Face à des montres basiques sous RTOS ou des modèles très orientés sport, les montres sous Wear OS souffrent de nombreux soucis qui les rendent trop peu compétitives.
Cette rentrée 2022 est particulièrement marquée par le nombre impressionnant de montres connectées qui ont été lancées. Comme chaque année, on a le droit aux nouveautés passionnantes d’Apple – les Apple Watch Series 8, SE 2022 et Ultra – ainsi qu’à celles de Samsung – les Galaxy Watch 5 et Watch 5 Pro.
Mais en dehors de ces deux gros acteurs, leaders du secteur, il existe une multitude de montres connectées en tous genres. L’une des plus attendues n’est autre que la Pixel Watch, la première montre connectée de Google, dont la présentation détaillée est attendue le 6 octobre. Fitbit a également dévoilé récemment deux nouvelles montres connectées dédiées à la santé avec les Sense 2 et Versa 4. Et du côté d’Amazfit, l’IFA a été l’occasion de lever le voile sur trois montres : les GTR 4, GTS 4 et GTS 4 Mini.
Déjà, et c’est une bonne nouvelle pour vous, cela signifie que les mois à venir seront en proie à de nombreux tests de montres connectées. Mais surtout, alors que le marché n’a jamais été aussi diversifié et que Wear OS a enfin joué son rôle avec Wear OS 3, cette avalanche de nouveautés me fait me poser une question : et si on se fichait vraiment de Wear OS ?
Wear OS 3 peine à convaincre les constructeurs
Il faut dire que depuis l’annonce, au printemps 2021, de la fusion de Wear OS et Tizen et l’adoption de Wear OS par Samsung, peu de fabricants ont pris le pli et sont passés au système d’exploitation de Google. A voir aussi : Apple Watch : ces applis indispensables au quotidien. A l’exception du constructeur coréen, le seul fabricant qui annonce des montres Wear OS depuis un an et demi est MontBlanc avec un modèle hors de prix qui est proposé à plus de 1200 euros.
Derrière elle on ne retrouve que les partenaires traditionnels de Google – Fossil et Mobvoi – qui se sont contentés d’annoncer les mises à jour de certains anciens modèles vers Wear OS 3. Même Fitbit, désormais propriété de Google, a annoncé vouloir lancer une montre. Wear OS en 2022 traîne les pieds.
L’engouement autour de Wear OS n’est clairement pas là. Et pour le comprendre, un petit point s’impose sur les typologies de montres connectées.
Des montres sportives, basiques ou avec des applications tierces
Ces derniers mois, j’ai instinctivement commencé à analyser les montres connectées en trois catégories : les montres de sport, les montres de base et les montres connectées avec des applications tierces. Lire aussi : Confrancon. C’était le dernier cours de fitness de Jean-Bernard Bancale.
Dans la première catégorie, je place les modèles de Polar, Garmin, Coros, Suunto, voire Fitbit. Ce sont des montres souvent avec une interface basique, sans une base applicative importante et avec des écrans parfois de piètre qualité. Mais ils ont l’avantage d’offrir une autonomie de plus d’une semaine et, surtout, des données à la fois abondantes et précises sur vos entraînements sportifs.
Dans le second cas, je mets des modèles avec le système RTOS gratuit, c’est-à-dire des montres de Xiaomi, Amazfit, Zepp, Oppo ou OnePlus. Ces montres proposent généralement un socle applicatif inexistant – vous ne pouvez pas installer d’applications tierces – avec peu d’interaction avec les notifications, mais ont l’avantage d’intégrer des écrans Oled, une autonomie de plus d’une semaine et un design généralement assez soigné. C’est dans ce contexte que je range aussi les montres Huawei et Honor, même si la base applicative a tendance à s’étoffer.
Enfin, le dernier cas est celui d’Apple Watch et regardez sous Wear OS. Ce sont des montres connectées beaucoup plus avancées en termes de fonctionnalités. Ils proposent souvent des écrans OLED de bonne facture, suffisamment lumineux pour être utilisés en plein soleil. Leur système est plus évolué et surtout compatible avec un parc impressionnant d’applications tierces. Pour les faire fonctionner, ces montres embarquent généralement des processeurs puissants, comme les puces S6, S7 ou S8 d’Apple, les Snapdragon Wear 4100 ou W5 Gen 1 de Qualcomm ou encore les Exynos W920 de Samsung. Le souci avec ces montres est que, du fait de leur système ou de la puissance de leurs processeurs, l’autonomie est souvent difficile à suivre. Certaines montres exécutant Wear OS ou watchOS dépassent trois jours d’autonomie dans des conditions idéales.
Wear OS n’a pas la prestance des Apple Watch
Pourtant, Apple a su tirer son épingle du jeu en faisant de l’Apple Watch un accessoire quasi indispensable pour ses iPhones. A voir aussi : Apple Watch Series 7 : L’Apple Watch connectée profite d’une vente flash. A tel point que l’entreprise occupe depuis des années la première place du classement des montres connectées les plus vendues au monde.
Cela reste le cas de Wear OS. Si l’image de marque d’Apple parvient à pallier la faible autonomie de ses montres, ce n’est pas loin le cas du système d’exploitation de Google. La firme de Mountain View en est consciente et aime à répéter que l’autonomie est renforcée à chaque nouvelle mise à jour. Il en va de même pour Qualcomm avec ses processeurs alimentant les montres Wear OS. A chaque nouvelle puce, la promesse est la même : « Je vous jure, cette fois c’est la bonne, l’autonomie de la batterie est vraiment améliorée ». Sans vraiment convaincre.
Rendez-vous compte : on en vient même à saluer l’autonomie d’une montre Wear OS lorsqu’elle dépasse les deux jours d’autonomie, même si les montres équipées d’autres systèmes dépassent la semaine d’utilisation.
Pourtant, l’intérêt principal de Wear OS est simple : permettre l’installation d’applications en dehors de celles intégrées par le constructeur. La promesse est belle. Dans les premières années, on voyait de nombreuses applications compatibles avec ce qu’on appelait alors Android Wear : des applications pour l’orientation et pour le sport bien sûr, mais aussi pour regarder des vidéos, voire jouer à des jeux directement sur son poignet. Les développeurs se sont éclatés, les utilisateurs aussi.
Des applications rarement indispensables
Mais force est de constater que, huit ans après le lancement de Wear OS, les applications sont devenues très secondaires. Regarder une vidéo sur votre montre n’a aucun sens, tout comme jouer à un jeu sur un si petit écran. En effet, si on regarde la liste des applications les plus installées sur le Play Store, on retrouve des applications assez classiques : Spotify, iHeart, YouTube Music, Call App, Shazam, Messages, Google Wallet, Outlook ou encore Contact. Il s’agit souvent d’applications de contrôle musical, d’applications d’orientation ou d’applications sportives ou de santé.
Cependant, ces fonctionnalités sont souvent supportées nativement par de nombreuses montres connectées. RTOS, par exemple, vous permet de contrôler la musique que vous écoutez – quelle que soit l’application utilisée sur votre smartphone. La gestion des messages et des notifications est également prise en charge, bien qu’il ne soit pas toujours possible d’y répondre. Enfin, toutes les montres connectées proposent des applications de suivi des entraînements sportifs. Parfois même avec la possibilité de synchroniser des sessions avec des services tiers comme Strava ou Runkeeper directement depuis l’application compagnon de la montre.
Si l’on regarde les principaux usages des montres connectées par leurs utilisateurs, le constat est clair. Fin août j’ai posé une question simple sur Twitter : « quel est le principal besoin que vous avez de votre montre connectée ». J’ai ensuite proposé quatre réponses : les notifications, les applications tierces, le suivi de la santé ou des pas et le suivi de l’entraînement.
⌚️ Pour les porteurs de montres connectées j’ai une question.
Pour vous, quelle est l’utilisation principale que vous en tirez ? 🤔
– Geoffroy Husson (@Griffoooo) 29 août 2022
Les notifications et le suivi de santé arrivent en tête avec respectivement 45,2% et 34,2% des près de 600 votes. Après cela, 16,8% des répondants utilisent principalement leur montre pour le suivi de l’exercice. Enfin, loin derrière, les applications tierces ne sont le principal argument que pour 3,9% des utilisateurs.
Bien entendu, ce sondage Twitter ne prétend pas à l’exhaustivité. D’autant que, comme me l’ont dit certains utilisateurs, les applications tierces sont rarement le principal, mais peuvent être le deuxième critère. Mais, il renforce mon propos : ces applications sont utilisées avec parcimonie.
Une autonomie bien moindre chez Wear OS, mais une lueur d’espoir
Or, si un utilisateur achète une montre avant tout pour avoir des notifications au poignet, mesurer le nombre de pas ou suivre avec précision ses performances sportives, il n’a pas besoin d’une montre connectée – souvent des bracelets à moins de 100 euros proposent les mêmes fonctions – et encore moins regarder sous Wear OS. Si l’on ajoute que les montres équipées du système Google sont généralement plus chères que les modèles sous RTOS avec beaucoup moins d’autonomie, cela commence à faire beaucoup d’arguments contre l’écosystème Google.
Bien sûr, j’attends qu’on me prouve que j’ai tort. La Galaxy Watch 5 Pro est déjà un pas dans la bonne direction avec son autonomie de deux à trois jours. Mais on est encore loin des sept à quatorze jours d’autonomie indiqués par les montres RTOS ou Harmony OS malgré leur écran Oled tout aussi vibrant et lumineux. Peut-être que Qualcomm parviendra à nous surprendre avec sa nouvelle puce Snapdragon W5+ Gen 1. Mais là encore il faudra patienter pour découvrir le premier modèle qui en est équipé, la Mobvoi Ticwatch Pro 4, attendue d’ici la fin de l’année.
D’ici là, les arguments en faveur de Wear OS auront toujours du mal à convaincre face à ses lacunes. Les usages du système d’exploitation de Google, à savoir des centaines d’applications tierces, ont peu de poids face à une autonomie limitée et à des prix bien plus élevés que ceux de montres plus simples.
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