« L’agroécologie doit pouvoir produire des résultats »

Written By Sara Rosso

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En mai dernier, des étudiants d’AgroTech Paris exhortaient leurs camarades à « déserter » en déclarant que « l’industrie est en guerre contre les êtres vivants »… Nos aliments préfabriqués généreraient des cancers, le gluten des céréales s’avère moins digeste, les pesticides est de plus en plus critiqué. A Cucugnan, le « boulanger » Roland Feuillas mène sa propre résistance avec un « blé plus que bio ». Un blé préindustriel.

« J’ai commencé en 2000. Ce qui me fascinait, c’était la responsabilité des grands bâtisseurs, ceux qui dessinaient des cathédrales, qui coordonnaient des constructions immenses en toute harmonie, alors qu’aujourd’hui il n’y a plus cette notion de  »travail » dans ce que nous faisons. » . Du haut de sa boulangerie de Cucugnan, perdue dans les Corbières audoises, Roland Feuillas façonne son Arche de Noé avec une alimentation saine, et quoi de plus symbolique que de bâtir sur du pain.

Un blé ancien produit par une trentaine de paysans en France

Un blé ancien produit par une trentaine de paysans en France

« Homère disait déjà qu’il y avait des mangeurs de pain, les hommes civilisés du bassin méditerranéen, et puis les autres, les barbares. Y aurait-il encore aujourd’hui cette dichotomie ? Aujourd’hui il y a des mangeurs de vrai pain, produit de l’eau, du sel, blé et un levain naturel. C’est toute la magie du vrai pain », explique Roland Feuillas, chef d’entreprise mais philosophe. Dans son école du pain en contrebas du moulin de Cucugnan, Roland Feuillas et son équipe forment chaque année 120 particuliers et 40 boulangers dans cette tradition ancestrale. l’art de la panification. A voir aussi : Nourriture : poisson bleu et chocolat, petits plus pour la mémoire.Chaque semaine envoie du pain  »Les Maîtres de mon moulin » aux quatre coins de la France, « il s’agit en fait de circuits courts car pas plus de deux intermédiaires de la terre à la bouche : producteur et transformateur », montrant un bilan carbone proche de zéro : « On plante des arbres, un couvert permanent, donc une photosynthèse continue, on stocke du carbone. En matière de machinisme agricole, nous sommes à 40% de nos pairs en conventionnel ; les prix des engrais et des pesticides ne nous concernent pas, nous n’en avons pas. Leurs champs de blé sont méconnaissables, rien à voir avec les champs ennuyeux et monotones du blé moderne en monoculture intensive. Celles-ci sont vertes et fleuries, sauvages, on reconnaît à peine les épis qui feront le pain. « Notre blé ne pousse jamais seul, il y a toujours des cultures associées (polyculture) de luzerne, de légumineuses, de protéagineux, et bien sûr nous les récoltons tous », précise-t-il.

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En aval, trois « ultra-artisans » affiliés produisent de la farine – à l’aide d’un moulin à pierre – pour une centaine de boulangers en France (marque 100 % Nature). Mille hectares exploités par une trentaine d’agriculteurs en France, accompagnés de Feuillas et de son équipe, sont à la base de cette production en total décalage avec la pudeur de la boulangerie, aussi attirante soit-elle par le parfum, les nuages ​​de farine flottant dans le encore chaud sécher l’air dans le four.

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L’œuvre totale

L’œuvre totale

« En France, le pain est le plus souvent obtenu avec de la levure industrielle. Il provoque des difficultés digestives, présente des carences nutritionnelles et n’apporte plus les éléments indispensables à l’alimentation humaine. Ceci pourrez vous intéresser : Quels meubles choisir pour un aménagement intérieur de cuisine ? | Info-mag-annonce.com. Alors que le pain doit être le résultat d’une symbiose avec les bactéries lactiques, le premier organisme vivant de notre biosphère, qui amène à l’affinage que nous donne le fromage, le vin, la viande (la viande non fermentée c’est de la viande), la charcuterie… le pain. Cette bactérie rend les aliments plus digestes, c’est à l’origine de notre civilisation. »

Le patriarche à l’éternel chapeau de feutre vissé sur la tête est prêt à bondir, troquant le mont Arrarat avec son frère aîné pour le mont Tauch, à l’approche du déluge de dérèglements climatiques, économiques et sanitaires. Il maîtrise tout, des semences de blés anciens, multipliées et cultivées un peu partout en France, y compris le département de l’Aude, jusqu’au pain fini, envoyé ou vendu au comptoir à nos panses. « Ni agriculteur ni boulanger » Roland Feuillas se considère comme un simple mais vrai bâtisseur.

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« L’agro-écologie doit pouvoir produire des résultats économiques et financiers, que ces activités soient pleinement inscrites dans la pyramide sociale. Ce niveau de maturité doit venir, et nous, qui sommes entrés à 20 ans dans la démonstration de la faisabilité de ce modèle, nous savons que c’est possible, avec en plus un produit qui est bon pour la terre et ceux qui l’ingèrent. Nous opérons une agriculture régénératrice, air, eau, terre, biomasse, personnes. Rien ne doit être fait au détriment de l’un pour le profit de l’autre. »

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