Les entreprises sont confrontées à trois risques

Rédactrice passionnée depuis plus de de 15 ans. Sara vous trouve les dernières infos

Critères de base à considérer avant d’investir cette année : Tout change avec l’inflation et la hausse des taux d’intérêt.

Il y a quelques semaines, nous avons passé en revue les principaux changements macroéconomiques qui auront lieu cette année.

Puisqu’ils affectent la vie des citoyens, des contribuables et des actionnaires de la même manière, il convient de les garder à l’esprit lors de la prise de décisions d’investissement au cours des douze prochains mois.

Je vous propose aujourd’hui d’aller plus loin en considérant plus précisément les menaces qui pèseront sur les entreprises françaises en 2023. Les investisseurs français privilégient – ​​et c’est tout à fait naturel – les entreprises françaises lorsqu’il s’agit d’acheter des actions. Aussi, comprendre les risques qui pèsent sur les business models, c’est être capable de repérer les entreprises les plus susceptibles de surperformer la concurrence… et donc d’opter pour des investissements capables de surperformer leur secteur de référence, toutes choses égales par ailleurs.

Menace n°1 : être rentable ne suffit plus

Dans l’euphorie de la fin des années 2010, le monde de l’investissement bourdonnait de douce musique : la rentabilité des entreprises n’avait plus d’importance, et il fallait les valoriser en fonction du nombre d’utilisateurs et de la rapidité de prise de parts de marché. Voir l’article : La banque centrale du Nigeria s’inquiète de la valeur du naira.

C’est ainsi qu’on a vu, notamment dans le secteur des nouvelles technologies, des entreprises s’introduire publiquement en annonçant qu’elles n’envisagent pas de verser de dividendes. C’est un monde étrange où les investisseurs sourient et remettent leurs économies à des entrepreneurs qui leur disent clairement qu’ils ne seront jamais payés ! D’autres entreprises sont même allées jusqu’à montrer qu’elles n’avaient aucun projet de rentabilité, ce qui revient à admettre que l’argent des actionnaires sera gaspillé sans espoir de retour.

Pour les jeunes investisseurs enthousiastes, ce « nouveau monde » tournait en dérision les dinosaures de l’investissement axé sur la valeur. Pour les moins jeunes, le fait que le grand public double ces discours mêlés aux fondamentaux de l’économie rappelle tout simplement l’engouement des dot-com.

Puis vint le Covid, et avec lui le retour de ce principe de base : les entreprises incapables de rémunérer leurs actionnaires ne méritent pas leurs économies. C’est pourquoi les valeurs technologiques ont vu leur capitalisation fondre de 70% (Tesla), 87% (Zoom) ou encore 93% (Peloton)… et leur reprise n’est nullement garantie.

Mais cette purge, aussi douloureuse soit-elle pour les actionnaires, n’est que la concrétisation de la correction qui s’est étirée entre 2021 et 2022.

En 2023, nous entrons dans la deuxième phase.

La croissance des taux d’intérêt directeurs réduit la capacité d’emprunt de l’entreprise. Être rentable ne suffira plus, il faudra désormais être assez rentable. Un terme inconnu des jeunes analystes financiers et impossiblement absent du discours de nombreux entrepreneurs prend une nouvelle importance : le ratio de rendement du capital.

Derrière cette expression barbare se cache la capacité de l’entreprise à créer de la richesse avec l’argent dont elle a besoin pour fonctionner. Une petite et moyenne entreprise qui génère 50 000 € de résultat net avec 2 M€ de capital a un rendement de 2,5 %.

À Lire  Région Sud Investissement sort du capital d'inEvents, cédé à ...

Aussi, même si elle est financièrement rentable, elle ne pourra plus augmenter son activité cette année. A l’heure où les taux sans risque avoisinent les 3%, aucun investisseur n’a intérêt à prêter à une entreprise qui ne pourra payer qu’une commission moindre… et un entrepreneur n’a aucun intérêt à emprunter plus de 3% pour financer une machine de production dont l’utilisation n’est que de 2,5%.

Cette année, la prudence élémentaire de vérifier si l’entreprise est rentable ne suffira plus. Il faudra également une autre plongée dans les bilans pour quantifier avec précision son rendement – et s’assurer qu’il reste au-dessus du coût de l’argent. Dans les secteurs dont le fonctionnement dépend de l’accès au crédit, notamment immobilier, la survie est une question.

Voir l’article :
Washington accuse Blender.io d’être impliqué dans « le plus grand vol de crypto-monnaie…

Menace n°2 : des marges toujours plus serrées

La rentabilité des entreprises sur la période 2020-2022 risque d’être très différente de celle de l’exercice 2023. Voir l’article : Comment les banques françaises ont fait de l’Europe leur fief.

La hausse des prix des matières premières et de l’énergie a bouleversé la structure de coûts de l’entreprise. En ce début d’année, rassurez-vous, les négociations salariales seront rudes et les demandes d’augmentation seront colossales.

Les marchés ont déjà bien reconnu – et sanctionné – les entreprises aux marges les plus faibles et les plus sensibles à la hausse des coûts d’approvisionnement.

Cette année, les entreprises qui ont à peine réussi à rester rentables ces dernières années sont à éviter : le second tour d’inflation, qui touchera cette fois les salaires, pourrait les mettre dans le rouge.

L’histoire nous enseigne qu’investir en période d’inflation, c’est comme naviguer entre des icebergs au milieu de la nuit. Puisqu’aucune méthode n’est sûre à 100%, une stratégie prudente doit être employée pour augmenter vos chances de sortir indemne de la zone à risque.

Quand il s’agit de choisir des entreprises, évitez celles dont les marges se sont déjà rétrécies en 2021. Utilisez la période de résultats 2022 pour faire un tri impitoyable : les groupes précités qui feront état « dans le rouge » cette année prédiront certainement un retour à la normale en 2023 contre un sur fond de baisse de l’inflation. … mais ne vous y trompez pas : 0% d’inflation ne signifie pas que les coûts reviendront aux niveaux d’avant Covid, seulement qu’ils cesseront d’augmenter. De plus, il reste des augmentations de salaire à absorber sur l’exercice 2023.

Au Liban, un voleur de banque a été traité en héros
Lire aussi :
Il a été publié 08/12/2022 à 19h04, mis à jour hier à…

Menace n°3 : la rétention de talents

C’est un vrai tabou dans notre système égalitaire : augmenter le SMIC rend plus difficile la rétention des talents. Voir l’article : impôts. Remplacement de chaudière, aménagement de combles… Cinq réponses expertes à vos questions. Entre le 1er janvier 2022 et le 1er janvier 2023, les entreprises ont été sommées d’augmenter leur salaire minimum de 6,62 %.

À Lire  Immobilier : comment faire un bon investissement locatif ? | L'immobilier par SeLoger

Cependant, l’augmentation salariale observée est inférieure à ce chiffre. Celle-ci n’est que de 3,7 % en moyenne entre le troisième trimestre 2021 et le troisième trimestre 2022, selon les données de la Dares, qui a été reprise fin décembre par le ministère de l’Économie. La raison réside dans la grande disparité de l’évolution des revenus, dont les augmentations résultent principalement des bas salaires.

Les managers, par exemple, ont dû se contenter d’une augmentation moyenne de 2,8 %, soit moins de la moitié de l’augmentation du salaire de référence.

Par conséquent, les services RH des entreprises doivent faire face à une situation de plus en plus tendue.

Les ouvriers spécialisés et les techniciens qui étaient auparavant mieux payés que les opérateurs non qualifiés se sont retrouvés payés au niveau du SMIC par effondrement de la grille salariale. La perte de sens du travail dans ces lieux de travail, ressentie dans l’industrie depuis 20 ans, s’accélère à mesure que de plus en plus de salariés sont concernés.

Cette année, en raison d’une forte augmentation de la masse salariale aux bas salaires, même les entreprises qui disposaient de quelques marges de manœuvre financières devront se serrer la ceinture en matière d’augmentations de cadres. Cependant, dans le contexte tendu de l’industrie de pointe, les talents risquent de perdre patience. Après deux ans d’une politique salariale rigoureuse en raison de l’incertitude macroéconomique, les meilleurs profils n’apprécieront pas de voir leurs augmentations annuelles réduites au minimum.

Même certains emplois non qualifiés, paradoxalement, subiront le poids de la hausse du salaire minimum. Augmenter le salaire de base de 1 603 € brut par mois à 1 709 € brut par mois en un an ne rend pas les salariés plus productifs de 6,6 % en un instant. Les emplois dont la rentabilité mensuelle moyenne se situe entre ces deux chiffres, et qui avaient une justification économique en 2022, n’en ont plus en 2023. Si le nombre d’emplois devenus non rentables fait encore polémique à chaque hausse du salaire minimum, le phénomène ne doit pas être démenti.

Qu’il s’agisse d’emplois peu qualifiés ou au contraire de postes qui nécessitent des profils aux compétences rares, le recrutement et la fidélisation des talents seront un enjeu majeur pour les entreprises cette année. Regardez donc le chiffre d’affaires des années passées avant d’investir dans une entreprise : les entreprises dont les salariés étaient déjà enclins à partir en 2021 et 2022 auront le plus de mal à retenir leurs équipes en 2023.

Etienne Henri

Etienne Henri est diplômé en génie minier. Il a commencé sa carrière dans la recherche et le développement pour l’industrie pétrolière, puis l’électronique grand public. Aujourd’hui, en tant que chef d’entreprise dans le secteur des hautes technologies, il analyse de l’intérieur les opportunités d’investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

Ceci pourrez vous intéresser :
« Qui ne rêve pas d’investir dans l’immobilier ? Qu’il s’agisse de…