Le cœur d’un donneur Charentais
Le 21 décembre 1968, coup de théâtre : le cœur d’un Charentais trentenaire, M. Lire aussi : VIDÉO. Olivia, agoraphobie : « J’ai mis du temps à comprendre ». Bruneteau de Vergeroux, présenté…
Le cœur d’un donneur Charentais
Le 21 décembre 1968, coup de théâtre : le cœur d’un Charentais trentenaire, M. Bruneteau de Vergeroux, présente toute la compatibilité requise. Sur le même sujet : Coup de chaleur : Comment préparer son jardin avant l’arrivée des orages cette semaine ?. C’est un homme presque du même âge, à quelques mois près, et du même poids, tant ce détail a d’importance.
Si bien que, après accord des deux familles, la greffe cardiaque a été décidée par le professeur Francis Fontan et son équipe. vers 17 heures, ce même 21 décembre 1968, une ambulance escortée de quatre motards se précipite vers le corps du donneur.
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La fin et le début des tourments pour une épouse et une mère
Pendant des jours, la tension était devenue insupportable pour plusieurs personnes. D’abord pour la femme de Bernard Marion, Yvonne, une jeune femme pleine de courage et de dignité. Elle ne pense pas à elle mais à son mari et à ses deux enfants, Franck et Yoanne. Puis pour Madame Georgette Spitzer, la mère du patient. Lire aussi : Phobie de la dentisterie : quand l’hôpital Henri-Mondor de Créteil sourit aux patients apeurés. Quarante-huit ans, les nerfs solides certes, mais le cœur d’une mère pressée. Et puis aussi M. Marion, le père de Bernard et M. Spitzer, beau-père. Enfin deux vieillards, qui sautent à chaque sonnerie du téléphone, au 104 boulevard George V à Bordeaux : le grand-oncle et la grand-tante du jeune homme.
Deux ambiances contrastées
Contraste : d’un côté, cette calme efficacité, cette froide détermination qui doit régner dans le bloc opératoire baigné de lumière ; d’autre part, les mains fiévreuses, les yeux embués de ces deux femmes qui, submergées par l’émotion, l’espoir, la peur, leur impuissance, traversent l’enceinte de l’hôpital… Macadam mouillé, arbres dénudés, sent la pluie, tout est indifférent pour eux . Tout leur être est étendu au bloc opératoire, comme si cet engouement pouvait forcer le destin, aider les médecins, faire enfin survivre ce fils, ce mari…
Un enfant normal
Bernard est né le 27 février 1940 à Baccarat, en Meurthe-et-Moselle. C’était un enfant normal, sans problème de santé particulier. À l’âge de 18 ans, on lui diagnostique une insuffisance cardiaque lors d’une visite médicale : il a un cœur anormalement gros.
Il a été examiné à Bordeaux par le professeur Broustet, qui a déclaré à la mère du jeune patient : « Il est malade, mais il a juste besoin de se soigner et de ne pas exagérer. Dans dix ans, quand la chirurgie cardiaque sera plus avancée, il sera peut-être nécessaire d’envisager une intervention chirurgicale mineure… »
C’était en 1958. Bernard a dû changer de métier pour en choisir un moins physique. Il était boucher, il a fait des études complémentaires pour devenir chef d’entreprise. Il épousa une amie d’enfance qu’il avait connue à Mimizan dans les Landes, où Madame Spitzer avait vécu avec son fils.
Deux enfants viennent agrandir la maison. Tout était bien. Bernard se couchait tôt, ne buvait pas, ne fumait pas. Il se contentait d’un électrocardiogramme annuel.
Seulement quelques mois à vivre
Sa santé en souffre à l’automne 1968, au point qu’il doit être hospitalisé à Épinal. de 74 kilos son poids est tombé à 56 kilos. Il est alors décidé de le rapatrier à Bordeaux, car il y a suivi des cours de cardiologie. Il est hospitalisé le 26 novembre 1968 au Tondu. Là, le professeur Broustet a pris des photos de l’intérieur du cœur de Bernard par cathétérisme.
Le diagnostic tombe le 11 décembre, sans espoir : Bernard Marion n’a plus que quelques mois à vivre et seule une greffe du cœur peut le sauver. Dans les jours qui suivirent, Mme Spitzer et Marion se rendirent à l’hôpital de Broussais à Paris puis au sanctuaire de Lourdes pour prier. A l’annonce de ce diagnostic, Bernard demande à Marion que l’opération de la dernière chance ait lieu à Bordeaux, entre les mains de l’équipe médicale qui l’avait suivi jusqu’alors.