Les Sables-d’Olonne Vendée. L’incroyable histoire de l’hôtel Tertrais-Chailley

Written By Sara Rosso

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HERITAGE LES SABLES D’OLONNE – L’HISTOIRE INCROYABLE ET PASSIONNANTE DE LA VILLA TERTRAIS-CHAILLEY

Rapport préparé par Philippe Brossard-Lotz

Journaliste de sable

La Villa Tertrais-Chailley sur les quais des Boucaniers à La Chaume, qui jusqu’à cette année était connue pour être le site de la sous-préfecture – puisqu’elle a été déplacée à proximité de la gare, avenue du Gal de Gaulle – est donc définitivement la propriété de la Ville des Sables d’Olonne après avoir signé la finalisation de la transaction entre le département de la Vendée, dont il était propriétaire, et la ville des Sables d’Olonne.

Photo de couverture : Lithographie de la Villa Tertrais avec conserverie vers 1880 – Cette image montre des boîtes de sardines alors appelées « Mignonnes ».

(Coll. Historial de la Vendée – Photo de Serge Bauchet – © Conseil dép. de Vendée – CDMV)

En bas de page, 30 photos en diaporama

C’est un achat extraordinaire pour la ville des Sables d’Olonne, de par la valeur symbolique et patrimoniale de ce site, rare témoignage du Second Empire. Par cet achat, la Ville confirme sa volonté – et par l’achat – de faire de son mieux pour protéger son patrimoine architectural côtier. Et la récente modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU) en est une illustration.

L’ensemble du domaine comprend une villa dite « Villa Tertrais-Chailley » ou « Villa Chailley » de 401 m2 habitables (dont 6 chambres) entourée d’un parc arboré, ainsi qu’un immeuble de bureaux construit en 1980-81. surface utilisable de 879m2, plus une maison de 88m2 et un ensemble de bâtiments annexes de 248m2. Le tout sur 9635m2, dont un espace paysager d’environ 7000m2. Dans le parc se trouve une statue de sainte Anne, patronne des pêcheurs et des marins.

(Remarque : le terrain est cadastré Section BE n°409 de 9 635 m². Le site se caractérise par une topographie relativement prononcée. Le site était auparavant classé par le PLU en zone UBb – zone à vocation principale d’habitat qui peut également accueillir services et activités commerciales – déplacé du nouveau PLU vers la zone N.)

Les débuts de Laurent Tertrais

Laurent Tertrais est né le 27 février 1810 à Ingrandes-sur-Loire (Maine-et-Loire). Il meurt à Nantes le 7 juin 1876 à l’âge de 66 ans. Il était le quatrième enfant d’une lignée de 10 enfants (André 1805 ; François 1806 ; Caroline 1808 ; Laurent 1810-1876 ; Etienne Marie 1811-1871 ; Pierre Simon 1814-1823 ; Auguste 1816-1817 ; Joséphine 1818-1821 ; Honorée Françoise 1821-1821) 1897 ; Mariette 1822). Premier enfant né à Belligne à La Baudrerie, tous les autres dont Laurent à Ingrandes-sur-Loire.

Son père, chapelier, est né le 21 mars 1778 à Belligne, lieu dit La Baudrerie (Loire-Atlantique), et sa mère, Charlotte Françoise, née Laurent, est née en 1780.

Laurent sera d’abord chef. Puis, à 24 ans, en 1834 – avec M. Picard – il devient le créateur du « Grand-Restaurant Monnier » au 4 place Graslin (actuellement La Cigale). Ayant épousé la même année, le 29 avril 1834, à La Roche-sur-Yon, Ursule (Victoire) Ballereau, on peut imaginer qu’il fit cet achat grâce à sa belle famille ; le père de sa femme, Charles Ballereau, était menuisier à La Roche-sur-Yon.

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Il eut 5 enfants avec Ursula (née à La Roche-sur-Yon le 27 mars 1815, décédée à Vertou le 31 décembre 1871) :

– Caroline Marthe Ursule, née à Nantes le 28 janvier 1835 (elle épousera un – petit – cousin de Léon Jean Baptiste Ballereau, architecte, né le 12 mars 1823).

– Laurent Charles Eugène, né à Nantes le 1er janvier 1836, décédé le 28 octobre 1852 à l’âge de 16 ans.

– Victor André Nicolas, né à Nantes le 12 mars 1837, mort à Vertou le 18 mai 1914. Il succèdera à son père en étant restaurateur industriel et sera maire de Vertou de 1878 à 1881. Il épousa Claire Bancherel et eut fils Robert, né le 18 juillet 1892 à Vertou, décédé le 21 décembre 1965 à Paris.

– Léontine Clémence Adèle, née à Nantes le 30 juin 1843. Le 3 février 1864, elle épouse un cousin de Charles Abel Célestin de Hillerin.

– Laurent Charles Eugène, né à Vertou le 25 septembre 1855. Il sera marchand et représentant de commerce.

Aventure industrielle et conserveries dès 1853

Les statuts de l’entreprise mentionnent l’année de création comme 1853. Après avoir implanté une conserverie à Beautour (près de Vertou), Laurent Tertrais en crée deux autres en 1863, à Concarneau et La Chaume (Les Sables d’Olonne).

La conserverie de La Chaume – autorisée par arrêté préfectoral du 23 mars 1863 (AM_LS, cote F I 26) – est édifiée sur 3 hectares avec trois corps de bâtiments, allant jusqu’au quai sur un terrain ayant appartenu à Charles Augustin Rouille depuis 1830 (Parcela B 2019_B 2020). (MatricesCadastrales, folio 271, signature G IV 26).

Quelques années plus tard, elle fut construite par Laurent Tertrais afin d’y organiser ses vacances, la Villa La Chaume – une maison d’été – que les ouvriers de la conserverie appelaient alors « Le Château ».

L’ensemble – villa et conserverie – ne faisait donc qu’un, et bien plus tard la rue Albert 1er fut percée, qui séparait la propriété du terrain voisin.

Selon Louise Robin, historienne de l’art du littoral, il s’agirait de « la première villa en bord de mer de la station des Sables d’Olonne, précédant de quelques années les villas historiques de Remblai. »

Il semble qu’en 1875 l’entreprise de conserverie ait été scindée – soit en raison de désaccords, soit pour gagner en indépendance – entre trois actionnaires, Laurent Tertrais, son fils Victor et son gendre Charles de Hillerin, ce dernier devenant alors propriétaire d’un complexe d’usines et de villas à La Chaume.

Victor Tertrais, fils de Laurent, poursuit avec l’usine de Bel-Abord-sur-Sèvre (Nantes)

Parmi les 5 enfants de Laurent Tertrais, il y a trois garçons qui continueront probablement la production de canettes, dont l’un meurt jeune à 16 ans.

Victor a poursuivi l’entreprise de conserves de son père sous le nom de « Victor Tertrais – Tertrais & Fils Successeurs » (fabricant de conserves et de salaisons) – son père Laurent est resté actionnaire – tandis que l’autre fils, Laurent (fils), était négociant. Victor s’installe alors avec une usine à Bel-Abord et trois succursales : Croix-de-Vie-Saint-Gilles, Les Sables d’Olonne (La Chaume) et Concarneau. Elle approvisionne la France et exporte, notamment les ministères de la Marine et de la Guerre, et les boîtes de conserve sont très pratiques pour se nourrir à terre. Les aliments en conserve comprennent la viande, les légumes et les sardines. L’entreprise utilise son propre bateau à vapeur pour desservir les usines et transporter les marchandises vers les ports d’exportation, notamment Bordeaux.

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Victor Tertrais sera le maire de Vertou de 1878 à 1881.

Charles de Hillerin devient propriétaire de la manufacture et de la villa de Chaumois en 1875. Il devient le gendre de Laurent Tertrais en épousant Léontine Tertrais (née en 1843). Charles de Hillerin est né à La Roche-sur-Yon le 2 octobre 1840 et mort à Nantes le 29 avril 1929. Son père, Louis Abel de Hillerin, était chapelier. Sa mère est Marie Marthe Célestine Ballereau. Après la séparation des activités de Laurent Tertrais, Charles Hillerin crée la Compagnie Générale des Conserves Alimentaires et Salaisons (Société Publique par Actions au capital de 3 millions de francs) propriétaire de la conserverie La Chaume « Hillerin – Tertrais » dont dont il est le directeur général et qu’il dirige depuis Nantes. Il semble qu’il ait fondé cette entreprise en 1875, après avoir restitué l’usine et la villa à Chaumes. Les sardines qui y sont vendues sont appelées « sardines douces ». A côté de l’usine se trouve donc la Villa, que le Chaumois appelait alors « Le Château » et qui était alors destinée aux vacances d’été de sa famille et de ses enfants. Charles et Léontine ont 10 enfants ! : Charles 1865-1953 ; Henrik en 1867; Marie en 1868 ; Pierre en 1870; Amour en 1871; Lujza en 1873; Victoria en 1876; Abel en 1877; Albert en 1879; Jacques 1881. Ensuite nous vivions dans cette propriété selon les traditions aristocratiques ou bourgeoises, avec des bonnes et des domestiques qui s’occupaient des enfants et les accompagnaient pour se baigner dans la mer ou pour les repas et l’organisation de la propriété. Charles de Hillerin fera faillite, probablement dans les années 1883-84, moins de dix ans après la séparation des activités de Laurent Tertrais. On dit qu’il se serait exilé en Roumanie, mais à ce jour nous n’avons trouvé aucun document pour le confirmer. On sait qu’il mourut en 1929. La propriété fut rachetée en 1884 par le conserverier Benjamin Carraud – époux de Virginie Amieux (Conserverie Amieux de Nantes) – associé d’Alphonse Guérit (architecte). Par héritage, il devient la propriété de la veuve de Benjamin Carraud de 1903 à 1906, puis de 1906 à 1908 à leur fils Pierre Carraud, lorsque la maison est achetée par le député Joseph Chailley, mais sans l’espace destiné à l’usine.