Laure, 54 ans, est « écœurée » par les résultats de sa liposuccion…

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Laure n’ose plus regarder son nouveau corps dans le miroir. « C’est terrible. Mon corps est moche, je pleure tous les jours », confie le quinquagénaire via le bouton orange Alertez-nous.

En juillet dernier, Laure a commencé l’opération qui, selon elle, allait changer sa vie. Tout commence sur Instagram, où elle passe une grande partie de son temps libre. « J’ai vu des photos d’influenceurs super parfaits », se souvient-elle. Sur le réseau social, elle découvre les corps de nombreuses femmes auxquelles elle ne voit aucun défaut. Devenir comme elle devient alors son objectif principal.

Des cliniques se réclamant expertes en chirurgie esthétique se font connaître sur le réseau social. Avec des photos « avant/après », ils vantent les mérites des professionnels qui se définissent comme des chirurgiens médicaux. Beaucoup de ces succursales sont situées à l’étranger. Laure en voit un en Tunisie. « Je suis une personne seule. Je ne travaille pas, je n’ai pas d’amis, je suis casanière. Alors en voyant toutes ces belles photos, j’ai craqué et j’ai envoyé un message », nous confie-t -elle.

Il a fait des lignes sur mon ventre et sur mes cuisses

A 54 ans, Laure espère retrouver « la taille maigre de la trentaine ». « J’en avais marre de porter du L tout le temps », se souvient-elle en larmes.

Elle entame une conversation avec un responsable de l’établissement médical de Tunis. Sur demande, elle envoie des photos de son corps via WhatsApp. « J’ai envoyé des photos de moi en sous-vêtements montrant mon ventre », explique-t-elle. On lui promet que la chirurgie est possible.

« J’ai acheté mon billet d’avion, je suis allée à l’aéroport de Gosselies puis à la clinique. Là, ils m’ont fait asseoir dans une petite pièce avant de me mettre dans une chambre », explique-t-elle. Elle y passe la nuit. Le lendemain matin, le chirurgien chargé de son opération lui rend visite. « Il m’a expliqué les risques de l’opération. J’ai signé un papier de décharge. Puis il a fait des marques sur mon ventre et sur mes cuisses pour montrer ce qu’il allait faire », raconte le quinquagénaire. Avant de s’exclamer : « Mais je n’ai pas compris. Ça ne veut rien dire pour moi ».

Pourquoi ai-je obtenu un résultat aussi horrible ? Je suis dégoûté, démoralisé

Les infirmières l’emmènent ensuite au bloc opératoire. « Ils m’ont mis le masque (le masque d’anesthésie, ndlr). Je n’ai même pas pu compter jusqu’à 3 que je me suis endormie », témoigne-t-elle.

Laure se réveille alors dans sa chambre d’hôpital. Une combinaison couvre son corps. Grâce aux médicaments, elle ne ressent aucune douleur. « J’avais juste beaucoup d’inconfort à me déplacer », dit-elle. Le médecin lui rend alors visite. Ce sera la deuxième et dernière fois qu’elle aura un contact avec le praticien. « Il me dit que tout s’est bien passé, qu’il m’a enlevé 4 litres de graisse. Et que j’ai mis du temps à récupérer », me confie-t-elle.

Le port du fourreau est obligatoire pendant un mois. « J’ai dû faire 24 séances de drainage lymphatique. Au bout de 3,4 mois, mon corps se vidait. J’avais perdu deux tailles de jeans », raconte-t-elle. Mais les semaines passent et Laure ne voit pas les résultats escomptés. « Ma peau était toute ridée, mes cuisses tout déformées », regrette-t-elle.

Une opération de 2 000 € « payée en cash »

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Pour cette raison, elle décide de contacter le chirurgien qui l’a opérée. « Mais ils ne répondent pas », dit-elle. Recherchez sur Internet des critiques de l’institution médicale. Et il y a de la déception. Elle lit des commentaires qui reflètent ce qu’elle a vécu. « Je préférais mon corps avant. Pourquoi ai-je eu un résultat aussi horrible ? Je suis dégoûtée et démoralisée. Je fais des cauchemars », raconte-t-elle.

L’opération lui a coûté 2 000 €, « payés en liquide ». Sans parler du billet d’avion et des médicaments qui lui ont été prescrits. Aujourd’hui, Laure tient à alerter sur les dangers que peut comporter la chirurgie esthétique si elle n’est pas encadrée par des professionnels. « Les filles, je veux appeler. Faites attention. Ce n’est pas parce que vous voyez de bons résultats sur les réseaux sociaux que les vôtres seront bons. C’est ce que je me suis dit », conclut-elle.

Quelle erreur le chirurgien qui a opéré Laure a-t-il pu commettre ? Jean Hébrant, le président de la Société Belge de Médecine Esthétique, après avoir consulté les différentes photographies envoyées par notre témoin, conclut qu’une technique « plus douce » aurait dû être utilisée. « Le chirurgien aurait dû laisser un peu de graisse sous la peau pour ne pas avoir l’aspect complètement fripé qu’a cette dame. Quand on regarde la peau de Laure, on a dû se rendre compte tout de suite que cette peau était fragile. »

Au regard du bilan de l’intervention, Jean Hébrant se dit à la fois « triste » et « inquiet ».

« C’est inquiétant et triste. C’est les deux à la fois. Je suis triste pour cette femme, car je pense que les solutions pour revenir à un état plus esthétique vont être compliquées. Le risque de partir à l’étranger, et je le fais je ne le fais pas ‘ « Ne pas dire que tous les médecins à l’étranger sont mauvais, ce n’est pas choisir un bon médecin. Il faut savoir qu’un chirurgien n’est pas spécialiste de tout. Il y en a qui se spécialiseront en lifting, d’autres pour les seins,… Selon les références de chacun, il sera plus facile de trouver une bonne adresse dans un petit pays comme le nôtre.

Le chirurgien donne 4 conseils importants pour éviter au maximum les mauvaises surprises :

– Soyez prudent lorsque vous choisissez un médecin qualifié pour la chirurgie souhaitée

– Procéder à un examen clinique pour évaluer la faisabilité de la chirurgie

– Vous avez droit à un délai de réflexion après avoir été informé des risques d’une opération

– Le médecin doit suivre son acte. Vous devez pouvoir rester en contact avec lui afin qu’il puisse apporter une correction si nécessaire.

Jean Hébrant met également en garde contre les publicités publiées sur les réseaux sociaux.

« En Belgique, une loi de 2011 interdit la publicité. La Société Belge de Médecine Esthétique assure que ses membres ne le font pas. C’est extrêmement mauvais parce que cela soulève une question. Vous devez également rester humble et honnête. dire non s’il estime que le traitement n’est pas adapté à son patient. »

Quelles solutions pour Laure après cette opération ? « Il y a peut-être des solutions avec la médecine régénérative. Il peut y avoir un effet tenseur sur la peau lâche. Je dirais à cette personne qu’il y a de l’espoir, mais plus en chirurgie », pointe-t-il.

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Quant au prix de l’opération réalisée en Tunisie, il estime qu’il s’agit d’un « très mauvais calcul ». « 2000 euros ? Je ne vois pas une grande différence avec ce qui se fait en Belgique. C’est peut-être 2500, maximum 3000 ici. Je pense que c’est un mauvais calcul, surtout vu la déception. Je pense que les risques ne lui ont pas été expliqués. » . Sur les réseaux sociaux, il ne montre que de bons cas. Et pour le chirurgien, vous n’allez pas refuser une intervention à quelqu’un qui a parcouru 1 000 ou 2 000 km. « 

Quelles questions se poser avant l’opération ?

Samuel Dubois, psychologue au CHU UCL Saint-Elisabeth à Namur, reçoit des patients qui souhaitent subir une chirurgie esthétique, notamment pour perdre du poids. Il pose souvent les mêmes questions lors de ses consultations pour s’assurer que les gens ne se trompent pas de cible pour lui.

« Je demande souvent : ‘Qu’attendez-vous de cette opération ?’ J’essaie de mettre ça en perspective avec ‘Où en es-tu en ce moment dans ta vie ?’ Car très souvent l’obsession du poids, d’une poitrine ou d’un ventre, n’est que la pointe de l’iceberg, et il y a souvent quelque chose qui ne va pas en dessous de soi. -la confiance, une tension dans le couple, un problème familial non résolu,… »

Et de poursuivre : « S’ils ne peuvent pas régler ça, les patients vont le distraire en cherchant un problème ailleurs. En tant que psychiatre, j’essaierai de dire ‘attention’, en demandant si le problème est vraiment la taille de l’abdomen ».  » est ou plutôt un problème relationnel avec ses parents, un enfant malade,… » Si on ne s’aime pas pour qui on est, on va essayer d’embellir l’emballage pour donner l’impression de… Le risque de ce genre d’intervention c’est confondre le but et croire qu’en ayant un visage lisse, tous les problèmes vont disparaître. »

La psychologue évoque également le rôle important des réseaux sociaux, qui ont influencé Laure. « Parce que les gens doivent s’évader ou être reconnus dans une vie de plus en plus difficile, ils vivent par correspondance ou dans l’illusion que s’ils plaisent à leurs followers sur Instagram, ils existent. C’est quelque chose de très puissant dans notre société. Il y a un processus d’identification . Tout comme les jeunes garçons s’identifient aux stars du football, de nombreuses jeunes filles s’identifient à un influenceur, par exemple, auquel cas c’est une recherche de reconnaissance et de similitude avec une idole. »

Samuel Dubois essaie aussi de raisonner les patients qui veulent d’autres opérations après une opération réussie.

« Je vois des patientes après l’opération. Les chirurgiens avec qui je travaille me les envoient pour une évaluation, pour s’assurer que la personne ne devienne pas obsédée par leur image. Une dame qui sera très contente de ses beaux seins peut – vouloir refaire d’autres parties du corps. On veut éviter l’entêtement et l’obsession de l’image. On essaie de faire prendre conscience aux gens qu’il y a toujours un risque. On reste dans la chirurgie esthétique et réparatrice. Il y a beaucoup de progrès, mais il y a encore toujours des échecs. , très peu, mais quand même », conclut-il.