Après l’incendie, l’appartement de Saïd Naït Ouaziz a été inondé. L’expert du propriétaire estime que l’espace est habitable. Bien qu’il nie cette version, lui et sa famille sont sans abri.
Publié le 18.01.2023. à 07h15, mis à jour le 17.01.2023. à 23:44
Les fenêtres peuvent être grandes ouvertes, mais l’odeur demeure. Un mélange de brûlé, d’humidité et de moisi.
L’appartement de Saïd Naït Ouaziz a été épargné par les flammes de l’incendie meurtrier du 22 boulevard Comte-de-Falicon, à Nice. Mais pas avec de l’eau d’incendie.
– Elle a descendu les escaliers en courant, s’est faufilée à travers le toit comme à travers un tamis – se souvient un locataire qui a découvert le véritable ennui dans son appartement.
C’était le 25 novembre. Une date qui marque le début de l’errance pour ce père de quatre enfants.
Déjà dans les premiers jours, un expert du bailleur, Côte d’Azur Habitat, a évalué verbalement que les lieux n’étaient pas immédiatement habitables.
Ensuite, l’assurance personnelle de la famille a payé le déménagement dans un hôtel. « Dans le contrat, on avait droit à 5 jours. Exceptionnellement, l’assurance a fait un geste commercial et prolongé la saison des vacances », se souvient Saïd Naït Ouaziz.
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90% d’humidité
Après la réalisation des travaux d’assainissement par la société Belfor, Côte d’Azur Habitat a réalisé une deuxième expertise. « C’était en décembre. A voir aussi : Talk Africa – Maisons éco-responsables : la voûte nubienne, une construction traditionnelle au Burkina Faso [4/4]. L’expert nous a dit que ce n’était pas la peine d’être avec lui. Une semaine plus tard, ils nous ont appelés pour nous dire que l’appartement était à nouveau prêt à emménager », raconte le locataire.
Un constat que ne partage pas un expert en assurance familiale ou un peintre venu en repérage. Le locataire rapporte ce qu’il dit avoir entendu lors de la visite professionnelle.
Le premier dirait qu’il faudra quatre à six mois pour que l’appartement se dessèche. Un autre, à l’aide d’une sonde, estimerait le taux d’humidité à près de 90 % par endroits.
Dans ces conditions, il serait impossible d’effectuer des travaux de rénovation.
« Il n’y aura pas de relogement »
« Avec ma femme et mes enfants, il faudrait vivre tout ce temps les fenêtres ouvertes, à l’air humide, avec un plafond écaillé et des champignons dans les meubles. A voir aussi : Construire une maison bas carbone : tout ce que vous devez savoir. Sans parler des fissures dans les murs par où ça fuit », celui qui se dit « abandonné » est horrifié.
Dans les premiers jours de l’année, alors que le déménagement à l’hôtel touchait à sa fin, la famille a tenté à plusieurs reprises de contacter Côte d’Azur Habitat. « J’ai même écrit au président et au premier adjoint, Anthony Borré, qui n’ont pas répondu », déplore le locataire.
Déçu, il poursuit l’histoire : « La secrétaire qui nous a répondu était catégorique. Si leur expert évalue que l’appartement est habitable, il n’y aura pas de déménagement. Si vous souhaitez déménager, vous devrez introduire une demande classique, qui prendra plusieurs jours. des mois », note-t-il dans un rire jaune.
Outre les dégâts matériels, la famille a également payé un lourd tribut psychologique. « Quand Côte d’Azur Habitat me dit qu’ils sont aussi des victimes, je m’étouffe. Ce ne sont pas eux qui ont aujourd’hui des enfants gravement blessés. Qui ne supportent plus de vivre ici parce qu’un homme a brûlé vif », s’emporte-t-il. de son père, désemparé.
Pour toutes ces raisons, Saïd Naït Ouaziz songe à se constituer partie civile. A cette époque, la famille est dispersée aux quatre coins de Nice, chez des proches. Et les enfants sont retournés à l’école. La situation est « insoutenable à long terme ».
Pour Côte d’Azur Habitat, les travaux peuvent commencer
Après l’incendie, le 2 décembre 2022, Christian Estrosi a pris une ordonnance interdisant l’accès à trois appartements, dont celui de Saïd Naït Ouaziz. Sur le même sujet : Construction durable : qu’est-ce que c’est ?. Après décontamination du logement, la précédente commande a été annulée le 9 décembre.
Pour Côte d’Azur Habitat, le moment est venu de « faire vite ce travail pour que cette famille puisse rentrer chez elle ». Le bailleur précise que cela « n’a pas pu se faire du fait du refus de M. Saïd Naït Ouaziz car il a demandé une nouvelle expertise par le biais de son assurance ».
La société Belfor, en charge des travaux de réhabilitation, est alors contactée par un expert en assurance familiale. Le bilan détermine un taux d’humidité d’environ 14% dans les chambres et le séjour et de 5% dans les autres pièces.
Côte d’Azur Habitat poursuit : « Au terme de cette nouvelle expertise, l’expert a accepté le devis présenté par la société Belfor. Cette dernière a donc contacté M. Saïd Naït Ouaziz pour fixer une date de début des travaux au 27 décembre 2022. . Cette date le monsieur a refusé, demandant que les travaux commencent le 5 janvier 2023. » Ce que le locataire dément formellement, assurant que Belfor ne l’a jamais informé.
Que dit la loi?
La loi sur la construction et l’habitation stipule que « lorsqu’un immeuble fait l’objet d’une interdiction temporaire d’habitation ou d’usage, ou lorsqu’il est temporairement impropre à l’habitation en raison de travaux prescrits, le propriétaire ou le gestionnaire est tenu de fournir aux locataires un logement décent répondant aux leurs besoins » (article L521-3-1).
Dans l’affaire Saïd Naït Ouazziz, l’ordonnance de levée d’interdiction d’accès à l’appartement a été rendue par le premier juge de Nice le 9 décembre 2022. Selon Côte d’Azur Habitat, les travaux prendraient moins d’une semaine. Une version que Saïd Naït Ouazziz conteste, faisant référence à son propre expert en assurance. Ce dernier a évoqué entre quatre et six mois nécessaires pour assécher l’appartement.