La petite fille qui regardait le Bosphore, une histoire de Minitel rose

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Il se fait appeler « Hugo Boss ». Elle a choisi pour surnom, « Marine ». Il est donc directeur commercial et vit avec sa femme à Montpellier. Marine est scientifique, mariée à un homme qu’elle n’aime pas, mère de deux enfants, et vit à Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle s’appelle en fait Gila, est issue de la communauté juive d’Istanbul, un milieu traditionnel et rigoureux. Hugo et Marine se retrouvent sur le Minitel rose, puis entretiennent des relations à l’hôtel, lors de voyages d’affaires.

Dominant, Hugo Boss, ou Pierre March lui-même, donnent des instructions aux marines, qu’ils suivent donc à la lettre. L’abus crescendo, de la pince à linge sur le mamelon à la brûlure, tout au long de l’expérience échangiste. Peu à peu pourtant, Hugo (Pierre) et Marine (Gila) deviennent amants, jusqu’à envisager une vie ensemble. Fragile, complexe, Marine doit divorcer de son futur ex, comme elle le surnomme, et c’est le drame. L’histoire se termine par la description du suicide. Soumis à une pression trop intense, devenant un homme procédural, Marine fait un choix ultime en se suicidant.

Voici le pitch, le synopsis. Vingt-cinq ans après les faits ; Pierre March (Hugo) décide de revenir sur les lieux pour se souvenir. Relativement court, intense, le livre n’est pas un roman, une œuvre de fiction, mais plutôt une histoire qui mêle des extraits de correspondance (entre les deux protagonistes), des dialogues sur le net et des fragments d’un journal intime reconstitué : celui des différents moments ensemble. quand Marine et Hugo se voient, font l’amour, Hugo se rend compte des Martyrs de Marine, qui prend plaisir à.

Un ouvrage sincère

Il faut sans doute du courage pour se rendre de cette façon. Car, comme je l’ai dit, il s’agit bien d’une histoire vécue. Et le ton utilisé est extrêmement correct. Daté, chaque petit chapitre décrit au menu, avec une précision clinique, les ébats des protagonistes. Ceci pourrez vous intéresser : Camille : « Le vrai plaisir du sexe, c’est de goûter aux choses…. Les âmes sensibles refusent ! « J’ai passé ma colère à te posséder en maltraitant tes seins. Allongé sur le dos, je t’ai couvert (…) Mes mains tapotaient, tapotaient, pressaient ces deux seins à la peau blanche aux aréoles tendres et roses, enserrés. Ils vivaient sous mes doigts musclés et brutaux » (p. 69).

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Une telle cruauté n’implique pas la vulgarité. Marine/Gila, qui après une longue « initiation » est devenue esclave (car tout est codé, marqué), envoie des lettres passionnées au Maître, qui n’est rien d’autre qu’un pornographe. Chacun est formel, respectant ainsi un protocole implicite.

Et petit à petit donc, sans qu’on comprenne exactement pourquoi, maître et esclave, qui devaient simplement s’adonner au rite sadomasochiste, finissent par s’aimer. Hugo/Pierre et Marine/Gila tombent amoureux, après de longues heures de pure torture consensuelle, et où toute forme d’exploitation est interdite. Le ton des lettres, du journal de Pierre, est donc lyrique. Interdite au début, cette « dépendance née entre nous » (p. 119) devient un sentiment fort, impétueux. Cependant, rejetant tout lien profond, le narrateur ferme les bras, ce qui déclenche le désastre, à savoir la disparition volontaire du marin évoqué plus haut.

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Un texte littéraire ET documentaire

Le livre lui-même s’ouvre sur le pèlerinage d’Hugo Boss/Pierre, méditant sur la tombe de Marine/Gila à Istanbul, face au Bosphore. La scène est touchante, poétique même. Voir l’article : Près de Toulouse : permis, exhibitionnisme, harcèlement… quoi…. Hugo/Pierre s’adresse directement au marin, aujourd’hui décédé, et à Gila pour toujours : « Vous êtes loin de l’entrée, au bout de deux longues allées paisibles, bordées de très vieux eucalyptus. En marchant, mon regard errait sur cet univers d’ondulations, de marbre blanc… » (p. 24).

On pense ici à Aziyadé de Pierre Loti, où le narrateur se rend lui aussi sur la tombe de la femme aimée morte si jeune… De plus, l’histoire est tissée de références scientifiques. Pierre/Hugo se sent donc comme Ikarus (p. 123), et diverses figures classiques, comme Musset, sont interpellées au fil des pages. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un simple livre sale, d’une exhibition de perversions. Nous sommes bien dans la « cérébralité », la littérature, pour reprendre les termes de l’écrivain (p. 76).

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Aussi honnête soit-il, mais romanesque, le livre a aussi une valeur documentaire, comme le révèle la préface, à savoir cet entretien avec Maîtresse Françoise, animatrice du site Minitel Rose, sur laquelle Hugo et Marine se retrouvent en pleine rencontre dans les années 1990. . On ne peut pas parler d’essai, car il ne s’agit bien sûr pas d’une réflexion abstraite, mais plutôt d’un témoignage.

D’où l’intérêt de la petite fille qui regardait le Bosphore. Beaucoup se reconnaîtront dans cette catharsis. Et encore plus aujourd’hui, à une époque où prospèrent les histoires médiocres (notamment Cinquante Nuances de Grey). Alors souvenons-nous de cette histoire, qui a été publiée dans les très jeunes éditions « Quatre banals » (par Pierre March lui-même), et qui rappelle à beaucoup les bons moments de 3615 !

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