Du 18 octobre 2022 au 19 février 2023, le château de Versailles accueille une exposition consacrée à Louis XV, seul roi né et mort dans ce château. Louis XV, le Bien-Aimé, reportage donné lors du Te Deum en l’église Notre-Dame à l’occasion de sa guérison « miraculeuse » à Metz, a fait l’objet d’une superbe biographie de Jean-Christian Petitfils qu’on ne saurait vous conseiller de lire même si vous ne visitez pas cette exposition. Et pourtant, cela, en quelque sorte, rejette les désirs, le caractère, les passions, voire la politique du souverain.
A travers plus de 400 oeuvres, dont une grande partie provient de l’étranger, de collections privées et n’a jamais été présentée en France, apparaît un homme, non un souverain, qui a eu une action évidente dans le développement du style rococo, en quelque sorte la signature de son règne.
Cette exposition est divisée en trois parties également intéressantes. La première se réfère à l’homme, non au roi, mais à l’homme privé : son enfance, son éducation, sa suite, sa famille. Orphelin à l’âge de 2 ans, il devient roi de France à l’âge de 5 ans, ce qui doit avoir joué un grand rôle dans la mélancolie qui le caractérise.
Timide, comme le sera son petit-fils Louis XVI, s’il accepte tout le cérémonial de la cour, il se crée et se cache dans des « petits appartements » dans lesquels il s’entoure d’un cercle restreint de femmes et d’hommes en qui il a confiance et qui lui sont sincèrement fidèles. à lui. Homme pieux, qui a peur de la mort, moins fanatique que son prédécesseur, mais croyant sincère, son petit paradoxe est qu’il trompe allègrement sa femme, la mère sincèrement aimée de ses enfants (n’oublions pas qu’il ne veut pas de son plus de copines à marier, elles veulent être autour de lui) avec ses favorites, dont Madame de Pompadour qui aurait une réelle influence tant politique qu’artistique sur son amant royal. On peut admirer sa couronne, des camées, des objets de culte
La deuxième partie raconte les passions du roi. La plus célèbre, en dehors des belles femmes, est certainement la chasse, sorte de caractéristique des Bourbons en général, et des rois de France en particulier, dont certains, comme Philippe le Bel, ont payé de leur vie l’amour de cette passion.
De plus, alors qu’il partait à la chasse, il est blessé par Damien (dont nous sont présentés les sceaux de l’étui : la lettre, le chapelet, le gant de cuir, etc. qui lui appartenaient).
Mais moins connu est son appétit pour la botanique, les livres et les sciences en général. Son successeur à ce niveau était proche de son grand-père. Sous son règne, le Trianon est transformé en jardin botanique, alimenté en espèces végétales par les botanistes qui participent aux nombreuses expéditions navales qu’il finance. Il renoue avec la cartographie du pays et surtout s’entoure d’installations scientifiques à la pointe de la technologie de l’époque. Au centre se trouve certainement cette montre Passemant, dans un pur style rococo, qui, parmi ses nombreuses fonctions, donne la date jusqu’à 9999 ! Une pure merveille devant laquelle le visiteur peut passer des heures à essayer de découvrir chaque détail. Mais on est aussi fasciné par la fraîcheur de la gouache sur parchemin du Muséum National d’Histoire Naturelle, 9 tableaux des chasses du roi que l’on a l’habitude d’admirer au musée de Picardie à Amiens.
Dans cette section, la section traite du roi constructeur. Louis XIV et son premier architecte Ange-Jacques Gabriel et ses émules comme Ledoux, Blondel ou Louis ont marqué plus d’une ville. Comment ne pas penser à la façade de la cathédrale d’Auch, sur la place de la Bourse à Bordeaux, il est dommage qu’en son centre il n’y ait plus une statue équestre du roi, mais trois Grâces dans le pur style de Napoléon III), ou le centre-ville de Metz du palais de justice à la mairie, etc.
La troisième partie traite de l’art, de tous les arts : peinture, sculpture, joaillerie, mobilier fortement marqué par le triomphe de l’art rupestre symbolisé par des courbes, arabesques, spirales et autres coquilles avec une légère polychromie associée à la dorure. On peut admirer des porcelaines, des lustres, des girandoles, etc. Mais que dire du mobilier : la table à cylindre où travaillait Louis XV, la commode de sa chambre et une série de tableaux dont ceux représentant Madame Pompadour et Madame du Barry.
L’exposition s’achève sur une création d’exposition originale du collectif Lignereux : « Après nous le déluge » composée de 20 fontaines sculpturales en bronze doré, porcelaine et miroirs.
Plus de 400 pièces, je ne peux pas les énumérer, ni citer les noms de tous les artistes, de tous les artisans qui ont travaillé à leur création. L’inventaire ne dit rien, mais en revanche, la collection de ces meubles, graphismes, tableaux, médailles, argenterie, etc. crée un ensemble, cet ensemble qui caractérise pleinement cet homme, ce monarque qu’était Louis XV.
A l’occasion de cette exposition, les appartements de Madame du Barry ont été ouverts au public après une restauration soignée. De plus, il faut profiter de votre passage à Versailles pour les visiter (visite libre ou guidée selon les lieux) encore et encore tant elles recèlent de richesses.
Une exposition qui montre des aspects méconnus de la personnalité de ce roi, des aspects qui s’expriment à la perfection dans tous les arts.
Catalogue d’exposition : Passions du roi Louis XV 496 pages, 464 illustrations En art, éditions d’art. 49 €
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Pierre de Restigné
Pierre de Restigné est avocat et historien Sur le même sujet : Parthenay : La ville choisit une sculpture de verre pour l’église de l’ancien hôpital.