Avec 8 remontées mécaniques pour 1 000 habitants, la France est le pays européen qui compte le moins de remontées mécaniques contre 10 à 12 chez nos voisins allemands. Un chiffre qui motive la Fédération des Ascenseurs, composée à 95% de PME, à mettre à nouveau l’accent sur un certain nombre de sujets du quotidien en phase avec l’actualité, à commencer par la question de l’abordabilité du logement, un phénomène qui devient de plus en plus fréquent en raison du vieillissement de la population. Pour y répondre, il faudrait ajuster les normes de construction : « La réponse est forcément binaire : soit on peut s’adapter, soit on ne peut pas », estime Guillaume Fournier-Favre, président de la Fédération des ascenseurs. Sachant que les limites de la zone doivent également être prises en compte dans l’équilibre. Cet accompagnement des citoyens, qui se traduit en pratique par des problématiques de mobilité verticale, contribuera également à la valorisation des biens. Par ailleurs, interrogés sur les effets de la loi Elan sur leur métier et leur activité, les remontées mécaniques estiment néanmoins qu’il est encore trop tôt pour faire un bilan du texte.
Préserver les centres-villes et construire plus haut
« Notre objectif est de concilier volonté d’accessibilité et simplification de la construction », poursuit Guillaume Fournier-Favre. « Nous sommes dans un pays de propriétaires, et 87% des Français jugent l’ascenseur nécessaire avant le 4ème étage. » Selon les chiffres du secteur, la présence d’un ascenseur augmente la valeur d’une copropriété d’une dizaine d’appartements R+3 de 6% en moyenne, sachant qu’en 2014 les professionnels notaient des écarts de 15 à 20% sur les prix franciliens pour un appartement au 4ème étage avec ou sans ascenseur. Mais le principal problème serait le manque d’anticipation : « On est dans un achat forcé, dans l’urgence », souligne le délégué général de la Fédération des remontées mécaniques, Alain Meslier. Les investissements dans les ascenseurs ne sont généralement pas planifiés, mais improvisés, motivés par une situation qui a évolué plus ou moins rapidement. En général, on comptera entre 10 000 et 12 000 € pour un ascenseur dans une copropriété, et environ 20 000 € pour un équipement dans une maison individuelle.
Les professionnels souhaitent notamment que les constructeurs de maisons individuelles réservent 1 m² au premier étage de chaque logement pour installer un éventuel ascenseur. Selon Alain Meslier, les problèmes se cristallisent sur deux points : « L’équipement du bâtiment existant, et l’entretien en cœur de ville, par rapport aux maisons de retraite et EHPAD [Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, ndlr] situés sur le périphérie ». « La façon dont on construit la ville est bien sûr une question importante, mais le thème de l’urbanisation galopante revient sans cesse », précise Guillaume Fournier-Favre. A voir aussi : La piscine extérieure de Lectoure dans le Gers n’ouvrira pas cet été, une pétition recueille 3 000 signatures.. « Il faut construire beaucoup plus haut que ce qu’on fait aujourd’hui. La France est l’un des derniers pays où on a des problèmes de hauteurs très élevées. »
« Le parc a divisé par 3 sa consommation d’énergie en 20 ans »
Alors que l’immeuble du 20ème siècle était « jetable », l’immeuble du 21ème siècle démultiplie ses fonctions : avec le développement du télétravail et l’évolution des habitudes de consommation, les habitants y habitent, mais y travaillent aussi, ils s’y habituent. commandes… Les conséquences de ce développement ne sont pas seulement architecturales, mais aussi économiques et industrielles. La modernisation des équipements nécessite également des connaissances spécifiques. « Le parc a divisé sa consommation d’énergie par 3 en 20 ans », assure le président de l’association. Voir l’article : Démocratiser la cigarette électronique pour aider les fumeurs. « Aujourd’hui, un ascenseur modernisé consomme en moyenne environ 600 kWh par an. » Par ailleurs, dans le cadre du Grand Paris Express et à l’approche des Jeux Olympiques de 2024, les projets urbains intégrant les problématiques d’accessibilité se multiplient pour améliorer l’accès aux transports en commun en Ile-de-France. En fait, deux types d’habitat se distinguent : « D’un côté, on a l’habitat européen classique de faible hauteur, et de l’autre, l’habitat de très grande hauteur, qui présente des innovations révolutionnaires, comme on l’a vu avec le projet Jeddah Tower. en Arabie Saoudite ».
Par ailleurs, à l’ère des objets connectés, du BIM et autres applications smartphone, l’interactivité des ascenseurs évolue également. « Les possibilités d’innovation sont encore extrêmement nombreuses », confirme Guillaume Fournier-Favre, qu’il s’agisse de l’esthétique, du confort de voyage, de la consommation d’énergie ou du magnétisme. Des sujets qui sont au programme de la future réglementation environnementale 2020, et auxquels les constructeurs d’ascenseurs participent aux travaux avec l’essai E+C. La sécurité n’est pas non plus négligée, mais avec 100 millions de trajets en ascenseur chaque jour en France, l’ascenseur est « l’un des moyens de transport les plus sûrs au monde, tant pour les passagers que pour les techniciens ». A ce sujet, les professionnels du secteur soulignent que les principales causes d’accidents sont les collisions de portes et les trébuchements dus à l’écart entre plancher et plancher dans l’ascenseur.
Un marché hexagonal dominé par les opérations d’entretien-maintenance
Les perspectives, quant à elles, sont orientées vers les services de maintenance : « L’Europe est plus un marché de maintenance qu’un marché de construction, contrairement au marché asiatique », note le président de la fédération. « Et 70% de nos techniciens français sont spécialisés dans la maintenance. A voir aussi : Les écrans de téléphone sont interdits dans les rénovations : l’Etat annonce un assouplissement. » Ceci explique le taux de renouvellement extrêmement faible du stock (2%). Cependant, les élections municipales de 2020 posent un problème majeur aux exploitants d’ascenseurs : l’accessibilité de l’environnement urbain, pour laquelle le secteur souhaite mettre en place un outil de mesure à long terme. « Il faut penser l’accessibilité comme un parcours dans la ville », à l’heure où les normes de construction sont réévaluées et où les transports et les plateformes multimodales se déploient, dans un tissu urbain toujours plus large.