Un ponton onirique avec la trentaine de participants de l’édition 2023 réunis autour de Diane Leyre, Miss 2022. Le 24 novembre, au Club Med La Caravelle.
© BENJAMIN DECOIN/SIPA
corviola corviola
12/02/2022 à 7h11, mis à jour le 12/12/2022 à 11h13
Nous avons suivi les trente prétendants jusqu’en Guadeloupe. Un essai final entre charme et stratégie.
C’est la queue, coiffée et maquillée, toute en pardessus et marinière, qui a fait une arrivée remarquée au comptoir d’Air Caraïbes. Pour le traditionnel voyage de préparation, les trente candidates à l’élection de Miss France 2023 avaient rendez-vous à l’aéroport de Paris-Orly le 21 novembre. Direction Guadalupe, pour une semaine de cours et de séances photo sous les palmiers.
L’ordre et les visages heureux sont de mise au petit matin, mais les sourires étaient plus tendus dans les coulisses. Trois jours plus tôt, au salon Ladurée des Champs-Élysées, un coup d’éclat avait marqué la conférence de presse annonçant l’élection à Châteauroux : les désaccords entre Sylvie Tellier, directrice de la société Miss France, sur un départ après dix et sept ans, et Alexia Laroche-Joubert, le nouveau PDG, a explosé devant des journalistes ébahis, des attachés de presse paniqués et des cookies dégoûtés. Les deux patrons ne sont pas d’accord avec l’évolution de la réglementation, mais c’est une formulation maladroite du producteur de « Fort Boyard » et « Koh-Lanta » concernant l’investissement de Sylvie Tellier qui a causé une perte de sang-froid à Miss France 2002 « Vous m’a fait chier », a-t-elle dit. « Excusez-moi, » tenta-t-il de joindre son remplaçant.
Sylvie Tellier savoure ce premier voyage en tant qu’invitée et non plus organisatrice
Que se passe-t-il après cette annonce Ceci pourrez vous intéresser : Rendez-vous du Carnet de Voyage : Tour du Monde des Dessins à Clermont-Ferrand.
A l’aéroport un week-end plus tard, les deux fortes têtes embarquèrent séparément et prirent place à deux places l’une de l’autre en première classe. Après huit heures de vol et des turbulences non-stop, la délégation a atterri à Pointe-à-Pitre sous une averse tropicale. Un départ résolument joyeux… Sur le podium, les talons enfoncés dans le tapis rouge détrempé, les candidats ont profité de l’accalmie pour danser joyeusement devant les musiciens, photographes et élus locaux venus les accueillir. Dans un coin, Sylvie Tellier et Alexia Laroche-Joubert ont posé bras dessus bras dessous avec Diane Leyre (Miss France 2022) et Cindy Fabre, la nouvelle directrice du concours. De quoi – presque – oublier la tempête.
Que se passe-t-il après cette annonce
Une fois les troupes installées au Club Med La Caravelle, le ton est plus détendu. « Si Sylvie [Tellier] a eu une réaction épidermique, estime Alexia Laroche-Joubert, c’est parce qu’elle s’est rendu compte que c’était la dernière et qu’au final tout se passe bien. Et je peux comprendre ça. Il y a un côté touchant, elle est faillible malgré cette volonté de contrôle. Pour la principale intervenante, la société Miss France est comme une famille comme une autre, où « parfois des clashs éclatent ».
Malgré cette étrangeté, Sylvie Tellier savoure ce premier voyage en invitée et non plus en organisatrice. Au lieu d’accompagner les candidats dans leurs activités – accrobranche, cuisine créole ou danse Gwoka -, elle reste au club, alternant séances de sport et sorties à la plage en visière et maillot de bain fluo. « Je fais attention à prendre du recul. Je ne fais pas partie du jury de présélection, je ne suis plus dans l’encadrement, mais j’ai dit aux filles que ma porte serait toujours ouverte si elles avaient besoin de conseils », explique-t-elle.
Que se passe-t-il après cette annonce
Que se passe-t-il après cette annonce
Rien de tel qu’une séance d’accrobranche pour apprendre à se lancer dans le vide. En Basse-Terre.
© LAURENT VU/SIPA
Ces dames, justement, à quoi ressemblent-elles ? Maintenant que Jean-Pierre Pernaut, un ami du comité, est parti, la présentation des candidats au JT de 13h de TF1 est désormais terminée. Les trente jeunes femmes n’ont pas non plus marché jusqu’à la conférence de presse comme d’habitude. Les visages se dévoilent enfin, parmi les touristes aux chemises hawaïennes éblouissantes. Drôle de scène au comptoir du self, à 20h, entre frites de patates douces et poulet sauce chien, quand Mme Franche-Comté se voit poser pour un selfie, assiette à la main… : « Le plus important, c’est l’authenticité « , ou « Ma préférée est Miss Guadalupe ».
Les candidates ont suivi un cours de stylisme avec Aurore Donguy
Nous formons une promotion soudée Sur le même sujet : Diane Leyre en forme après sa maladie : Miss France 2023 approche (et….
Il en va de même lorsqu’un groupe de dix candidats participe au cours de passerelle en plein air, près de la plage. Alors qu’Arnaud Sol Dourdin, maquilleur et spécialiste de la démarche, enseigne l’art de la « slice pose », les badauds défilent en tongs et maillots de bain, le téléphone pointe vers les charmantes apprenties. « Ce sont tous de bons élèves, aucune personnalité ne se dégage. Ils restent sur la touche… Tout peut basculer le soir de la prime », glisse celui qui suit les miss depuis douze ans. Un avis partagé par Diane Leyre, très investie dans son rôle de vieille petite sœur : « Certaines l’ont encore sous les pieds. C’est peut-être la bonne méthode. Pourquoi manquer de courant dès le départ ? Si tu vas trop vite, trop fort, en deux semaines, tu es K.-O. Être Miss France, c’est être constant. 🇧🇷
Moment de rafraîchissement dans les jardins du Club Med La Caravelle.
© LAURENT VU/SIPA
Les pieds dans le sable, donc avec modération, les filles apprennent aussi à manger une banane avec élégance – munies de couverts, dans une assiette – grâce à M. Bonnes manières, Jérémy Côme. « Cela reste une compétition, bien sûr. Pourtant, on ne le sent pas. On forme une promotion soudée », confie Miss Normandie, qui s’est pourtant fait remarquer, lors de la redoutable épreuve de culture générale, en terminant première, devant Miss Champagne-Ardenne et Miss Rhône-Alpes.
Nouveauté cette année, les candidats ont suivi un stage de stylisme avec Aurore Donguy. En analysant certains looks choisis pour l’occasion, pas forcément les plus flatteurs, la styliste prend soin de ne pas les froisser. « Nous sommes là pour conseiller et non pour juger. A retenir entre autres : le noir est interdit et le vert est évité à la télévision. Côté accessoires, les bijoux en argent se portent avec des couleurs froides et le doré avec des couleurs chaudes. alourdir la silhouette, et attention à celui qui laisserait apparaître le bout du soutien-gorge !
Excursion dans une plantation de canne à sucre.
© BENJAMIN DECOIN/SIPA
Moment fort de ce séjour : l’incontournable photo de la classe en maillot de bain, qui a lieu au coucher du soleil, sur une jetée. Une image d’homogénéité se dégage avec ces femmes aux corps athlétiques, crinière ondulée dans des bikinis identiques, souriant jusqu’aux premières molaires. Mais si l’on s’attarde sur des détails autres que les dents, on verra de nouveaux « accessoires » cette année : les tatouages. L’an dernier, Miss Languedoc et Miss Nord-Pas-de-Calais n’ont pu rivaliser avec leurs dessins à l’encre. La seconde s’est fait tatouer une fleur, qu’elle a elle-même dessinée, pour symboliser l’ovaire qui a dû être retiré à cause d’une tumeur détectée à 17 ans. Si elle est fière de ce tatouage qui lui rappelle la résilience, elle a hésité avant de se lancer dans la compétition, complexée par sa cicatrice sur son bas-ventre. « Je me suis demandé si j’assumerais cela. Mais c’est ma vie, mon histoire. Être en maillot de bain me permet aussi de l’accepter. »
Opération main verte, lors d’une visite dans une plantation de canne à sucre.
© LAURENT VU/SIPA