Antoine Pelissolo est professeur de psychiatrie à l’Université Paris Est Créteil et chef du service de psychiatrie sectorielle au CHU Henri-Mondor. Auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation, spécialiste des troubles anxieux sévères.
Sommaire
Qu’est-ce qui caractérise les troubles anxieux ?
Tous les troubles anxieux partagent la peur et ses sous-produits sont l’anxiété et l’anxiété. C’est l’objet sur lequel se concentrent ces émotions de peur qui détermine à quelle catégorie de trouble anxieux nous avons affaire. A voir aussi : En Irak, un agriculteur kurde qui verdit les réseaux sociaux – Toute l’actualité de la Guadeloupe en ligne – FranceAntilles.fr. Il en existe trois types : les phobies, le trouble panique et le trouble anxieux généralisé.
Dans les phobies, les émotions de peur sont soit liées à des objets, soit à des situations. On distingue les phobies simples ou spécifiques dans lesquelles la peur est liée à un seul objet (par exemple un animal ou une situation particulière), des phobies plus complexes et invalidantes comme l’agoraphobie (peur des endroits dont il serait difficile de s’échapper). ou être sauvé) et les phobies sociales.
Le trouble panique provoque l’apparition d’attaques de panique. Si pour la première fois ces crises d’angoisse surviennent sans aucun déclencheur, elles deviennent en elles-mêmes la cause de l’anxiété. En d’autres termes, le trouble panique est la peur de la peur.
Enfin, l’anxiété généralisée renvoie à une peur plus générale de l’avenir, de tout ce qui peut arriver dans la vie : problèmes de santé, d’argent, d’accidents, etc. Ces peurs peuvent concerner soi-même ou les autres, la famille, les proches… Il s’agit de événements qui peuvent effectivement se produire dans la vie quotidienne. Cependant, les gens ne sont généralement plus capables de relativiser le risque ou la gravité.
Quels sont les symptômes des troubles anxieux ?
Les symptômes dépendent du type de trouble. Les phobies consistent à éviter des situations. A voir aussi : En Irak, l’agriculteur kurde qui verdit les réseaux sociaux. Elles sont liées à l’anxiété d’anticipation : peur d’affronter une situation perçue comme dangereuse et adopter des stratégies d’évitement.
Dans le trouble panique, les personnes ressentent tous les symptômes du stress au moment des crises d’angoisse, mais de manière extrêmement intense : accélération du rythme cardiaque, arrêt ou respiration rapide, déséquilibre, bouffées de chaleur… Le fait d’avoir tendance à s’inquiéter que l’apparition de ces symptômes les aggrave est ce cercle vicieux.
L’anxiété généralisée a les mêmes symptômes physiques que le trouble panique, mais moins « explosifs ». Les patients se détendent, mâchent, sont tout le temps tendus, trop vigilants. Ils ont du mal à se concentrer, éventuellement des douleurs, et surtout des difficultés à s’endormir du fait de la tension nerveuse : lors des consultations, souvent leur principal malaise est l’insomnie.
Ces troubles sont-ils fréquents ? Qui concernent-ils ?
On estime qu’environ 10 % de la population sera touchée par un trouble anxieux à un moment donné de sa vie. Cela peut prendre plusieurs mois ou plusieurs années. Ceci pourrez vous intéresser : Canicules : « il faut s’habituer à vivre avec », estime le ministre de la Santé François Braun. Les femmes sont environ deux fois plus touchées que les hommes. Les formes sévères, sources de handicap et nécessitant un traitement pharmacologique, touchent environ 15 à 20 % des patients.
La plupart des phobies apparaissent généralement tôt dans la vie, dans l’enfance ou l’adolescence. Les attaques de panique, qui peuvent se transformer en troubles paniques, apparaissent généralement dans la vingtaine ou la trentaine. Enfin, l’anxiété généralisée se développe généralement plus tard, vers l’âge de 30 voire 40 ans, chez des personnes qui avaient un tempérament plutôt nerveux mais qui s’en sont alors sorties.
Ces troubles sont si fréquents qu’ils peuvent toucher tous les profils de population, même si souvent les personnes qui en sont victimes font preuve d’un peu plus d’émotion et de sensibilité que les autres sans pour autant être anormales. Il peut y avoir des facteurs biologiques qui favorisent l’apparition d’un trouble ou d’un autre, mais nous ne les connaissons pas bien. Par exemple, aucun facteur génétique n’a pu être clairement mis en évidence.
Quelles conséquences les troubles anxieux ont-ils sur la santé et la vie des patients ?
Les conséquences varient selon le degré de déficience. Ils peuvent être importants même s’il n’y a pas de risque immédiat pour la santé. Les conséquences physiques sont en fait assez à long terme. Par exemple, dans le cas d’un trouble anxieux généralisé, les troubles du sommeil peuvent conduire à l’épuisement. La dépression est souvent associée à des troubles anxieux : elle touche une personne sur deux, soit plus que dans la population générale. L’usage de drogues ou d’anxiolytiques est également un problème.
De plus, le stress augmente le risque de maladies cardiovasculaires à long terme. En effet, même s’il ne suffit pas à lui seul à déclencher des crises cardiaques ou des troubles du rythme, il s’ajoute à d’autres facteurs de risque.
Enfin, le handicap social peut également être important. On sait notamment que les personnes souffrant de troubles anxieux sévères sont moins intégrées socialement. Ils ont moins de chances d’être en couple, des niveaux socio-économiques plus bas que les autres, etc. Selon une récente étude suédoise portant sur plus de 15 000 enfants, souffrir d’anxiété sociale réduit de 50 à 75 % les chances de réussite scolaire et supérieure.
Ce type de trouble est souvent vécu avec honte. Les gens n’en parlent pas, craignant de ne pas être compris. En effet, si on ne s’en soucie pas, la première tendance pourrait être de banaliser les choses, de penser qu’on connaît tous certaines peurs et qu’on les a surmontées, que ce n’est pas si grave. Ces réactions isolent davantage les patients.
Comment soigne-t-on les troubles anxieux ?
Nous essayons généralement d’intervenir le plus rapidement possible pour éviter que la maladie ne s’aggrave.
Cela implique l’utilisation de la soi-disant des mesures « comportementales » visant à éduquer les patients à éviter l’évitement, à ne pas modifier leur mode de vie par peur de certaines situations. Basées sur l’analyse de l’anxiété et des changements dans les réponses émotionnelles, les thérapies comportementales et cognitives sont efficaces pour traiter la plupart des troubles anxieux dans un laps de temps relativement court. Elle peut être associée à d’autres formes de thérapie ou de psychothérapie. Ces méthodes permettent d’obtenir des changements profonds et à long terme sans risque d’effets secondaires. Ils ne nécessitent qu’un petit investissement.
Un traitement médicamenteux peut être envisagé pour les patients atteints de formes sévères. Ce sont des traitements à long terme qui ne sont pas décidés par des symptômes temporaires. Ils sont à base d’antidépresseurs. Les anxiolytiques (Xanax, Temesta, Lexomil, etc.) sont déconseillés car s’ils procurent un soulagement immédiat, ils n’ont pas d’effets bénéfiques à long terme et peuvent entraîner une dépendance. Généralement, la prise en charge se fait en médecine urbaine. Il n’existe que peu de structures spécialisées dans notre pays. On peut le regretter car le contact avec des professionnels spécialisés peut être bénéfique pour les patients.
Les troubles anxieux sont fréquents, il est donc important de les diagnostiquer. Tout le monde a besoin de savoir qu’ils existent pour ne pas stigmatiser les personnes qui en ont, notamment sur le lieu de travail. Nous avons tout à gagner à aider ceux qui en souffrent. D’autant qu’il peut s’agir de simples aides, comme des incitations à débuter des soins esthétiques.
Passons à autre chose : Antoine Pelissolo (2017), « Vous êtes le meilleur psychiatre ! », Flamarion.