Né à la fin de la guerre en 1946, le concept de la maison préfabriquée « Phoenix » a permis à des milliers de foyers modestes d’accéder à la propriété à moindre coût. Un modèle qui a fait long feu et pourrait bientôt disparaître. Mardi 28 juin, le tribunal de commerce de Nanterre a en effet décidé de liquider quatorze des dix-sept sociétés du deuxième constructeur français de maisons individuelles. Et notamment les fameuses Maisons Phénix. Le groupe Geoxia, constructeur de maisons individuelles « Phoenix », avait été placé en redressement judiciaire le 24 mai 2022 après s’être retrouvé acculé par la crise liée au Covid, l’augmentation constante du coût des matières premières et la hausse du prix de l’énergie.
Dans les années 1950, la société Maisons Phénix est dirigée par son fondateur, le polytechnicien Roger Boutteville. C’est lui qui a eu l’idée, à une époque où l’on manquait de logements, de mettre sur le marché des pavillons préfabriqués industriellement et rapides à construire. Grâce à des structures métalliques et des panneaux de béton fabriqués en série dans son usine, le constructeur avait fait baisser les coûts de construction de son modèle standardisé et rendu accessible le rêve du petit pavillon. Un vrai succès.
Mais ce rêve s’est parfois transformé en cauchemar pour certains propriétaires. Ceci est montré dans la première archive présentée en haut de l’article. Car dans les années 1980, les malfaçons constatées dans certains lotissements commencent à être dénoncées par les associations de consommateurs. En mars 1981, le magazine d’information « C’est à vous » sonde quelques acquéreurs malchanceux. Le rapport pointe du doigt la publicité souvent mensongère faite autour de ces fameux lotissements livrés « clé en main à des prix très compétitifs ». Dans les brochures alléchantes, nous promettions la tranquillité, une bonne isolation thermique et phonique, des matériaux de qualité conformes aux lois et normes en vigueur pour les constructions individuelles. Mais derrière ces prix attractifs se cachaient une construction bas de gamme, bâclée, et donc, de « graves mésaventures ».
Du vent et de l’eau
Au bout de quelques mois, certains acquéreurs ont déchanté et se sont retrouvés dans des situations périlleuses, constatant de l’humidité, des fissures, une mauvaise isolation phonique ou des pannes de chauffage. Comme M. Roux, le très stoïque, propriétaire d’un pavillon Phénix à Pourrières, dans les Bouches-du-Rhône. Sur le même sujet : Les pires jeux de 2022. Des images du reportage montraient sa « belle maison » qui avait été « de travers », l’empêchant d’ouvrir ou de fermer ses portes et ses fenêtres ! Une maison ouverte aux quatre vents, en somme.
Dans un lotissement voisin, à Ventabien, le reportage relate les mésaventures rencontrées par une autre famille. Même déception. En raison d’une malfaçon, le propriétaire, lui aussi plutôt conciliant, avait vu sa cave inondée et de nombreuses « taches géométriques » apparaître sur ses plafonds par manque d’isolation. Malgré les circonstances, il a raconté avec un certain humour ses échanges avec le promoteur. Comme d’autres victimes, il n’aurait pas d’indemnisation mais devrait réparer lui-même les dégâts.
Des paysages défigurés
Les lotissements préfabriqués posaient d’autres problèmes esthétiques à découvrir dans la vidéo ci-dessous. En juillet 1980, la population de Saint-Etienne du massif du Pilat est au vent. L’ancienne municipalité avait autorisé le promoteur à construire plusieurs maisons à proximité des gorges de la Loire, défigurant le paysage et suscitant des polémiques locales. A voir aussi : 18. Brive Festival : « c’est probablement notre meilleure édition ». Une décision d’urbanisation qui avait placé les résidences sur un site, certes magnifique, mais sur de hauts plateaux exposés aux vents et bien souvent inaccessibles en hiver. Cependant, les habitants, en emménageant, ne semblaient pas conscients des complications à venir.
