François-Xavier Goemaere, fondateur et COO de WYTLAND, présente la finalité du Web3, les secteurs qui l’utilisent et explique comment WYTLAND agit pour faciliter la transition Web2-Web3 des acteurs du tourisme et mieux engager la nouvelle génération de voyageurs
En collaboration avec Welcome City Lab, Tour Hebdo et Quotidien du tourisme proposent une série hebdomadaire du cahier de tendances créé par ce laboratoire de tourisme innovant.
Web3, NFT, Blockchain, Metaverse, autant de mots « tendance » devenus de véritables machines à fantasmes, au point qu’ils ne distinguent plus ce qui est fonctionnement réel ou potentiel, fausses promesses ou possibilités réelles. Quelle que soit sa position sur ce sujet, que l’on soit un « croyant de la première heure », un sceptique ou un critique, il est maintenant important de comprendre les réalités de cette troisième itération d’Internet et des outils qui l’accompagnent.
Ce postulat doit permettre à chacun, tant individuel qu’institutionnel, d’objectiver ses choix en adoptant ou non ce mouvement qui, c’est un fait, a déjà transformé durablement de nombreuses industries et qui tôt ou tard changera celui du tourisme.
La révolution Web3 est en marche dans de nombreux secteurs
Derrière le concept du Web 3, cette itération de l’Internet dit décentralisé, se cache l’idée simple de donner aux internautes le pouvoir de contrôler et de s’approprier pleinement leurs données en les transportant d’un service à un autre.
Le Web3 doit ainsi permettre de se passer des grandes plateformes (c’est-à-dire Booking, Expedia, TripAdvisor,… vis-à-vis de l’industrie du tourisme) qui contrôlent, partagent peu et vendent très cher les données collectées, éliminant ainsi ces intermédiaires devenus redondants et permet une relation directe entre les marques, les créateurs de contenus et leurs consommateurs/voyageurs.
C’est grâce à la technologie blockchain, qui permet de stocker et de partager des informations de manière transparente et sécurisée, et des outils tels que les NFT (jetons non fongibles) que la promesse du Web3 peut se réaliser. Un nouveau type de relation entre les différents acteurs d’une filière est alors possible, plus directe, désintermédiée, plus juste, qui permet de réaligner les intérêts de chacun des acteurs d’une même chaîne de valeur.
Pour un acteur économique (hôtelier, destination, créateur de contenu, fournisseur de loisirs, etc.), cela se traduit par une modification profonde de la relation et de la manière dont il interagit et engage ses consommateurs.
Le modèle fournisseur/client va évoluer vers une dimension beaucoup plus communautaire, plus fluide, pour que chacun puisse se reconnaître, jouer un rôle actif dans cette communauté et surtout être récompensé de son engagement.
De nouveaux espaces seront ainsi créés à la frontière entre la vie réelle et la vie numérique pour permettre à ces membres d’interagir et de s’engager dans la durée. Les métavers sont probablement la variante la plus frappante car ils sont plus immersifs et interactifs que ce que nous connaissons déjà.
Plusieurs secteurs se sont déjà engagés à adopter le Web3, souvent à l’initiative de petits acteurs désormais affranchis des diktats omnipotents des grandes plateformes de leur secteur.
L’industrie du jeu vidéo en est probablement l’exemple le plus révélateur, inversant le modèle économique historique de cette industrie grâce aux NFT. Les joueurs ne paient plus pour jouer, ils gagnent de l’argent en jouant grâce au « Play-to-Earn » lancé par Axie Infinity.
Il en va de même pour le secteur de la musique ou du cinéma, qui peut désormais s’affranchir des maisons de production, les artistes voyant leur projet financé directement par leur communauté de « fans ». C’est le cas du prochain film de Martin Scorsese qui sera entièrement financé par la vente d’une collection NFT. Les détenteurs de ces NFT recevront en échange une part des bénéfices du box-office du film. Ils pourront également rencontrer les vedettes du long métrage, assister à l’avant-première du film et visiter les studios de cinéma.
… mais l’industrie du tourisme est à la traîne
Dans le secteur du tourisme, les premières expérimentations se dessinent, comme le lancement d’une collection NFT par Marriott Bonvoy dans l’hôtellerie, une autre des parcs nationaux côté destination. Dans le Metaverse, Millennium Hotels and Resorts a été la première marque hôtelière à se lancer sur Decentraland. Mais ne vous y trompez pas, ces initiatives sous forme de test sont encore trop souvent motivées par la visibilité passagère qu’apporte leur annonce.
Du côté des prestataires, les premières initiatives Web3 Travel se créent avec des entreprises telles que Dtravel, Xeniapp ou Stay Open. Ces initiatives restent relativement rares par rapport au secteur du luxe, par exemple, qui a vu plusieurs centaines de nouveaux acteurs en 18 mois accélérer le mouvement Web3 dans cette industrie en quête de Gen-Z.
Une fois de plus dans l’histoire de l’innovation, l’industrie du voyage démarre tard. Elle risque donc à nouveau de s’imposer des modèles qui ne seront pas adaptés à sa spécificité ou de dépenser des fortunes pour recréer ensuite un système qui aura été créé sans elle.
Immersion, équité, confiance numérique : des leviers puissants pour l’émergence du Web3 dans le secteur du tourisme
Cependant, la question n’est pas de savoir si notre secteur adoptera ou non le mouvement Web3, mais plutôt quand. En fait, plusieurs facteurs puissants rendent cela inévitable. Nous en citerons ici deux :
1/ L’industrie du tourisme est l’un des secteurs les plus médiatisés par quelques grandes plateformes qui ont rendu les fournisseurs, principalement les hôteliers, extrêmement dépendants et qui les privent d’une part de plus en plus importante de la valeur créée. Les acteurs le savent, la volonté de réduire la dépendance les pousse à trouver des alternatives durables.
2/ Une nouvelle génération de voyageurs est née, Gen-Z, avec de nouveaux modes de consommation, qui ont fait tomber les frontières entre le monde réel et le monde virtuel, qui ne croient plus à la publicité et n’utilisent plus « Search, but follow les recommandations des créateurs de contenus sur les réseaux sociaux Ces créateurs deviennent de facto les nouveaux « conseillers en voyages », mais souffrent eux-mêmes de leur addiction aux grandes plateformes sociales (Instagram, TikTok, etc.).
L’aspiration à l’authenticité, à la reconnexion directe entre les acteurs, à la juste redistribution de la valeur créée, à la protection des contenus et de la vie privée, à l’accès à des expériences nouvelles, plus immersives, plus gamifiées, n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Pourtant, ces ambitions dégradées des acteurs du tourisme sont les pierres angulaires du Web3 et de la Blockchain.
WYTLAND, un nouvel écosystème pour faciliter la transition Web2 > Web3 des acteurs du tourisme et mieux engager la génération Z
Sur la base de ces constats et après avoir interrogé des centaines de marques, destinations, créateurs de contenu, voyageurs, etc., chez WYTLAND, nous avons décidé de créer le premier écosystème vertical sur le voyage et basé sur la blockchain Polygon pour permettre à tous les acteurs de l’industrie du voyage de prendre leur premier pas dans le monde du Web3.
Notre analyse est simple, de la même manière que tout le monde devait créer un site internet, ouvrir un compte chez Booking, AirBnB, TripAdvisor ou Instagram, il faut désormais se créer une présence sur le Web3 pour ouvrir un nouveau canal d’acquisition et d’engagement des voyageurs.
Nous construisons cet écosystème jour après jour avec ces premiers acteurs du voyage qui ont compris que nous étions au début d’une révolution dans la façon dont nous découvrons et distribuons le voyage. Nous les aidons à lancer leurs premières collections NFT utilitaires et à créer leur boutique NFT sur la blockchain.
Une deuxième étape consistera à accompagner les jeunes voyageurs à mieux découvrir et explorer le monde, que ce soit dans la vraie vie comme dans le monde virtuel du Metaverse.
Nous terminerons cet article sous la forme d’un appel aux acteurs du secteur touristique, « Engagez-vous pour un Internet plus durable, plus redistributif, plus écologique, plus à l’écoute des acteurs locaux ». C’est ce que le Web3 peut apporter à notre secteur, si nous nous approprions collectivement le sujet et ne laissons pas les autres le faire à notre place. Au risque de souffrir autrement les dix prochaines années comme nous avons souffert les dix dernières, sous l’hégémonie des grandes plateformes. => Achetez maintenant !
Blockchain et impact écologique
Une nouvelle technologie à la rencontre des jeunes générations dans le secteur du tourisme ne peut ignorer le grand défi que représente son impact écologique.
Comme toute activité digitale, la blockchain consomme de l’énergie, mais à des niveaux très différents selon les protocoles utilisés (« proof of work » vs « proof of stake »). En 2 ans, des progrès considérables ont déjà été réalisés.
Certaines blockchains compensent entièrement la consommation de carbone et prévoient même d’être positives pour le climat d’ici la fin de l’année.
La blockchain peut dans certains cas être une alternative à certaines activités traditionnelles plus énergivores. Par exemple, des études récentes ont montré que Bitcoin utilise énormément moins d’énergie que le système bancaire.