Les banques françaises ramassent les bonnes nouvelles… avant que les mauvaises nouvelles n’arrivent. Le secteur -qui a publié ses résultats du deuxième trimestre ces derniers jours (hors Banque Postale et Crédit Mutuel, qui publient des résultats semestriels et non trimestriels) cumule plus de 6 milliards d’euros de bénéfice net. L’occasion pour la plupart d’entre eux de constater que la suite de l’année sera certainement plus difficile.
« Ses résultats et ses bénéfices avant impôts ont dépassé les attentes de manière plus significative que ses pairs européens », a déclaré Jon Peace, directeur de la recherche bancaire européenne au Credit Suisse. BNP Paribas a même atteint son record trimestriel. Quel est le point commun entre les banques françaises ? Une large palette d’activités (et donc de revenus), où les opérations performantes l’emportent sur celles qui stagnent.
Un bond de 18 % pour Société Générale

Au cours du dernier trimestre, la banque d’investissement a dopé ses résultats au-delà des attentes des analystes. En cause, le climat d’inquiétude et donc de volatilité provoqué par la guerre en Ukraine, l’accélération de l’inflation, et le mouvement à la hausse des taux d’intérêt. Ces facteurs augmentent le besoin de protection et de réaffectation des actifs. En bout de chaîne, les banques en bénéficient, notamment par la vente de produits dérivés ou l’augmentation des activités de trading.
Une potion qui, chez BNP Paribas, a profité à la division CIB, déjà très puissante, et dont le résultat s’est envolé de 10,6% (et le bénéfice avant impôt de 5,3%). Toujours dans ces métiers, le moteur tourne particulièrement chez Société Générale avec une progression de 18% du chiffre d’affaires et de plus de 40% du résultat net part du groupe. A voir aussi : Banque en ligne : carte phosphorescente, carte en bois, carte en métal… Elles vont vous étonner !. « Les deux premiers trimestres ont été particulièrement favorables à notre mix d’activités », reconnaît Slawomir Krupa, directeur général adjoint de Société Générale en charge des activités grandes clientèles.
Moins attendu dans ce compartiment, Crédit Agricole SA (CASA) a vu que son pôle grande clientèle (qui comprend sa banque d’investissement) représentait 42% de son résultat trimestriel, contre 24% l’année précédente.
Revenus en hausse dans le « retail »

La banque de détail a également contribué à cette bonne humeur : de nombreux emprunteurs (ménages et entreprises) qui craignaient que le coût du crédit n’augmente au second semestre ont sollicité un prêt : d’où une augmentation significative des volumes de crédit. A voir aussi : Renvoyer une assiette avec un C majuscule.
Dans les 39 caisses régionales du Crédit Agricole, comme LCL (filiale de la banque verte), qui dominent le marché immobilier, les revenus ont augmenté de plus de 9 %. Le chiffre d’affaires de la distribution a également augmenté entre 8,5% et 11% chez Société Générale et BNP Paribas. La production a également augmenté à un rythme soutenu chez La Banque Postale, Crédit Mutuel Alliance Fédérale et BPCE.
En revanche, les incertitudes, notamment géopolitiques, ont fait reculer les marchés au cours des trois derniers mois, entraînant une moindre performance des métiers d’épargne et de gestion d’actifs. La mécanique est implacable : l’institution perçoit des revenus liés à la valeur des actifs qu’elle entretient ou gère.
Par conséquent, la baisse des prix entraîne automatiquement, toutes choses égales par ailleurs, une baisse des revenus. La guerre en Ukraine a également joué un rôle plus direct puisque la vente en urgence de sa filiale russe a coûté à la Société Générale plus de 3 milliards d’euros.
« On sent bien qu’on est dans un entre-deux »

Cependant, ce qui a préservé la performance des banques jusqu’à présent, c’est qu’un certain nombre de risques ne se sont pas encore concrétisés. Parmi lesquelles se détache une augmentation des faillites ou défauts bancaires : inquiétant, les banques se sont vu promettre une hausse du coût du risque depuis la crise sanitaire de 2020. Ceci pourrez vous intéresser : Qu’est-ce qu’un projet de loi de finances rectificative (PLFR) ?. De fait, le secteur a approuvé ces dernières semaines de nouvelles dispositions, plus préventives que curatives, mais les portefeuilles de crédits restent de bonne qualité à ce stade.
Un autre risque est que l’euphorie du marché hypothécaire pourrait s’essouffler au cours des prochains mois. « On a l’impression d’être quelque part au milieu », explique un cadre de banque. « Tout dépendra des anticipations des ménages sur l’évolution des taux et la situation économique », a expliqué Philippe Brassac, PDG de Crédit Agricole SA, lors de la présentation des résultats du groupe. La production « devrait baisser et cela se verra aux troisième et quatrième trimestres », anticipe déjà Frédéric Oudéa, le patron de la Société Générale.