Prenez votre téléphone pour le voir. Il n’y a plus de rendez-vous disponibles pour la journée. Et c’est pareil pour les visites à domicile. Pour ceux qui ont la chance d’obtenir une consultation avec SOS Médecins à Quimper, c’est toujours le même scénario.
« On attends pas dix jours pour une otite »
« Pour avoir un rendez-vous avec mon médecin, je dois le faire une dizaine de jours avant », explique Véronique. « Et quand on a une otite, on n’attend pas dix jours, je peux vous le dire », plaisante-t-elle derrière son masque. Quelques places de plus, voilà Jacques. « J’ai essayé d’appeler mes médecins, mais leur messagerie vocale est pleine. Sur le même sujet : Quel anti-moustique choisir pour Bébé ?. ‘Appelez plus tard, appelez plus tard.’ Alors j’ai fini par appeler SOS Médecins ». Le retraité essaie de se déplacer dans ces cas-là, de ne réserver des visites à domicile qu’en cas d’urgence. « De toute façon, ils sont débordés de visites à SOS Médecins. »
La porte s’ouvre, c’est Margot. Elle tient son fils avec ses mains, un petit chou blond. Il a eu de la fièvre pendant plusieurs jours, mais il est impossible d’obtenir une consultation avec son médecin traitant. Elle s’est donc également tournée vers SOS Médecins. « J’arrive presque toujours à prendre rendez-vous dans la journée, mais il faut appeler tôt. »
Trente minutes pour remplir une plage de rendez-vous de quatre heures
Et même de plus en plus tôt, comme l’explique Hélène Marreau, présidente de SOS Médecins Quimper. Habituellement, le planning des consultations est complet pour la journée en début d’après-midi, vers 14h ou 15h. « Depuis plusieurs mois, il est environ 9 heures du matin. Lire aussi : Semaine de l’actualité sanitaire et sociale – édition 16/01/2023. On ne peut pas répondre à tout le monde », se plaint le médecin. Et il est impossible de savoir combien de patients sont laissés pour compte. Le secrétariat bloque automatiquement une fois les rendez-vous terminés.
Cependant, une dizaine de médecins suppléants viennent renforcer l’équipe des douze médecins historiques de la branche de Quimper. « Pendant les vacances, nous avons ajouté un troisième médecin en consultation le soir. » Tous les soirs, les patients qui n’ont pas pu obtenir de consultation dans la journée sont invités à réessayer à 19h. « En 20 minutes, c’était plein. Avec un médecin en plus, c’est trente minutes. Trente minutes pour remplir un créneau de rendez-vous de quatre heures… C’est inquiétant. »
Impossibilité de répondre à la demande ce qui crée parfois des tensions. « Parfois, il peut devenir agressif, mais je peux les comprendre. Les gens sont impuissants, ils n’ont pas de réponse. Vous voyez le regret des gens. » Hélène Marreau explique que malgré tout, une fois que les patients sont devant eux, ils comprennent la situation.
Un soutien sans ambiguïté à leurs collègues libéraux
« Même si nous ne restons pas en grève, nous soutenons la grève. » Hélène Marreau ne laisse aucune place au doute. Lire aussi : Progrès personnel : comment combattre l’anxiété sans médicaments. « On parle beaucoup de la revalorisation de l’acte à 50 euros, mais ce n’est qu’un détail parmi tout le malaise ressenti par la profession. » Pour le président de SOS Médecins Quimper, la grève intervient sur une pénurie déjà existante.
Un métier submergé par l’administration, qui n’attire plus. Les jeunes médecins sont rares. Des patients sans médecin, des médecins débordés par des délais rallongés. « Aujourd’hui un jeune médecin qui vit à Quimper, dans six mois, ne prend plus de nouveaux patients car il est plein. »
Revue de course, tout est bouché. « Un jour, on a reçu un appel de l’hôpital pour nous dire qu’il y avait 20 heures d’attente », raconte le médecin. « Je ne sais pas si nous allons pouvoir continuer à soigner les gens. » Et ça a déjà commencé. « Les gens abandonnent le traitement ». Chaque jour les parents amènent leur enfant malade « alors qu’eux-mêmes sont malades. Mais les places sont très chères donc ils arrêtent la consultation ». Le renoncement aux soins, faute de médecin, peut avoir des conséquences terribles. « On parle d’infections qui peuvent avoir des effets graves. Chaque année, la grippe tue. » Même les malades chroniques commencent à arrêter de consulter. « C’est très dérangeant. »
D’autant plus que le manque de médecins est aggravé par le manque de médicaments. « Il y a quinze jours, un soir, la pharmacie en activité nous a appelés pour nous dire qu’il n’y avait plus de médicaments ». Paracétamol, antibiotiques, cortisone… « les médicaments du quotidien », conclut Hélène Marreau.