment dans le cadre de la réfection des toitures de bâtiments industriels, la startup propose un produit et une application.
Il est estimé à 20 euros le m2, et la proposition comprend une analyse des consommations d’énergie et des axes d’économies par Enercool, avant la prise en charge du maître d’ouvrage. Ces derniers doivent collaborer avec des peintres locaux certifiés par MASE, afin de garantir la sécurité et la qualité de la prestation.
Les peintres sont certes plus habitués à se protéger des risques d’émissions de particules toxiques présentes dans la peinture, mais certains ne sont pas forcément habitués à travailler en hauteur. Ils doivent intégrer différents réflexes antichute : « avoir un baudrier, avoir un casque, être en sécurité sur les lignes de vie… », énumère Maxime Claval.
Vers une peinture Enercool dans le résidentiel
Si le confort d’été est particulièrement pertinent autour de la Méditerranée, cela ne signifie pas que la peinture réfléchissante n’est pas nécessaire dans d’autres régions françaises. Sur le même sujet : La Métropole de Lyon dévoile ce que sera la transformation du pôle d’échange de Perrache.
« Ce qui est tout aussi intéressant, c’est que nous avons de nombreux clients dans le Nord de la France et dans l’Est de la France. Nous sommes nous-mêmes à Nantes, et nous n’avons pas l’habitude d’avoir des étés chauds, mais quand il fait chaud, nous souffrons plus de la chaleur que les gens du Sud, qui y sont plus habitués », a déclaré le fondateur de l’entreprise, située à Loire Atlantique.
Bien que présente dans toute la France, l’activité d’Enercool et sa solution Cool Roof concentrent 90% de la demande dans le bâtiment tertiaire et industriel. La réponse s’applique aux maisons d’habitation à toit plat (EPDM, membrane bitumineuse, zinc, tablier métallique, etc.)
« Les particuliers peuvent aussi, s’ils le souhaitent, faire eux-mêmes la peinture grâce à l’application extrêmement simple qui comprend un apprêt pour tous types de toitures puis deux couches de peinture réfléchissante Sunprotec », note Enercool dans un communiqué.
« En revanche, la majorité des maisons sont des maisons aux toits en pente, avec des tuiles et des ardoises. Et aujourd’hui, repeindre carrelages et ardoises en blanc n’est pas encore courant. D’autant que les personnes qui veulent le faire ont encore la restriction du PLU, avec une demande à faire à la mairie et c’est souvent refusé », selon son fondateur.
C’est pourquoi l’idée est dès le départ de développer des peintures, ardoises et tuiles colorées à cette époque, tout en contenant les mêmes pigments réfléchissants que Cool Roof.
Interview de Virginie Kroun Photo de One : Enercool