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Lundi 2 janvier 2023 à 12h12.
Ils recherchent, testent, expérimentent, développent, lèvent des fonds et vont changer nos modes de production et de consommation. Une nouvelle génération d’entrepreneurs engagés dans la transition écologique émerge et leur succès est assuré. ‘Demain l’éco’ vous dit justement qu’en 2022.
Les crises successives nécessitent de l’innovation pour changer notre modèle économique hérité de l’ère industrielle basé sur les énergies fossiles. Les entreprises qui s’inscrivent dans l’innovation écologique promettent une économie plus calme, plus respectueuse de l’environnement et des salariés.
Selon le baromètre annuel d’Arthur Loyd, les investissements dans le secteur de la transition écologique atteindront 9,1 milliards d’euros au premier semestre 2022, un montant qui augmente significativement chaque année, soit 38 % de plus qu’au premier semestre de cette année. l’année dernière.
Les capitaux affluent et les projets se multiplient, mais
Rénover plus et construire mieux
L’étude d’Arthur Loyd révèle également que d’ici 2021, 69% des volumes sont investis hors des grandes villes. Cela signifie que plus des deux tiers des projets concernent des zones éloignées des grands centres urbains. Sur le même sujet : La crypto-monnaie lunc (ex luna) fait tourner la tête des investisseurs. Un bouleversement sans précédent indique que les développements de l’économie verte se jouent hors de Paris, en régions.
« L’émergence de projets industriels liés à l’économie verte offre un espoir de redistribution des cartes dans la dynamique du territoire. Les villes moyennes, hier délaissées par la métropolisation, ont aujourd’hui le potentiel de réindustrialiser la France à travers des filières de transition écologique. l’investissement est un levier essentiel de création d’emplois, à court et moyen terme. Ils promettent l’émergence de nouvelles zones industrielles » explique Cevan Torossian, directeur des Etudes & Recherche Arthur Loyd.
Ainsi, le verdissement de l’économie semble enfin arriver, redessinant peu à peu une nouvelle carte du marché du travail. Difficile de savoir si la transition écologique réussira à créer un million d’emplois d’ici 2050, comme le prédit l’Ademe, mais force est de constater que les préoccupations environnementales touchent tous les secteurs d’activité. Face à l’urgence climatique, nos entreprises doivent développer des technologies décarbonées et réduire la pollution.
Retour sur trois entreprises françaises pionnières de la transition écologique, avec Annabelle Grelier.
Le bâtiment est l’un des secteurs qui connaîtra le plus de changements dans les années à venir. Considérée comme l’une des plus polluantes, elle représente 20 % des émissions de CO2 à l’échelle nationale. L’efficacité énergétique des bâtiments, l’aménagement des terrains, l’empreinte environnementale des matériaux de construction, la gestion des déchets de construction, les défis à relever sont nombreux pour ce secteur énergivore de l’économie : l’équivalent de 70 millions de tonnes de pétrole, soit 43% d’énergie finale selon les calculs de l’Ademe.
La rénovation thermique des bâtiments est l’un des premiers grands enjeux de la transition énergétique. Actuellement, 7 millions de foyers sont mal isolés. Le plan de rénovation énergétique est une priorité nationale visant à réduire la facture énergétique et à réduire la consommation énergétique des bâtiments. Doté d’une enveloppe de 14 milliards d’euros de soutien à l’investissement public sur cinq ans, il doit répondre aux objectifs du Plan Climat annoncé en juillet 2017, qui consistent à
rénover 700 000 logements par an d’ici 2030, en vue d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Pour les constructions neuves, une nouvelle réglementation environnementale, RE2020, est mise en place depuis le 1er janvier 2022. L’objectif est d’encadrer la conception des bâtiments pour qu’ils soient économes en énergie jusque dans leur utilisation. Si la RT2012, issue du Grenelle de l’environnement, avait déjà fixé des exigences, la RE2020 est allée plus loin et a permis d’agir sur les consommations d’énergie et les émissions de carbone dans le secteur de la construction.
L’innovation écologique a beaucoup à offrir au secteur du bâtiment : nouveaux matériaux et isolations, meilleures performances thermiques, meilleure gestion des ressources et des déchets.
Surmonter le béton n’est rien de moins qu’un défi. Avec 15 milliards de mètres cubes déversés annuellement, c’est le matériau le plus utilisé au monde. La production de ciment, principal ingrédient du béton, génère à elle seule 7 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), soit trois fois plus que le transport aérien. Très énergivore, la fabrication du béton met également nos ressources en sable en péril et menacées de pénurie.
Il est urgent de trouver une alternative au béton. Depuis 2018, la jeune entreprise landaise,
Une agriculture en transition
Materrup y travaillait. Sur le même sujet : Portugal Bank répète ses prévisions de croissance de 6,3 % en 2022. Dans son usine pilote de Saint-Geours-de-Maremne, un ciment à base d’argile crue a été développé. Sans cuisson, il réduira l’empreinte carbone de la construction d’au moins 50 %.
En juin dernier, l’entreprise a franchi une étape décisive. Elle a reçu l’autorisation du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment pour commercialiser le ciment à base d’argile, qui peut représenter 80 % des usages du béton.
La validation qui permettra aux jeunes pousses de lancer l’industrialisation cette année annonce Julie Neuville, l’une des 4 fondatrices et responsable marketing et RSE.
« Notre ciment argileux est non seulement décarboné mais aussi hygrothermique et esthétique. Fabriqué à partir de produits locaux, il crée des emplois non transférables. Il apporte une valeur environnementale et sociale au territoire. »
L’argile est en effet une ressource abondante qui présente des couleurs différentes et distinctives selon les régions et la nature des couches de sol. Fini le béton gris et uniforme, une caractéristique qui ne manquera pas de plaire aux architectes.
Bien qu’approché par de grands groupes cimentiers et des géants de la construction, Materrup a opté pour le développement biologique et entend s’inscrire dans une démarche d’économie circulaire en utilisant uniquement de l’argile recyclée. Sélectionnée à l’appel à projet du Grand Paris, elle utilisera ses procédés pour utiliser les terres excavées du site ou encore utiliser les restes de son voisin, le tuilier Edilians avec qui elle a signé un partenariat l’an dernier.
Ayant conclu un accord de coproduction de béton bas carbone avec le groupe de construction basque Duhalde, c’est un acteur majeur de la construction immobilière, le groupe Demathieu Bard, qui a été le premier à choisir de s’approvisionner en ciment argileux local. avec la jeune Materrup landaise.
La technologie utilisée par Materrup est non seulement une avancée écologique pour les nouveaux matériaux de construction, mais aussi un procédé beaucoup plus économe en énergie, ce qui est particulièrement important aujourd’hui dans le contexte de la flambée des prix de l’énergie.
En tant que l’un des 75 lauréats sélectionnés par le Conseil européen de l’innovation de l’Union européenne, 2023 s’annonce sous les meilleurs auspices pour l’équipe de Materrup, qui prévoit de construire une dizaine d’usines au cours des cinq prochaines années.
Sous la menace du changement climatique, l’agriculture va aussi changer : avec les perturbations saisonnières, l’épuisement des sols, les rendements des cultures diminuent. Les consommateurs demandent aussi de plus en plus de pesticides bio. Et le prix des combustibles fossiles monte en flèche à cause du carburant et des engrais.
Le rapport du GIEC souligne l’urgence d’agir. Le secteur agricole français est responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre de notre pays, principalement liées à certains modes de culture, à la fertilisation azotée, aux déjections animales et autres résidus de culture, ainsi qu’à la consommation d’énergies fossiles et d’engrais dans l’agriculture. D’autre part, l’agriculture peut également être source de solutions de captage du carbone selon certaines pratiques agricoles ou techniques de gestion forestière.
Le mouvement français des technologies vertes investit principalement dans le secteur agricole. Une jeune entreprise girondine s’est spécialisée dans l’utilisation de l’urine humaine pour fabriquer de l’engrais organique.
Vers des modes de transports plus rationnels
Grâce à la technologie A voir aussi : Cryptomonnaie Tezos (XTZ) : forte croissance pour le prochain taureau ?.
Toopi Organics a plusieurs objectifs : prioriser ne plus gaspiller l’eau potable pour évacuer nos déchets. Pour déclencher cette dynamique, il faut lui trouver un usage. Son utilisation pour l’agriculture n’est pas nouvelle, mais considérer l’urine comme un milieu de culture idéal pour cultiver des micro-organismes qui vont améliorer la capacité des plantes à absorber les nutriments naturellement présents dans l’environnement est certainement une approche innovante.
Principalement parce que le coût du fumier est divisé par 10 à travers des produits similaires existants.
Le premier produit biostimulant ciblant l’apport de phosphore a obtenu en octobre dernier un avis favorable de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et une autorisation de mise sur le marché en France et dans cinq autres pays européens.
En 2021, nous avons visité l’usine pilote de Toopi Organics à Loupiac-de-la-Réole. Depuis, l’entreprise a ouvert une nouvelle usine et doublé sa surface de production qui peut atteindre 250 000 litres par an.
Valoriser l’urine permet non seulement d’économiser des millions de mètres cubes d’eau potable qui ne finiront jamais dans les stations d’épuration, mais réduit également le besoin d’engrais minéraux tels que le phosphore qui dépendent à 100% de l’eau.
« Grâce à notre premier produit, nous avons pu éviter au moins la moitié des importations et transports d’engrais phosphatés qui proviennent aujourd’hui majoritairement du Maroc », explique Michael Roes, fondateur de Toopi Organics.
« Ainsi, on passe d’une économie linéaire à une économie circulaire, locale, reproductible pour un produit plus écologique et beaucoup moins cher pour les agriculteurs », conclut-il.
Engrais, fongicides et pesticides viendront d’ici quelques années compléter la gamme de produits développés par la jeune entreprise qui compte se déployer en France et à l’international avec une vingtaine d’unités de production d’ici 5 ans. Le premier sera dévoilé en Belgique cette année alors qu’un autre partenariat est en cours avec le Bénin et le Kenya.
La transformation de déchets comme l’urine en matières premières valorisables a permis d’accélérer les bonnes pratiques avec l’installation de toilettes écologiques sans eau dans des lieux comme l’aire d’autoroute, le Futuroscope à Poitiers ou les écoles en Nouvelle-Aquitaine.